(7e Journée) Le 15 sur 15 réussi par Dudelange n’est pas complètement une surprise au vu des entames de saison des équipes de son nouveau coach, Carlos Fangueiro.
Il faut remonter à la saison 2010/2011 pour trouver trace d’un Dudelange comptant le maximum de points après cinq journées de championnat. Cette saison-là, marchant véritablement sur la DN, les hommes du technicien belge Marc Grosjean avaient attendu leur… 12e match pour perdre leurs premiers points. Une défaite (1-0) survenue sur la pelouse de Pétange.
Pétange, c’est justement le dernier club où officiait Carlos Fangueiro (43 ans) avant de débarquer cet été sur le banc du stade Jos-Nosbaum. Une équipe pétangeoise avec laquelle il avait déjà réussi le même genre de départ canon que cette saison au F91. À deux reprises même.
Meneur d’hommes et tactique idoine
Tout d’abord lors de la campagne 2018/2019 où, après avoir repris le groupe du Brésilien Baltemar Brito durant la trêve hivernale, il avait signé un 12 sur 12 pour commencer l’année 2019. C’était quelques mois avant l’incroyable premier tour de la saison dernière du même Titus Pétange (32 points glanés sur 39 mis en jeu, une seule défaite au passage).
Bref, il sait y faire, l’entraîneur portugais, quand il s’agit de débuter avec un cadre. Ses qualités de meneur d’hommes semblent faire merveille lorsqu’il faut poser les fondations d’un groupe. Avec son discours «guerrier» (il a tendance à comparer le championnat à une guerre, chaque match à une bataille), prônant le collectif au-dessus de l’individu. C’est ainsi que lorsqu’il a débarqué en terre dudelangeoise voici quelques semaines, il a lancé à ses joueurs qu’avec lui le passé ne comptait pas et qu’il avait besoin qu’ils forment une famille pour pouvoir avancer. «Je suis exigeant, mais je suis aussi là pour comprendre vos problèmes», leur a-t-il dit en substance, mettant en avant davantage l’amitié qu’un lien hiérarchique entre eux et lui.
Que ce soit à Pétange ou à Dudelange, l’ancien joueur pro lusitanien est à chaque fois également parvenu à trouver la tactique idoine. Celle qui permet à ses hommes de briller sur les pelouses de DN. Un 4-2-3-1 à Pétange avec un duo Kakoko-Kaboré en guise (d’énorme) moteur et des ailiers qui faisaient mal à tout le monde avec Abreu et Teixeira. Et puis ce 3-5-2 cette saison au F91 avec deux mobylettes comme Kirch et Van Den Kerkhof sur les flancs, capables d’arpenter ceux-là dans les deux sens à grande vitesse.
«Quand on a débarqué avec mon staff, on a analysé les forces et faiblesses du groupe. On a essayé le 4-2-3-1 et ça a fonctionné sur certains matches. Je suis sûr qu’on peut d’ailleurs aussi réussir en jouant ainsi cette saison. Mais on en est arrivé à la conclusion que le 3-5-2 était la meilleure solution à l’heure actuelle. Je voulais de la solidité défensive, davantage de couverture et des transitions rapides», lance un Fangueiro qui tient aussi à mettre en avant la «qualité, l’intelligence et surtout l’exigence de ses joueurs» dans les facteurs expliquant la réussite actuelle du F91. «Je suis un perfectionniste. Que mes joueurs aient de l’exigence est donc important. Je n’aime pas quitter le terrain tant que je ne suis pas arrivé à ce que j’avais dans la tête», glisse-t-il encore.
Mais quand ça coince, ça coince bien…
Mais toutes ses compétences ne l’ont pas empêché de prendre à chaque fois un bon retour de bâton lors des deux précédentes campagnes. Toute équipe connaît toujours un (ou des) creux sur une saison. Et là où les grands clubs font toujours la différence, c’est en parvenant à les réduire au minimum syndical. Ceux que le Titus a vécus, au contraire, ont, eux, à chaque fois été conséquents. Lors de la saison 2018/2019, un 1 sur 18 avait ainsi succédé au magnifique 12 sur 12. Et l’an passé, le 2 sur 15 encaissé à cheval sur 2019 et 2020 avait été fatal à un Carlos Fangueiro démis de ses fonctions quelques jours avant le début du confinement.
Un (double) constat chiffré qui tendrait à faire penser que le discours «en mode guerrier» a du mal à porter ses fruits sur la longueur, l’usure faisant inexorablement son effet. Et qu’un tel management épuise aussi beaucoup mentalement les troupes.
«Tu peux dire ce que tu veux à tes joueurs, mais si…»
Le principal intéressé, lui, n’y croit pas. Il a eu le temps d’analyser les choses et, pour lui, le souci venait d’ailleurs. «Tu peux dire ce que tu veux à tes joueurs, essayer de trouver toutes les solutions possibles, mais si tes meilleurs éléments sont à l’infirmerie ou « partis », cela devient compliqué. C’est pareil pour tout le monde», expose Fangueiro, avant d’aller plus dans le détail. «Lors de la première saison, beaucoup de joueurs étaient insatisfaits du club et avaient déjà signé ailleurs. Je pense là à Filip Bojic, Christian Silaj ou Andrea Amodio, pour ne citer que ceux dont on était sûr qu’ils s’étaient déjà engagés dans un autre club. Du coup, on a beaucoup perdu en termes d’exigence. Et si vous vous souvenez bien, on avait même fini ce championnat-là avec quatre ou cinq juniors dans la peau de titulaires…»
Quant à la saison dernière… «Il faut se souvenir des conditions de travail qu’on a connues en hiver. Nos trois terrains étaient pourris, même le principal. Et avec les dégâts causés par la tempête qui avait touché la région, on a dû s’entraîner plusieurs semaines à Lamadelaine sur un demi-terrain. Comment voulez-vous pratiquer un jeu de possession dans ces conditions-là? C’est impossible. On a donc été obligé de se tourner vers un jeu plus direct, même si ce n’était pas mon souhait. Et je ne parle même pas des blessés sur cette deuxième partie de saison : Diouf, Teixeira, Kettenmeyer, voire Abreu. Que des éléments importants. Mais malgré tout ça, je reste convaincu que si j’avais encore eu une ou deux semaines, on pouvait redresser la barre…» On ne le saura donc jamais.
Par contre, on suivra forcément avec attention la suite du parcours de ce F91 dans cette saison. Un F91 que Carlos Fangueiro juge supérieur à ce qu’il a connu précédemment. «Sur le plan individuel, cela me paraît encore plus fort. Et au niveau du collectif aussi. Alors que le groupe que j’avais au Titus Pétange l’an passé était déjà phénoménal. Et tout ça avec un cadre plus fourni encore. Et des conditions d’entraînement qui ne devraient pas poser problème dans quelques mois…»
Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
De là à égaler les 11 victoires de rang de 2010/2011 ?
Julien Carette