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[BGL Ligue] F91 : et maintenant, on fait quoi ?


Le F91 de Stolz, Bernier et Lesquoy a vu sa marge de manœuvre encore réduite par rapport au titre. Elle est même quasi nulle dorénavant. (Photo : Luis Mangorrinha)

Le F91 a sans doute cette fois dit adieu pour de bon à son titre, dimanche, au RFCU. Et désormais, il a même le droit de s’en faire pour l’Europe. Mais vers quoi LE club du XXIe siècle se dirige-t-il ?

Il faut remonter à 22 ans, en mai 1998, pour trouver une trace de ce qui ressemble aujourd’hui à une hérésie monumentale : une équipe du F91 qui ne finit par sur le podium de la Division nationale. Ce serait donc un retour vers le passé de presque un quart de siècle qui saisirait le football luxembourgeois si d’aventure l’équipe de Bertrand Crasson n’achevait pas sa saison dans le top 3, c’est-à-dire avec l’assurance d’être au moins en Europa League.

C’est de moins en moins un fantasme et de plus en plus une éventualité tangible. Avant la réception de Hostert, dimanche, Dudelange se retrouve à sept points de la 4e place occupée par Pétange en n’étant même pas sûr qu’elle sera qualificative pour les joutes continentales en fin de saison. Et il a neuf unités à reprendre à Differdange, l’actuel troisième.
Sportivement, un été sans le F91 serait une gifle monumentale. Économiquement aussi. Car c’est un fait, le club se pose aujourd’hui quasiment à l’identique les questions qu’il se posait déjà au mois de mars l’année dernière, quand il était déjà avéré que Flavio Becca retirerait progressivement ses billes du projet pour aller les placer du côté de Hesperange. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Avec quels moyens surtout ?

Aujourd’hui, de source interne au club, le trésor de guerre issu de la dernière campagne d’Europa League ne constituerait pas un matelas suffisant pour permettre d’absorber un éventuel retrait définitif de son mécène. Il permet juste de finir cette saison tranquillement, mais guère plus. L’information est tout de même extrêmement troublante et pose la question : mais qui paye, concrètement, cet effectif pléthorique et ce staff si complet ? Visiblement, les centaines de milliers d’euros emmagasinés ont été réinjectés pour faire vivre ce groupe dont on peine à se demander comment il aurait été maintenu en l’état en cas de non-qualification pour la phase de groupes de la C3.

Mais passons. Financièrement, Romain Schumacher, amené à rester au club quoi qu’il arrive, avait déjà indiqué, en 2019, que «financièrement, il n’y aura pas d’acrobaties». Cela sous-entend-il un démantèlement durant l’été de ce groupe jeune mais talentueux, constitué de toutes pièces en quelques semaines, à marche forcée, lors du dernier marché estival ? Le président du club aurait reçu l’assurance que Flavio Becca ne quitterait pas définitivement le bateau mais aujourd’hui, ses membres du comité rament pour diversifier le pool de sponsors.

Les commerçants de la ville peinent à adhérer

Manou Goergen, chargé de les démarcher, se heurte souvent à cette réponse revancharde : «Ah vous avez besoin de nous maintenant que l' »autre » s’en va.» L’«autre» n’est pas encore parti. Mais l’hypothèse de voir le Swift enfin faire son retour en Division nationale créera, même pour Flavio Becca, une barrière éthique insurmontable. Sponsoriser deux clubs de l’élite ne serait compris par personne et lui-même n’en a pas forcément envie.

Alors pour séduire de nouveaux investisseurs, le F91 doit vite redéfinir une ligne sportive crédible, quitte à ce que son nouveau projet soit moins ambitieux. Et à bien suivre les discussions en interne, il le sera. Plus régional. Plus axé sur la formation. «Tout cela reste à clarifier», disait son président en tout début d’année. Aujourd’hui, la situation sportive semble devoir accélérer cette nécessité. Il va falloir trouver un concept et dire, à un moment, si le club de la quatrième ville du pays revoit pour de bon ses ambitions à la baisse. Cette saison 2019/2020 semble lui donner des indications…

Julien Mollereau