Alors que le Swift peut décemment espérer aller batailler pour le titre dans les prochaines semaines, le «nouveau F91» se doit déjà de penser à l’avenir, car son exceptionnel niveau du moment ne lui suffit bien entendu pas.
Le Swift, qui a pris 28 points sur 30 possibles depuis le début de l’année, a marqué les esprits au stade Jos-Nosbaum, lundi, en l’emportant 2-3 avec une maîtrise de son sujet, des temps forts et faibles, de ses nerfs. À deux mois de la fin de la saison, d’un premier sacre éventuel dans son histoire, d’un retour en Coupe d’Europe pour la première fois depuis 31 ans, nous sommes allés soulever plein de questions différentes avec son directeur sportif, Sofiane Benzouien. Qui n’en a fui aucune.
Après ce succès à Dudelange, le Swift peut-il encore fuir son statut de favori logique pour le titre?
Sofiane Benzouien : Non, mais on en a déjà parlé en début de saison, non? Ce projet du Swift, il ne s’écrit pas sur un an. Il y a encore plein de belles choses qui vont arriver ces prochaines années et le seul impératif de cette saison, c’est la qualification européenne. Pourtant, le plus dur pour nous reste à venir. Nos points, cette saison, nous les avons perdus contre les petites équipes. Pour nous, c’est plus compliqué parce qu’elles refusent le jeu. Les grandes équipes, c’est ce qu’on sait faire. Mais les petites, c’est plus compliqué. D’ailleurs, dans ce genre de match, il suffit que l’arbitre soit un peu endormi par la situation et… Tiens, une statistique : depuis le début de l’année, on n’a pas obtenu un seul penalty, alors que des situations ambiguës, nous en avons eu. C’est aussi pour ça qu’il faudra être très réalistes contre les petites équipes.
Le F91 peut-il se remettre de cette défaite, et le Fola, le seul qui semble pour l’heure capable de suivre votre rythme, peut-il tenir ce niveau d’excellence?
Ah oui, oui, je pense que le F91 va s’en remettre. C’est une très bonne équipe qui avait des absents contre nous et cela s’est fait ressentir, mais ils vont les récupérer et auront encore quelque chose à jouer. Quant au Fola, seul le terrain pourra nous le dire. Mais maintenant, ils savent qu’on est derrière eux et on va voir comment ils vont supporter cette pression. Le calendrier aura aussi son rôle. D’ailleurs, ils doivent eux-mêmes jouer le F91 bientôt, et on les rencontrera dans la foulée. On en saura plus fin avril.
Maintenant, le Fola sait qu’on est derrière. On va voir comment il va supporter la pression
Vous attendiez-vous à retrouver votre équipe à un tel niveau en 2021, après les difficultés rencontrées en 2020?
Bon, il faut aussi replacer dans le contexte. On vient de loin. Le projet, il est de qualité, mais on vient de PH, il fallait du temps pour que les joueurs se trouvent, apprennent à se connaître et à s’entendre. Au-delà des qualités individuelles, on a surtout trouvé une force collective. On l’a vue à Dudelange. Connaissant la tension qu’il y avait avant le match et pendant, ce n’était pas donné à tout le monde de pouvoir revenir de la sorte et en plus avec cette manière. Sorti du premier quart d’heure, dans lequel les Dudelangeois sont bien rentrés, après, on les a plus revus physiquement. Et ça, ça m’a plu. On a retrouvé le rouleau compresseur.
Des joueurs comme Mickaël Garos ou Dominik Stolz, qui ont atteint ou passé la trentaine, semble s’être encore bonifiés par rapport à leur époque dudelangeoise. Cela vous surprend?
Ils ne peuvent pas m’impressionner parce que je les connais. Et si je les connais, c’est qu’on a fonctionné par cycles quand nous étions au F91. Mais aujourd’hui, si ces deux-là semblent prendre une autre dimension, c’est aussi parce qu’aujourd’hui ils ont un autre rôle dans l’équipe, ce sont des cadres. On cherche à mettre une locomotive en route et s’ils prennent une autre envergure, c’est parce que ce sont mes gars et qu’ils savent tout ce qu’il y a derrière.
