«L’objectif, c’est de sauver le club», lance le nouveau technicien de Rodange, qui hérite de la lanterne rouge de DN de BGL Ligue, mais garde la certitude que c’est faisable, à condition que tout le monde soit impliqué.
Le Belge Éric Picart, nouveau coach du FC Rodange 91, a pris ses fonctions lundi. Précédé d’une réputation d’homme qui dit les choses clairement. Sa première interview au pays ne la dément pas.
La situation comptable de Rodange, désormais lanterne rouge, s’est encore tendue dimanche avec la défaite contre le Fola. Mais dans le jeu, cette équipe a renvoyé l’idée qu’elle pouvait aller mieux. Qu’avez-vous observé, vous, depuis les gradins ?
Éric Picart : Exactement ça. Un très très bon match durant lequel Rodange a quasiment fait jeu égal avec le Fola, mais avec une différence : la finition. Le Fola, c’est une occasion et demie, deux buts. Nous, on a été bien en place, on a proposé du jeu et cela fait trois matches que j’observe pour lesquels je peux dresser le même constat. Pour les joueurs, c’est sans doute frustrant mais pour le coach, c’est encourageant : il ne manque pas grand-chose. Oui, on est en mauvaise posture mais au niveau des points, on n’est pas non plus à 50 km ! On n’est qu’à une question d’organisation et de concentration de retrouver une place enviable.
Que faut-il mettre dans le discours et les séances pour améliorer l’ordinaire d’une équipe dans cette situation ?
J’ai travaillé pendant dix ans à Givry, un club qui n’avait pas les moyens financiers, au niveau national, d’aller chercher des vedettes. On s’en est sortis, toutes ces années l’enthousiasme et l’organisation sur le terrain. On doit apporter, par-dessus ça, du réalisme, un peu plus de « jugeotte« . L’adversaire, il suffit qu’il parte une fois au but pour qu’on perde un match, donc… Mais quand on se lance dans une mission sauvetage, un coach doit savoir s’il a des possibilités de renverser la situation et là, j’ai senti qu’elles sont là.
Pourquoi vous ? Parce que Givry n’avait pas de moyens et que Rodange… non plus ?
Givry est un club familial et j’ai la même impression avec Rodange : un club de valeurs. Je base beaucoup de choses là-dessus. Alors Rodange est un peu plus organisé et a un peu plus de moyens que là où j’ai déjà pu travailler. La mentalité aussi est un peu différente de ce que j’ai pu connaître, mais il y a des similitudes et je veux insuffler un vent de révolte.
Qu’allez-vous bosser, ces deux prochaines semaines ?
L’organisation et le mental. J’ai souvent eu l’impression que l’équipe était coupée en deux dans le repositionnement et le travail défensif. Mais aussi que quelques joueurs ne se sublimaient pas.
Je veux insuffler un vent de révolte
En Belgique, on dit de vous que vous êtes un homme rigoureux et qui dit ce qu’il pense ?
Moi, je suis dans l’humain et je dis les choses. J’aime la confrontation. Qu’un joueur soit fâché après moi, d’accord. mais qu’il soit capable d’argumenter. Je suis dur et direct, mais mes anciens joueurs me disent en général que je ne suis pas non plus une bête humaine, que j’aime les joueurs et que je les respecte. Je vais critiquer. Celui qui accepte avance, l’autre risque d’être mis de côté. Mon travail, à moi, c’est de leur faire convaincre que notre discours et ce qu’on met en place peut être bénéfique, même si j’ai conscience que le Luxembourg, ce n’est pas la Belgique et que je vais devoir le moduler.
On aura donc droit à un Rodange recentré sur l’essentiel ?
Sur un terrain, je déteste les fainéants. Je n’aime pas les vedettes non plus. Je mets l’équipe toujours au-dessus de tout. Dans un groupe sans star, on peut s’en sortir avec la motivation collective.
Et quand on découvre un championnat, comment fait-on pour être un coach immédiatement efficace ?
Oh j’en ai affronté beaucoup en amical des clubs luxembourgeois. Il faut s’adapter rapidement mais croyez-moi, les informations, je les aurai vite. On dit que le foot est physique chez vous, moi, contre le Fola, j’ai trouvé que ça ne l’était pas assez, pas du tout même. Il n’y avait pas de duels. En arrivant, j’ai demandé deux saisons pour faire les choses bien mais je ne suis pas dupe, je serai jugé sur la réalité. La DN, j’espérais y venir depuis quelques années. Là, enfin, j’y arrive. Je suis de la génération des Grandjean, Zanini, Carzaniga… Je les connais tous. Et comme eux, je vais enfin pouvoir me concentrer sur autre chose que l’extrasportif. Et nous, on va devoir être organisés ces prochaines semaines, pour ne pas laisser les autres nous faire du mal. Sinon, on restera dans notre spirale négative.
Entretien avec Julien Mollereau