Après avoir tous deux vu leur stade englouti par les eaux, Etzella et Rosport comptent sur leur duel dimanche pour faire oublier une préparation ultra-perturbée.
Les uns l’ont déserté pour cause de travaux, foulé deux petites semaines avant de le retrouver englouti par les eaux. Les autres n’y ont même pas encore mis les pieds, leurs entraînements se déroulant traditionnellement dans la commune allemande de Ralingen où leur synthétique a fini totalement inondé -et fichu- après les pluies diluviennes de mi-juillet. Comme leur terrain honneur, théâtre de leurs rencontres de championnat, d’ailleurs. Adversaires ce dimanche en ouverture du championnat, Etzella Ettelbruck et le Victoria Rosport, privés de leur stade, ont connu une préparation pour ainsi dire compliquée, faite d’exils dans les villages voisins, de séances ou d’amicaux sur des gazons synthétiques taille XXS ou d’un autre temps et, pour les premiers, d’une interruption pour cause d’infections au Covid-19 dans le vestiaire.
On connaissait les explications au sommet, les duels de mal classés ou les matches des extrêmes, voici donc venu le choc des sinistrés, dont Ettelbruckois et Rosportois seraient tout autant inspirés de sortir vainqueurs. Histoire d’enfin tourner la page d’un été particulièrement tortueux, et d’idéalement lancer une saison qui verra Etzella lutter pour son maintien, et le Victoria composer avec un effectif si restreint que la menace ne sera jamais loin. Les deux formations seront-elles au point, dès dimanche au Deich? Pas dit.
«Bien sûr, on est en retard»
«Bien sûr, on est en retard avec les absents avec tous les empêchements qu’on a eus, admet Neil Pattison, l’entraîneur d’Etzella, où deux joueurs (Schlesser est en quarantaine et Hemkemeier n’a pas encore eu le feu vert des médecins) subissent encore les conséquences du Covid. Mais le groupe va être prêt mentalement, on aura 16 joueurs sans aucun problème, la pelouse sera bonne et j’ai confiance dans le fait qu’on puisse faire un bon match. C’est important, surtout avec le Fola (NDLR : Etzella ira à Esch lors de la 2e journée) qui vient tout de suite après.»
Reste que dans ces conditions, préparer la réception de Rosport s’avère bien plus coton qu’anticiper le déplacement chez le champion, quand bien même Etzella et le Victoria se sont affrontés (à… Erpeldange) durant l’avant-saison et nourrissent des liens assez amicaux, en atteste le changement de camp cet été du gardien Tim Stemper (passé à Ettelbruck). «De ce que j’ai entendu de Marc (Thomé, l’entraîneur rosportois), il n’avait pas beaucoup de monde à l’entraînement, il avait des problèmes ici et là, rapporte Pattison. C’est difficile de dire comment ils vont commencer, avec quels joueurs.»
L’amical de juillet, dont son équipe «a tiré profit» malgré la défaite (3-1) et une surface de jeu délicate, a tout de même conforté l’entraîneur ettelbruckois dans certaines de ses certitudes : si Rosport «a changé de visage avec leur nouvelle approche pour recruter des joueurs belges, la mentalité n’a pas changé. C’est quand même une équipe qui a beaucoup d’ambition, travaille bien et se bat sur le terrain sur chaque ballon». Prévenus, ses hommes devront donc «avoir la capacité de s’adapter tactiquement pendant le match et jouer (leur) match, surtout. Si on se concentre sur notre jeu, ça devrait aller».
Le reste, comme ce maigre contingent de douze joueurs à l’entraînement la semaine dernière ou le mois de vacances pris par le jeune Ilhan Agovic (17 ans), sur qui Neil Pattison comptait et qui s’est mis tout seul hors-jeu, n’est qu’accessoire. «On n’a eu accès à notre terrain d’entraînement que 50% du temps au maximum, regrette le technicien d’origine anglaise, qui a mis hier deux défenseurs centraux à l’essai pour tenter de pallier le départ prématuré de Diogo Vila et la volte-face de Sanoussi Baldé. C’est un peu énervant, mais la seule chose qui nous intéresse, c’est de jouer. On se concentre sur ça.»
«Je n’avais jamais vu ça»
Le propos est sensiblement le même du côté du Victoria, dont les entraînements après le sinistre ont eu lieu tantôt à Berdorf/Consdorf, à 20 minutes de route de Rosport, tantôt sur le mini-terrain synthétique communal, davantage destiné aux enfants. Formé à Caen et Nice, Mathieu Leroux n’avait évidemment «jamais vu ça» mais comme tout le monde, le milieu passe outre. «Des trucs comme ça, je n’en avais jamais eu, reconnaît le Français. C’est embêtant, mais on s’adapte, c’est le football. Je suis au Luxembourg, je savais que ce ne serait pas pareil que dans les clubs où j’étais avant.»
Pour autant, le couteau suisse de l’entrejeu rosportois ne «pense pas que (son équipe) ait tant de retard que ça. On a dû délocaliser nos matches amicaux à domicile mais globalement, la prépa s’est bien passée, résume le Normand. On a battu Hostert et Etzella malgré beaucoup d’absents et de blessés. On avait un groupe restreint, on a fait jouer des jeunes pour dépanner mais on a récupéré à peu près tout le monde. Dans l’ensemble, c’est positif.»
«On a récupéré une colonne vertébrale qu’on n’avait plus du tout en fin de saison dernière, où il n’y avait plus d’enjeu et où des joueurs qui allaient partir ne jouaient plus trop à fond et où on avait beaucoup d’absents, poursuit Leroux. On n’avait pas de numéro 1 dans les buts, notre attaquant n’était pas là (Jordy Soladio) devant… Là, on a récupéré un Belge (Johann De Doncker) qui peut beaucoup nous apporter sur le côté, Daito (Terauchi) va pouvoir rejouer et on réussi à mettre en place une équipe type. Je pense qu’on a quelques certitudes.» Et elles ne seront pas de trop.
Simon Butel