Accueil | Sport national | [BGL Ligue] Deville s’éclate dans les champs

[BGL Ligue] Deville s’éclate dans les champs


Maurice Deville s’est fait de nouveaux copains (surtout Desevic, à droite).

Maurice Deville a abattu le RFCU, la semaine passée. Enfin une immense saison chez le petit Canach pour un international qui avait raté ses débuts luxembourgeois, chez le grand Swift ?

Dominik Stolz était bien énervé, dimanche dernier, en sortant du stade. L’attaquant du RFCU a quand même invité son copain Maurice Deville à venir manger à la maison, en lui glissant qu’il était «content pour lui», qu’il semble pouvoir, enfin, «récolter les fruits de (s)on travail». Deville, qui venait de le surprendre au Hammerel avec le petit promu Canach, totalement inattendu à un tel niveau il y a encore trois mois, a répondu, sourire en coin, que la prochaine fois, le repas, «c’est pour moi».

Revanchard, Deville ? L’ancien international a en tout cas l’air de s’éclater dans son nouveau club de village, bien qu’il y découvre une version de lui-même qu’il n’avait jamais expérimentée : l’amateur.

«Quand j’étais au Swift, j’ai dormi»

«J’ai commencé à travailler la semaine dernière». Au ton de la voix, on ne sait pas encore si c’est de la fierté ou du fatalisme, mais à 33 ans, on a l’impression que se frotter à la vie réelle a un effet bénéfique. Là où, bien souvent, les anciens joueurs pros pointent les remous que la découverte du monde du travail impose à leur vie bien réglée (à un entraînement par jour et basta, le plus souvent, quand ils arrivent en DN) et prennent la liberté de s’en servir pour justifier une baisse de régime temporaire, Maurice Deville semble y trouver la philosophie de vie qui lui manquait pour être performant. Chez les Voyages Emile-Weber bien sûr. «C’est seulement trois jours par semaine pour l’instant. On me montre un peu tous les aspects du métier et ça m’apporte vraiment quelque chose : je dois me lever à 7 h! Quand j’étais au Swift, comme on ne s’entraînait qu’en soirée et qu’il n’y avait rien avant, je restais à la maison. Au Swift, j’ai dormi! Je ne faisais rien. Maintenant, même si c’est dur, j’ai quelque chose.»

Ça lui va tellement bien, de ne pas gamberger seul dans son domicile, toujours en Allemagne. Passé par quasiment toutes les divisions professionnelles du pays voisin, de Sarrebruck à Kaiserslautern, en passant par Francfort et Mannheim, sans oublier Sandhausen et Schalke, il n’avait jusqu’à présent mis un orteil en Division nationale qu’au Swift Hesperange. Un grand malentendu : 38 feuilles de match en deux saisons (dont 6 sans entrer en jeu), pour seulement 8 titularisations, 1 but et 2 passes décisives.

«Un attaquant, c’est un objectif à deux chiffres»

Avec Canach, en deux journées, Deville, aligné en pointe dans une équipe «où on voit que les gens sont tous très contents que je sois là», en est déjà à 3 buts et 1 passe décisive. Contre le Racing (1-3), il aurait presque pu faire tout, tout seul. Un but précoce (4e), un carton rouge obtenu contre Romain Ruffier (12e), un penalty provoqué et transformé (82e).

On aurait presque du mal à croire que seul Canach se soit penché sur le profil, cet été… D’autant qu’en préparation, ce grand gaillard à 62 sélections avait déjà planté 3 buts et 1 passe en quatre rencontres face à des équipes de DN, qui laissaient entrevoir son état de forme (mentale?). «Ah, mais j’ai discuté avec d’autres clubs! Mais dans aucun je n’ai eu le sentiment que je serai un joueur sur lequel on compte à 100 %. À Canach, si. Le coach et le directeur sportif m’appelaient tous les deux jours! Et ils étaient tellement gentils!» Une savante opération de drague, à la limite du harcèlement, serait-elle à la base de ce qui ressemble au plus gros coup de l’été, jusqu’à présent?

Depuis, Maurice a l’impression d’être la reine du bal et le rend bien. Encensant «les supporters de Canach, les plus bruyants du pays»; admirant le stade de la rue de Lenningen, «plus du tout ce qu’il était avant», c’est-à-dire quatre mains courantes plantées au milieu des champs; donnant des conseils pour améliorer l’organisation «et on m’écoute…»; s’enthousiasmant du duo prometteur qui se dessine avec Admir Desevic, «déjà un bon copain, un gars jamais égoïste sur le terrain et qui m’a offert un penalty en préparation pour me souhaiter la bienvenue».

Bref, un Maurice heureux, aux antipodes du désespoir palpable qui était le sien chez le (naguère) riche Hesperange. Pour quel résultat comptable, en fin de saison ? «Un attaquant doit forcément s’imposer un objectif à deux chiffres» martèle-t-il avant de retourner au boulot et à la programmation des horaires des chauffeurs…

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .