Secoué, le Progrès a perdu son premier match de la saison et sa place de leader. Mais le F91 non plus, n’était pas serein.
Entre les soucis défensifs du club niederkornois et les curieux errements du bloc dudelangeois, la reprise de pouvoir des hommes de Dino Toppmöller est presque anecdotique : ces deux équipes ont aussi, quand même, quelques lacunes.
On pourrait dire qu’ils en ressortent tous les deux grandis. Après tout, quand il s’est montré discipliné, le F91 a secoué le Progrès comme rarement cette saison, matches d’Europa League compris, prouvant ce dont beaucoup de gens se doutent déjà : il n’a pas encore d’équivalent au pays dès qu’il tourne à plein régime.
Et puis Niederkorn, lui, a assez ébranlé la défense dudelangeoise (collectivement ou individuellement) pour qu’on reparte du stade Jos-Nosbaum persuadé qu’il peut tenir le champion en titre sur la durée. D’autant qu’il l’a même fait trembler malgré son infériorité numérique en fin de match.
Paolo Amodio, d’ailleurs, s’est présenté assez satisfait en conférence de presse, argumentant sur une «bonne défaite» : «Je n’ai aucun doute sur le fait que nous allons rebondir. Il fallait que cette première défaite survienne un jour et je dois avouer que je préfère que cela arrive ici, chez le champion, que contre un plus petit club. Au moins, on y a cru jusqu’au bout et c’est le positif que je garde de cette rencontre, parce que se projeter vers l’avant en étant en infériorité numérique contre le F91, c’est dur.»
Il n’a pas tort, le technicien niederkornois, mais en étant plus pessimiste, il pourrait pourtant garder le négatif. D’ailleurs, il l’a localisé mais minimisé (c’est son droit après un début de saison aussi remarquable et après deux succès sur le Fola et Differdange) dans son analyse : «En deuxième mi-temps, on les a trop laissés jouer, on était loin des hommes et l’on prend des buts évitables.» Ce n’est rien de le dire. Metin Karayer s’en est d’ailleurs ému : «On est mal rentrés dans nos mi-temps.»
«Ça pourrait finir par coûter cher»
Pas que. Efficace à la création et jusqu’aux 20 mètres, ce leader qui ne l’est plus officiellement pour deux petits buts de goal-average, a manqué de précision dans la surface dudelangeoise. «Ça devait bien arriver à un moment, philosophe Karayer. On va préparer la suite et relever la tête.»
Dudelange, de son côté, ne fait pas un vainqueur beaucoup plus enviable que l’est le perdant. Son emprise sur certaines périodes du match, quand il l’avait décidé et qu’il y a mis les moyens, était assez nette pour qu’on y retrouve la patte d’un double champion en titre et favori n° 1 à sa propre succession. Cela n’enlèvera rien aux signaux les plus inquiétants qu’il a renvoyés dans ce choc et alors que se profilent encore deux rendez-vous majeurs d’ici à la fin d’année, contre le Fola et Differdange.
Déjà, il a vu resurgir ce manque gênant de réalisme devant le but, disparu sur les dernières sorties domestiques (7-0 contre Rodange et 0-4 à Rosport). Stolz a raté trois occasions, Turpel en a bazardé deux, Schnell (moins responsable que ses attaquants) se procurant trois grosses opportunités sur corner également. «C’est toujours la même chose avec nous et ça pourrait finir par nous coûter cher», grince Toppmöller, conscient toutefois que ses gars ont mérité de planter trois buts à la deuxième meilleure défense du championnat.
Il y a aussi cet inhabituel laxisme défensif avec deux énormes pertes de balle dans la moitié de terrain niederkornois et l’absence totale de reconversion défensive qui ont coûté un but et failli en occasionner un deuxième. Une fois, Prempeh s’est retrouvé dans la surface adverse (!).
L’autre fois, un coup franc a été vite joué (sans que cela s’impose) et perdu. Cela ne ressemblait pas au F91. Il pourra se consoler en se disant que seul le Progrès, jusqu’à présent, est parvenu à faire resortir le pire de lui-même. Et que cela ne l’a pas empêché de prendre la première place…
Julien Mollereau