Après dix journées, le club ettelbruckois est celui qui a le moins été sanctionné du pays.
Les clichés en football, ça vaut ce que ça vaut, c’est-à-dire plus grand-chose. Etzella, seule équipe de l’élite dirigée par un Britannique, l’Anglais Neil Pattison, est aujourd’hui l’équipe la plus fair-play du championnat, à mille lieux des traditions de fighting-spirit bête et (parfois) méchant qu’on prête généralement encore aux clubs de l’île. «Non mais cela a beaucoup évolué hein, se marre le technicien ettelbruckois, visiblement étonné qu’on puisse associer ses origines à ce qu’on pourrait attendre de son équipe. On ne fait plus des tacles comme des idiots non plus !».
Attaquer le problème par la face la plus abrupte n’est qu’un moyen de corser le sujet puisqu’il est, aujourd’hui, question de gentillesse. Etzella, avec seulement seize cartons jaunes et un rouge pris en neuf journées, est le club le moins allumé par les arbitres de BGL Ligue avant d’affronter Hostert (l’une des autres équipes assez «cool» de l’élite) mercredi prochain, en match en retard de la 10e journée. Ce n’est pas forcément un titre de gloire puisque cela peut être autant le symptôme d’une organisation qui minimise les fautes qu’un manque de vice. Mais cela appelle à l’analyse puisque l’info a même réussi à surprendre Pattison, qui ne «savai(s) pas» que ses gars se faisaient aussi peu cartonner..
«En fait, estime-t-il, je crois surtout qu’au début, on a pris peu de cartons tout simplement parce qu’en début de saison, on était en retard pour rentrer dans les duels et donc pour commettre des fautes. On paraissait donc très très gentils, mais ce n’était pas une consigne».
Déjà «supercool» la saison passée
L’effet est pourtant là. À un tiers du championnat, certains clubs comptent carrément deux fois plus d’avertissement qu’Etzella. C’est le cas de Mondorf (lire plus bas) et Differdange, tandis que le Swift et Rodange n’en sont pas loin. On parle là de clubs qui, s’ils continuent à ce rythme, risquent d’approcher les cent avertissements sur la saison! Des bad boys quoi ! Mais à bien écouter Pattison, il ne serait pas fondamentalement opposé à ce que ses gars y aillent un peu plus franco… «À chaque fois qu’on joue le Fola, mon ami Pascal Welter me dit qu’il est content de nous affronter parce qu’on est un club correct, pas méchant. Moi ça me va, mais si c’est pour perdre 3-0, c’est un peu plus chiant ! (NDLR : le 15 août, Esch a gagné 2-0 au Galgenberg contre Ettelbruck avec… un jaune pour les Nordistes). Je préférerais qu’on reste comme ça, corrects, mais avec plus de duels. Corrects eux aussi. Pourtant, je ne pense pas qu’on puisse dire qu’on manque de vice».
Le fait est pourtant récurrent. La saison passée, Etzella avait fini son exercice 2020-2021 avec 49 jaunes et 4 expulsions. Dans les eaux profondes qu’il fréquentait en bas de tableau, certains étaient plus rugueux que lui pour espérer s’en sortir : Pétange a fini avec 64 jaunes et 3 rouges, Hamm avec 71 jaunes et 2 rouges, Rosport avec 63 jaunes. Mais même des équipes à la lutte pour l’Europe et le titre et qui, de facto, avaient aussi plus le ballon, se sont montrées plus agressives : le F91 avait pris 85 jaunes et 3 rouges, le Swift 77 jaunes et 2 rouges tandis que le champion, le Fola, avait totalisé 61 jaunes. Vraiment trop sympa, Etzella ?
Julien Mollereau
Le classement des équipes qui prennent le plus d’avertissements
1. Etzella 16*
2. Rosport 17
3. Hostert 18*
4. F91 19
5. Strassen et Jeunesse 20
7. Hamm, Wiltz et RFCU 23
10. Progrès 24
11. Fola 25
12. Pétange 26
13. Rodange et Swift 31
15. Differdange 32
16. Mondorf 34
*ces deux clubs ont un match de plus à jouer
Le classement des équipes qui se font le plus expulser
1. Jeunesse 4
2. RFCU, Mondorf, Fola, Rodange et Pétange 3
7. Differdange, Swift, Rosport, Hamm et Wiltz 2
12. Etzella, Hostert et Progrès 1
15. Strassen et F91 0
Mondorf, l’équipe la plus cartonnée du pays
Mondorf est pour l’heure l’équipe la plus cartonnée du pays. Et à en croire Julien Cétout, son défenseur central, c’est très gênant.
En préambule de la saison, Arno Bonvini avait dit qu’il voulait voir revenir la hargne, le fighting spirit qui s’était un peu perdu au stade John-Grün ces dernières années. Il a été entendu : avec 34 cartons jaunes et 3 expulsions en dix journées, son équipe caracole en tête des clubs les plus sanctionnés. L’un de ses principaux fournisseurs en avertissements, le défenseur Julien Cétout (six jaunes), nous a répondu, à moitié amusé et à moitié gêné par la statistique.
Mondorf plane haut au-dessus des équipes qui se font le plus allumer par les arbitres. Qu’en pensez-vous ?
Ça nous embête un petit peu, parce qu’on ne les prend pas pour les bonnes raisons.
Les bonnes raisons ?
Eh bien, s’il s’agissait de dix cartons par match pour des tacles ou des tampons, à la limite, je serais d’accord ! Mais en ce moment, le ratio, c’est plutôt deux cartons pour des tacles et huit pour contestation. Alors ça ne reflète pas totalement ce que le coach a voulu mettre en place.
Ça coûte cher, financièrement, en plus…
Ah oui, ça embête sûrement un petit peu le président. Je pense qu’il aurait été plus heureux s’il devait les payer à cause d’un engagement total de la part de ses joueurs, mais pour lui qui est soucieux d’établir une relation cordiale avec les arbitres, cela doit un peu le faire ch… qu’on ne joue pas le jeu en râlant tout le temps.
Mondorf peut y gagner une réputation qui va le desservir cette saison ?
Ah, mais on l’a déjà gagnée, cette réputation ! On le voit à certains cartons que l’on prend déjà. Contrairement à d’autres clubs, on n’a déjà plus le droit à la première faute. On s’est créé cette petite réputation tout seuls, en ne faisant pas ce qu’il fallait au niveau du comportement.
Vous avez déjà reçu six jaunes. Costinha, votre coéquipier du flanc gauche, en est à sept, record de la DN… Cela peut-il vite devenir dangereux ?
Il va falloir quand même faire attention, parce qu’il y a un moment, au-delà d’une quinzaine de jaunes, où la saison est purement et simplement finie et il ne faudrait pas qu’on se retrouve avec quelque chose à jouer, au printemps, avec le coach obligé de gérer une équipe en fonction des risques de suspension définitive. Mais on a une équipe de joueurs expérimentés. À nous de faire le nécessaire pour ne pas mettre le club dans l’embarras.
Recueilli par Julien Mollereau