Depuis l’entame de cette saison, Charles Morren impressionne dans le milieu de terrain d’un Dudelange qui n’a pas encore perdu des plumes en 2020/2021. Mais quel est son secret?
Et si le meilleur joueur depuis l’entame de cette saison en BGL Ligue était un petit (1,73 m) joueur belge de 28 ans qui évoluait encore au sixième échelon dans son pays voici six ans? La question peut se poser. La réponse, elle, est forcément moins évidente tant tout cela est d’une subjectivité folle.
Charles Morren est, en tout cas, l’un des joueurs les plus impressionnants, voire tout simplement le plus impressionnant, d’une équipe dudelangeoise qui a continué mercredi soir sa série de victoires consécutives. La portant à sept succès en autant de rencontres.
«On était forcément contents de ces trois points face à Etzella mais aussi et surtout de l’intensité qu’on a réussi à mettre dans cette rencontre. Ce qui n’est pas toujours simple quand vous êtes leaders, que vous devenez l’équipe à battre et que tous vos adversaires ont tendance à vous attendre. Surtout que j’ai trouvé Etzella bien en place mercredi…», glissait hier le milieu de terrain défensif belge.
Ses équipiers et lui sont restés parfaitement sereins lorsque, à 1-0, ils ont manqué «les occasions de tuer le match avant la mi-temps.» Cette formation dudelangeoise respire tellement la confiance en ce moment qu’il ne pouvait rien lui arriver. «C’est vrai que cette sérénité est une de nos forces. Mais on doit faire attention à ce que cela ne se transforme pas en faiblesse. Attention à ne pas se voir trop beau. À ne pas transformer cette confiance en arrogance.»
Intelligence, confiance et alimentation
Une réflexion pleine de bon sens qui, chez lui, ne sonne pas comme un discours de circonstances récité mécaniquement comme on peut l’entendre chez tant de footballeurs professionnels. «Il a une intelligence qui se voit sur et en dehors du terrain», disait à propos de ce diplômé en kiné Bertrand Crasson, qui le coachait au F91 la saison dernière. Avant de continuer : «Il apporte de l’équilibre à une équipe. Après, il doit encore progresser au niveau de sa personnalité sur la pelouse. C’est un gars éduqué, poli, intelligent donc, mais qui doit apprendre à être parfois plus méchant.»
Or c’est un domaine où il semble avoir progressé cette saison. «Moi, je n’ai pas l’impression d’avoir changé sur le plan personnel», le contredisait-il ennuyé. Avant de trouver sa propre explication : «Mais peut-être que, tout simplement, lorsqu’on est mieux physiquement et dans sa tête, on parvient à arriver une petite fraction de seconde plus vite sur le ballon et à mettre un peu plus d’impact… Après, j’en suis déjà à quatre cartons jaunes cette saison…» La suspension n’est donc pas très loin.
Mais arrêtons-nous plutôt sur un autre élément lâché par le n° 16 dudelangeois. Le fait qu’il se sent désormais mieux mentalement et physiquement. La question mentale tient forcément en partie des résultats, globalement bien meilleurs cette saison que l’an passé malgré l’épopée européenne. Mais aussi apparemment à la présence sur le banc de Carlos Fangueiro, son « côté humain» qui a permis une cohésion de groupe «qui n’a rien à voir avec la saison dernière» et la confiance qu’il insuffle à ses troupes. «Cela a déjà été dit, mais on possédait plus de talents individuels la saison dernière mais ici, l’esprit collectif fait la différence.»
Après, l’ancien joueur de Lessines-Ollignies et de l’Union Saint-Gilloise avoue avoir «changé son alimentation». Et il se sent «mieux dans sa tête et dans son corps.» «Je suis devenu flexitarien. Un flexitarien, c’est un végétarien qui se fait plaisir une fois de temps en temps avec de la viande. Moi, j’essaie de n’en manger qu’une fois tous les 15 jours. Ce n’est pas toujours simple, notamment quand on est invité chez des amis. C’est ma compagne qui m’a lancé là-dedans. Et cela me réussit.»
12 km parcourus en moyenne par match
Le milieu de terrain belge a l’air bien dans son assiette effectivement. Il n’a jamais autant couru, ce qui explique qu’on a l’impression par moments qu’il est partout dans le milieu de terrain à gratter des ballons. C’est bien simple, depuis l’entame du championnat, il en est à 12 kilomètres parcourus en moyenne, avec une pointe à 12,6 km. Ce qui en fait le marathonien du F91. Et si vous ne savez pas ce que représente ce chiffre, sachez juste que seuls huit joueurs ont franchi cette barre des 12 km lors de la première journée de la Ligue des champions cette semaine. Toutes équipes confondues.
S’il continue ainsi, Charles Morren pourrait attirer bien des regards. Alors qu’il sera en fin de contrat en juin prochain. «La question de mon avenir, je devrai me la poser bientôt. Mais pour l’heure, il est encore trop tôt. On verra comment se poursuit cette saison et ce que les dirigeants du F91 ont en tête. J’ai retrouvé beaucoup de plaisir ici. Et je me plais de plus en plus dans la région.» Tout en ayant toujours dans un coin de sa tête le rêve de goûter un jour à la D1 belge.
Julien Carette