Et ils ont encore faim après 30 ans malgré tout ce qu’ils ont gagné. Une donnée qui en intriguait certains au moment où vous avez lancé le projet avec des joueurs expérimentés, c’est-à-dire d’un certain âge…
Hier (NDLR : mardi), je regardais Real Madrid – Liverpool. Puis après le match, les experts parlaient de l’entrejeu Kroos-Modric-Casemiro… Eux, ils ont vraiment tout gagné et, pourtant, ils sont toujours au plus haut niveau et montrent l’exemple aux autres. Alors pourquoi à notre échelle, on ne le ferait pas? N’importe quel joueur qui continue à jouer a envie de gagner des matches et des titres.
Lors de sa prise de fonction, Pascal Carzaniga s’était montré très clair : le contrat, c’était l’Europe ou la porte. L’Europe, c’est comme si c’était fait. Donc Pascal Carzaniga va rester?
Personne ne peut prédire le futur, mais aujourd’hui, sa situation contractuelle dit qu’il est avec nous jusqu’à la fin de la saison, mais le fait est que nous sommes très satisfaits du travail fourni et que, bon, normalement… On se comprend.
Et Jonathan Joubert, qui a passé les 40 ans et a dit avant de s’engager au Swift qu’il continuerait « une à deux saisons“, sera-t-il toujours avec vous?
Jonathan, au niveau qu’il a à l’heure actuelle, a encore de très longues années devant lui. Et oui, la saison prochaine, il continuera. Il fait partie des meubles, des cadres et il a des responsabilités. C’est un de mes hommes dans le vestiaire.
La saison prochaine, Joubert continuera. (…) Carzaniga ? Normalement…
Même chose pour Kevin Malget, qui avait demandé un bon de sortie pour rejoindre Wiltz au printemps dernier?
Il reste. On a eu une discussion au printemps dernier, mais depuis, il n’est pas revenu nous voir et je sais qu’il est très content avec nous.
Des garçons comme Garos ou Stolz ne vous ont, donc, pas surpris, mais il y en a un autre qui impressionne en ce moment : le jeune avant-centre Hakim Abdallah. Où le situez-vous dans la lignée des très nombreux numéros 9 que vous avez vu passer durant votre carrière?
C’est un joueur de grande qualité qui a un énorme avantage et c’est pourquoi on l’aime : il a faim et envie de travailler. Ce sera ça, sa plus grande force : il a toujours envie de plus et je sais qu’il va vers de très belles années au Swift et aussi au niveau européen. Ce garçon est toujours prêt à faire des efforts, et dire qu’il vient seulement d’avoir 23 ans.
Et pendant ce temps, Dave Turpel, référence absolue des dernières saisons, bosse pour revenir en sachant que c’est ce genre de concurrence qui l’attend. Faudra-t-il le prêter pour qu’il se remette dans le bain, la saison prochaine?
Pour l’instant, sa rééducation se passe bien, même s’il se contente de courir sur tapis pour amortir les chocs. On ne lui a pas encore retiré les broches. Alors s’il vous plaît, n’allons pas trop vite. Laissons-le d’abord retrouver ses sensations sur un terrain avant de savoir ce que l’on peut envisager pour lui. D’abord la santé.
Vous parliez d’Europe tout à l’heure. Que peut-on ou doit-on attendre de cette équipe pour son retour prochain aux joutes continentales?
Oh, il faut rester réaliste! Si on a une chance à jouer, on la jouera, mais le but, c’est d’arriver à faire ce qu’on a fait avec le F91 (NDLR : en phase de groupes de l’Europa League en 2018/2019 et 2019/2020) d’ici deux à trois ans. Mais au niveau du recrutement, tout sera fait pour tirer le Swift vers le haut. On va monter en gamme.
Que vous faut-il en termes de recrutement, cet été?
Dans un premier temps, récupérer un maximum de très bonnes premières licences. Il est clair qu’un certain nombre de nos joueurs ont un certain âge. Il nous faut rafraîchir ce groupe. Garder la colonne vertébrale en y greffant des joueurs à gros potentiel comme Abdallah, Loua…
Entretien avec Julien Mollereau