Corentin Koçur commence à s’épanouir en meneur de jeu du Fola. Et sa mère, qui a emménagé avec lui, y contribue.
Quand on quitte le cocon familial à 9 ans pour intégrer un centre de formation (le RC Lens en l’occurrence), le retour dans le domicile familial de Wasquehal, à 17 ans, est un moment particulier : «Mes parents m’ont repris comme si j’étais un petit enfant», sourit Corentin Koçur. Pas un souci pour le milieu de terrain offensif de 21 ans, décrit par son nouvel entourage du Fola comme calme, posé, limite introverti. Donc apprécié.
Le garçon rebondit vite. Il n’a qu’à aller frapper à la porte à côté. À 19 ans, il débarque ainsi à Mouscron, ville située 12 kilomètres plus loin, juste derrière Roubaix et Tourcoing. Il s’y offre d’entrée huit matches en D1 belge, dont cinq titularisations.
Son premier match l’oppose au FC Bruges, au Jan-Breydel Stadion, avec Thomas Meunier et 20 000 supporters.
La saison suivante, la direction sportive du club est toutefois reprise par… un agent, Pini Zahavi, l’homme qui a aidé Roman Abramovitch à acheter Chelsea, l’homme qui a eu sous contrat Rio Ferdinand. L’homme qui va le «mettre au placard». «Il voulait installer ses joueurs. Les deux coaches successifs que j’ai pu avoir m’ont dit : « désolé, tu ne joueras plus car le directeur sportif ne veut pas ».»
«Je suis enfant unique, alors elle a un côté très protecteur»
À cette époque-là, Corentin cache sa déception à ses proches. «Il y avait moyen de craquer.» Lui patiente dans le petit club du KVK Westhoek et envoie des CV un peu partout. Le Fola répond. Il se rend à la semaine de tests… avec sa maman. Une première, a priori, pour l’encadrement eschois. «Ma mère aime bien être avec moi, sourit le Nordiste. Je suis enfant unique, alors elle a un côté très protecteur. Mais elle s’occupe bien de moi. C’est elle qui me prépare tous mes repas!»
Oui, car Sandrine Koçur, employée de La Redoute, entreprise de vente par correspondance, qui a mis exceptionnellement son boulot en suspens, a emménagé avec le fiston dans le petit village de Serrouville, à 15 minutes en voiture du Galgenberg. Les parents ont proposé. Il a accepté «sans problème». Peut-être en attendant qu’Anaïs, la petite copine, encore attachée à finir ses études cette année, ait fini et vienne s’installer avec le fiston…
En attendant, l’équilibre familial est maintenu et Koçur en profite à plein. D’autant que les débuts avec le Fola n’ont pas été simples. Ses premières sorties européennes sont laborieuses et très vite, il finit même par se blesser. «Je ne pensais pas que je serais titularisé aussi vite, admet-il. J’étais un peu en surpoids. Ma blessure contre Bakou (NDLR : à l’aine pour un gros mois d’absence) a finalement été un mal pour un bien. J’ai pu travailler plus individuellement.»
Au milieu de toutes les très nombreuses absences qui plombent l’effectif de Jeff Strasser, Koçur parvient à reprendre pied.
Et là, depuis quelques semaines, ça se ressent sur les statistiques de ce garçon formé comme ailier gauche (c’était d’ailleurs initialement pour ce poste que le Fola l’avait fait signer). Trois passes décisives en deux matches pour autant de succès. Et un premier but samedi en Coupe, contre Wincrange.
C’est clair : il prend de l’influence dans le jeu eschois, en soutien d’attaque. «Oui, je prends mes marques. Même si je n’ai pas été très bon en Europa League, je prends lentement confiance. J’ai le temps : de toute façon, je ne suis pas venu ici pour rebondir, mais pour rester le plus longtemps possible.» Histoire, au moins, de rassurer Sandrine sur le fait que Corentin Koçur, au Fola, c’est un coup sûr.
Julien Mollereau