Au stade des promesses depuis la fin de sa formation à Anderlecht autant que depuis son retour de Yokohama, Loris Tinelli semble enfin prendre de l’importance, à Mondorf.
Dimanche dernier, Loris Tinelli a coûté un rouge fatal à Käerjeng aux alentours de 17 h 15, arraché un penalty vers 17 h 30 et est reparti du stade avec son chien en laisse, dans le relatif anonymat du gars qui n’a ni marqué, ni donné de passe décisive, vers 18 h 45. Demandant au passage et en rigolant la note de 8 au lieu de celle de 7, pas volée, qui lui a été attribuée dans ces colonnes. Il a le droit à l’impertinence : l’ancien Racingman est devenu titulaire avec Jérémy Deichelbohrer et il fait des différences qui ne sont pas que symboliques, il faut donc bien qu’il y gagne quelques privilèges. Le premier d’entre eux est d’être devenu un souci majeur pour ses adversaires en seulement trois semaines de championnat.
Et à Bissen, Vitor Pereira ne garde pas ses impressions sous le coude : «Il y a eu des hauts et des bas dans sa carrière, mais on arrive à voir assez facilement qu’il y a un énorme potentiel chez Tinelli. Voyons voir si c’est le moment où il va commencer à faire ce que tout le monde attend de lui. Si possible pas dès dimanche.»
Fatalement, ce désir avouable d’un technicien qui aimerait bien voir son équipe gagner son premier match de la saison, est à l’exact opposé de ce que veut Jérémy Deichelbohrer, un coach qui semble encore un peu plus prêt que les autres à faire confiance au virevoltant mais inconstant feu-follet. Mais qui lui réclame, déjà, «de la régularité», soit «ce qu’il y a de plus difficile en foot».
«Son corps doit s’habituer»
Jusque-là, Tinelli, qui avait fait un passage honnête en D3 japonaise (27 matches pour 3 buts et 2 passes, en deux saisons), a laissé le suiveur de DN sur sa faim. Avant de partir pour Yokohama, où il avait eu la sensation d’être à mi-chemin entre «le clown de service comme d’habitude» et un gangster «parce qu’avec tous mes tatouages, les gens pensaient que j’avais une connection avec les triades» (dans une interview qu’il nous avait donnée à l’hier 2023), sa saison la plus aboutie datait de 2022. Avec le Racing. Il avait alors pris part à 28 rencontres, mais pour un temps de jeu équivalent à 55 minutes en moyenne. Bref, le rythme d’un titulaire en puissance, mais systématiquement le premier à sortir du terrain… Pas un patron, donc. Frustrant. En tout cas pas complètement valorisant. Pourtant, c’était déjà une considérable amélioration après une saison 2020-2021 où il avait plafonné, avec le même nombre de matches, à… 35 minutes par rencontre. Soit l’équivalent d’un gentil joker de luxe.
Or, après un premier exercice mondorfois à… 27 minutes jouées en moyenne sur 20 rencontres, il était temps de constater un sursaut, un vrai. Du genre de ceux qui prouvent une évolution. Et en ce mois d’août 2025, il joue enfin beaucoup. Et l’on parle de lui, l’homme qui n’a jamais fait guère plus, niveau statistiques, qu’un exercice où il est impliqué sur huit buts (passes décisives comprises). Est-on en train d’assister à l’éclosion, à 26 ans, du Tinelli dont on parlera dans les buvettes, après les matches? «Il fait tout pour qu’on lui fasse confiance, en tout cas, constate Deichelbohrer. Il est concerné, motivé et il écoute. Il doit juste encore trouver de la justesse dans l’animation s’il veut compter dans ce championnat. Par exemple, contre Käerjeng, il devrait ressortir du terrain avec au moins un but. Mais il fait beaucoup d’efforts et le paie par un manque de lucidité dans la zone de vérité. Il faut qu’il habitue son corps à ce genre d’efforts.»
Quand il était revenu du Japon, Tinelli avait pourtant sous-entendu qu’il avait trouvé dans la culture footballistique nippone la solution pour compter au Luxembourg : «Là-bas, ils aiment qu’on pousse toujours les actions jusqu’au bout. Donc je serai encore plus sobre et efficace.» On a vu sa sobriété, même si elle le laisse encore au-dessus du lot dès qu’il faut provoquer un défenseur. On attend désormais l’efficacité.