Dudelange a plié le championnat dimanche soir, avec une démonstration renvoyant toute la DN à sa médiocrité. Lui au-dessus, les autres très loin. À commencer par Differdange, la victime du bourreau de la soirée (défaite 6-0).
Trente minutes avant le coup d’envoi, Romain Schumacher est nerveux. Ou tente en tout cas de l’être, consultant compulsivement son téléphone pour vérifier l’évolution du score du Progrès à Hostert. Il fait grise mine, comme si cela avait encore une importance.
Cela n’en aura bientôt plus. Et le match livré par ses joueurs contre ce qui fut autrefois (il y a un an seulement, en fait), un adversaire tout à fait crédible va renvoyer toutes les petites angoisses d’un président qui devrait pourtant avoir l’habitude, au rayon des anecdotes dont on rira dans quelques décennies. Le F91 n’a pas conquis son quatorzième titre de champion, hier. Non, il l’a dévoré.
Cinq buts en sept tirs
Passer cinq buts en une mi-temps au FCD03, comment peut-on appeler ça autrement? Tout fut beau, tout fut à la hauteur de cet évènement que personne n’appréciera aujourd’hui à sa juste valeur parce que le F91 est redevenu supérieur à toute la DN comme il ne l’avait plus été depuis cinq ans.
Il y a eu d’abord ce jeu en triangle que Stolz sanctionne d’un beau coup de reins devant Weber (0-1, 12e). Puis ce ballon chipé par Sinani à Rodrigues, suivi d’un raid du surpuissant Turpel qui envoie même Siebenaler sur les fesses, avant qu’Ibrahimovic ne conclue malgré le retour de Franzoni sur sa ligne (0-2, 19e). Ensuite ce changement d’aile précis de Jordanov prolongé par une tête vers l’arrière de Sinani au-dessus de Fleurival, dans la course de Stolz (0-3, 22e). Et une fois réduits à dix, les Dudelangeois trouvent encore le talent suffisant pour accélérer quand ils le veulent. Stolz trouve Turpel qui jaillit et reprend dans le dos de la défense (0-4, 39e). Ce dernier, qui est plus que jamais en course pour dépasser les 30 buts de Pierre Piskor en 2009, va, lui, trouver le moyen de ringardiser même ses exceptionnels coéquipiers en se lançant dans un solo sur 40 m avec Vandenbroeck et Siebenaler aux basques (0-5, 44e).
Dave Turpel y va tout droit
Devant plus d’un millier de spectateurs enthousiastes l’espace d’une quarantaine de minutes puis anesthésié en seconde période, pour 45 minutes qui ne sont qu’une gestion extatique d’un titre évident, le F91 va créer encore plus de danger que le FCD03… en marchant.
Sans Tom Schnell expulsé pour avoir tendu la jambe après une erreur de relance de son compère Jerry Prempeh (joli cadeau pour sa 300e en DN), mais avec un Turpel qui, à l’heure actuelle, pourrait ouvrir sa propre église s’il en avait l’envie : il trouverait sûrement des fidèles, voire des adorateurs! Acharné, insatisfait, convaincu qu’il peut dépasser Piskor (et même qu’il le doit), lui poursuit sa quête quasiment seul. Il trouve d’abord le poteau après avoir devancé une sortie de Weber (75e) puis profite d’un centre de Stolz relâché par le portier differdangeois pour inscrire le but de loin le plus facile de sa saison (0-6, 80e).
C’est tellement costaud qu’à la fin du match, personne ne fera vraiment la fête. Toppmöller et ses joueurs, sans euphorie, se sont réunis au centre du terrain pour quelques accolades et tapes dans les mains. Ce titre, vu que c’était une évidence…
Julien Mollereau.