À Rosport, avec la bénédiction de Marc Thomé, Mathieu Leroux s’organise des séances spécifiques aux attaquants une à deux fois par semaine. Jordy Soladio y participe. On voit le résultat.
Onze buts, co-meilleure attaque du pays ! Oui, on vous parle bien du Victoria, une équipe qui n’a jamais marqué moins de deux buts par match officiel depuis que le football est de retour au pays. La saison passée, parti sur des bases élevées, Rosport avait dû patienter jusqu’à la dixième journée de championnat pour atteindre un tel total.
Derrière cette réussite insolente, il y a un petit secret d’alcôve, une concession faite sans hésiter par Marc Thomé, qui laisse Mathieu Leroux, sa recrue de l’hiver 2019, libre d’organiser de lui-même des séances spécifiques devant le but, les vendredis matin, et parfois même les mardis. «Un jour, j’ai demandé la clef du stade pour utiliser la salle de muscu et se faire, avec les frères Soladio, des séances que je construis moi-même avec mon expérience de clubs professionnels.»
Pas mal de coaches auraient dit non ou, au mieux, rechigné en demandant à encadrer cette affaire-là. Thomé est d’une autre génération et d’une autre approche : «On est un club amateur qui a trois joueurs qui ne bossent pas. Alors, bien sûr qu’ils peuvent ! Cela les rapproche des conditions qu’ils avaient quand ils évoluaient dans des clubs pros. La seule condition que j’ai posée, c’est que je ne veux pas qu’ils fassent deux séances par jour.»
«On a des étudiants au poste, je peux t’en trouver s’il faut !»
Mathieu Leroux a compris l’idée et ce cadrage très léger mais nécessaire : «On ne fait jamais plus de 45 minutes et on ne force pas.» Un travail discret (Leroux s’est même vu dire par son coach qu’il avait quand même le droit de demander un gardien de but s’il voulait travailler les coups francs : «On a des étudiants au poste, je peux t’en trouver s’il faut !»), mais qui paie. Si David Soladio est pour l’heure coincé au mieux sur le banc, Jordy en est à 3 buts et 1 passe décisive, Leroux à 2 buts et 3 passes. Des chiffres qui portent leur implication à plus de 80 % dans le total de buts du Victoria. Bravo pour le travail spécifique de ce joueur de 24 ans, passé notamment par le Stade Malherbe de Caen et l’OGC Nice, où il s’est visiblement montré très concentré lors des séances devant le but !
«Forcément, dès qu’on se retrouve en position, en match, on a plus confiance en nos gestes», sourit Leroux, qui aurait pu être crédité d’une quatrième offrande cette saison si Rossler, contre le RFCU, n’avait pas fait un petit numéro avant de scorer le troisième but. «Ce n’est pas grand-chose, hein, des plots, des centres, on se retrouve devant la cage… Le coach nous fait un travail comme ça en semaine, mais en situation. Alors ce travail-là doit quand même faire une petite différence.» Thomé, coach permissif s’il en est, ne s’en plaint pas. Il n’a finalement qu’un regret : que Daito Terauchi, son Japonais qui joue sur l’aile droite, ne puisse pas bénéficier des séances de Mathieu Leroux. Sans véhicule, le joueur, qui habite à Trèves, devrait prendre un train jusqu’à Wasserbillig avant de monter dans un bus. Pour «45 minutes sans forcer», ce serait peut-être pousser le vice un peu loin. Et puis, imaginez un peu si aujourd’hui, avec un Terauchi façonné par Leroux, Rosport planait à 13 ou 14 buts…
Julien Mollereau