[8e journée] Niederkorn s’est fait marcher dessus à «domicile» par le Swift. Une soirée cauchemardesque.
Depuis mercredi, Niederkorn n’a plus qu’à moitié l’excuse de ses matches en retard pour justifier un classement indigne de son rang et qui serait très inquiétant pour tout autre effectif que le sien. Il remontera. Mais jusqu’où ? Certainement pas là où il le souhaite et encore moins là où ses investissements devraient normalement le conduire. Stéphane Leoni, qui fêtait enfin, deux mois et demi après son arrivée, sa grande première rencontre officielle à la tête du Progrès aura le loisir de faire des comptes qui ne sont pas les siens : contre un Swift largement plus tranchant, ses gars ont concédé leur quatrième défaite consécutive en championnat.
Ce n’était plus arrivé au club depuis avril 2016, il y a presque cinq ans et la tentation est déjà forte de se dire qu’il sera difficile de se remettre à l’endroit après cette gifle qui ne coûte pas que trois points, mais aussi un peu l’idée d’une improbable remontada à l’assaut des sommets. Ce n’était que le premier match de 2021, il en reste théoriquement 22 de plus aux hommes du président Marochi et donc 66 points à prendre, mais la tâche semble, déjà, bien trop grande. Baffé par un Swift qui compte huit points de plus que lui et n’est pourtant même pas dans le top 4 européen, le Progrès court droit à la sinistrose s’il ne se fait pas violence.
Il n’y a qu’à planter le décor : exilé chez son voisin du FCD03 parce que son stade est pollué par une bactérie qui a envahi son système des eaux, Niederkorn verra ses dirigeants aller retrousser leurs manches sur la pelouse de la Luna, ce jeudi pour tracer les lignes en vue de la réception de Hostert puisque le Parc des sports doit refaire une beauté à son stade. Mercredi soir, il y a eu aussi un Ryad Habbas isolé en pointe et visiblement très agacé, la blessure à une cheville de son nouvel agitateur du couloir droit, Bilal Hend, et celle de celui qui était son soutien, Yannick Bastos, ainsi qu’une énorme faute de main de son nouveau numéro 1 aux buts, Kevin Sommer. Cela a beau être un recommencement, cela fait déjà beaucoup.
Abdallah, mais quel tueur !
Deux petites heures avant le coup d’envoi, Jonathan Joubert rencontre Dominik Stolz qui traîne dans la pénombre, à tenter de deviner, en tâtonnant du pied, la qualité très approximative de cette pelouse qui sort de l’hiver. Il se tourne vers lui, mime un arc de cercle et lui lâche en anglais : « Just long balls. » En rentrant aux vestiaires, c’est Bryan Mélisse que le gardien croise et leur échange n’augure rien de bon : « Autant aller faire l’échauffement sur le synthétique, sinon il sera mort avant même de commencer. » Ce choc de reprise ne sera pas beau techniquement, l’aire de jeu ne lui laisse aucune chance. Une bataille de chiffonniers mais de talentueux chiffonniers. Car jamais personne ne balancera…
Surtout côté Swift, où la prise de profondeur au sol, plus tranchante que celle de son adversaire, fait mal. Malgré l’ouverture du score de Luisi sur un cafouillage (1-0, 4), Abdallah va ramener ses coéquipiers à hauteur puis les placer devant, à l’affût au deuxième poteau sur une reprise ratée de Françoise (1-1, 23), puis en retrait sur un amour de petit ballon de Stolz (1-2, 27). À la suite du raid solitaire de Corral qui délivre un caviar à Stolz (1-3, 38), c’est encore le Malgache qui traîne pour pousser au fond, sans opposition, sur une balle relâchée par Sommer (1-4, 45+1). En roue libre, il s’amusera toute la seconde période, passera un petit pont à Vogel, le seul homme à avoir pourtant vraiment surnagé dans le naufrage, mercredi, et enverra un message à toute la concurrence du pays pour le titre de meilleur buteur.
Mais cette soirée n’était pas celle de la belle histoire d’un jeune attaquant surpuissant de 23 ans. Plutôt celle d’un désastre à taille humaine. Car le calvaire n’est pas encore fini pour le Progrès, qui va encaisser au retour des vestiaires un cinquième but en 25 minutes quand Schnell jaillit de la tête, sur corner, pour scorer en force avec l’aide de la barre (1-5, 48). Cela dit, il ne coulera pas et profitera de la baisse de régime normale de son bourreau pour planter un superbe but sur un une-deux d’école Habbas-Ba (2-5, 83) et frôler deux fois le 3-5. Cela ne rachètera rien : ces débuts sont ratés dans les grandes largeurs.
Julien Mollereau
«On a lâché psychologiquement»
Ben Vogel (Progrès) : «Horrible. Surtout la première période. On était tactiquement pas bien en place. En fait, pas en place du tout. Eux trouvaient bien les espaces et c’est dur à défendre. J’ai déjà perdu sur des scores plus élevés, mais ça, ça fait mal parce qu’on était ambitieux.»
Kevin Sommer (Progrès) : «Je ne sais pas ce qui s’est passé après notre but. On a commencé à perdre tous les duels, surtout au milieu et on a lâché psychologiquement. On n’était pas dans le bon état d’esprit. Moi, je ne sais pas ce qui m’arrive, c’était un ballon anodin. En général, cela ne m’arrive jamais, je ne peux pas l’expliquer…»