L’ancien international américain et actuel coach adjoint de Mondorf, David Régis, a pas mal la tête de l’autre côté de l’Atlantique avec les élections.
En mars dernier, au moment du confinement, le Martiniquais David Régis nous avait raconté les liens qu’il conservait avec les États-Unis, pour lesquels il a tout de même disputé deux Coupes du monde. Depuis Mondorf, il regarde aujourd’hui avec inquiétude ces élections qui font tant parler en se demandant s’il doit craindre pour ses enfants, installés à Atlanta.
Quel sentiment ces élections américaines vous inspirent-elles ?
David Régis : Je suis ça de très très près ! Obligé. Je les vis comme citoyen du monde plus que comme citoyen américain. Je ne le vis pas du tout comme ceux qui sont sur place. J’en sais finalement ce que m’en raconte ma famille, qui est installée en Géorgie, un État que Trump a apparemment remporté, comme quoi tout est possible. Hier soir, j’ai parlé longuement avec ma famille et comme toujours dans les familles, c’est très divisé. C’est comme au foot finalement : certains sont pour Marseille, d’autres pour le Paris Saint-Germain…
Êtes-vous allé voter ? Et si oui, pour qui ?
Je n’ai pas pu voter, non. Je ne suis pas parvenu à faire mon attestation et puisque nous devons voter au consulat, cela signifiait pour moi devoir aller jusqu’à Paris ou Strasbourg. Et c’est un vrai regret. J’aurais choisi Biden.
Au vu de la situation sur place, craignez-vous un peu pour votre famille ?
Oui, j’ai cette crainte. J’ai peur que si Trump ne remporte pas cette élection, ses fervents supporters commencent à descendre dans les rues avec leurs armes. Et là, cela pourrait être dangereux. Dans certains États, ils l’ont dit : on sortira les armes ! Et ce qui est dangereux, c’est d’entendre Trump dire qu’il est en faveur de ce genre de fanatisme. Il n’éteint pas le feu, il l’attise, alors que certains le voient comme un dieu. Mais pour l’instant, restons calmes…
Le jour J, pour nos joueurs, ce n’est pas un vote aux États-Unis, c’est plutôt quand on va enfin pouvoir rejouer au foot
Cette élection vous semble-t-elle particulièrement importante pour la population noire ?
Mais vous savez, j’ai des amis qui ont voté Trump en m’expliquant qu’économiquement parlant, il a plus fait pour eux que Barack Obama. Ils pensent à leur business, pas aux violences policières. S’ils ne sont pas en première ligne, ils parviennent à s’extraire de ce contexte et ils se mettent à penser que ce sont des choses qui existent, mais bon…
Les sportifs ont aussi beaucoup manifesté à l’encontre du candidat républicain…
Oui, je dirais que dans leur majorité, ils sont plutôt démocrates. Mais c’est aussi le cas de pas mal d’acteurs et même de Républicains qui auraient soutenu n’importe qui du moment qu’il se présentait contre Trump, un homme qui est trop extrême. « America first* », je veux bien, mais beaucoup de choses n’ont pas été faites dans ce sens. On parle finalement très peu de toutes les usines qui ont fermé sous son mandat.
À quoi vont ressembler les États-Unis si Donald Trump effectue un deuxième mandat ?
Je me pose la question. Et c’est là que je remarque que les États-Unis ne font plus rêver. Même des Américains commencent à fuir. Quand je vois la gestion de Trump, ses tweets de gamin et sa gestion du coronavirus, moi je suis prêt à rapatrier toute ma famille en France !
C’est un sujet qui mobilise beaucoup dans le vestiaire de Mondorf, ces élections américaines ?
Non, pas trop. Le coronavirus les intéresse beaucoup plus. Des discussions sur le sujet, j’en ai eu avec Serge (NDLR : Wolf, le coach) mais ça doit être une question d’âge. Les joueurs sont jeunes, ils sont loin de tout ça, ils ne regardent pas ça de la même façon. Le jour J, pour eux, ce n’est pas un vote aux États-Unis, c’est plutôt quand on va enfin pouvoir rejouer au foot. J’en parle un peu peut-être avec deux ou trois garçons, mais je paierai mon coup à la buvette de Mondorf si Biden l’emporte. En même temps, je paie mon coup après chaque entraînement, alors…
Entretien avec Julien Mollereau