La Vieille dame a annoncé le recrutement de l’ancien directeur technique national du Luxembourg. Un choix qui en dit long.
Il y a des choix de coaches qui donnent plus d’indications que d’autres sur les orientations de la politique sportive d’un club. Celui que vient de faire la Jeunesse est de ceux-là et l’annonce du recrutement de Reinhold Breu, 54 ans, ancien DTN à Mondercange, qui a passé la majeure partie de sa carrière d’entraîneur à s’occuper de formation, a de quoi ouvrir en grand les vannes à interprétations.
Selon nos informations, un gros investisseur français basé au Grand-Duché aurait en effet souhaité mettre quelque 200 000 euros sur la table pour quasiment doubler le budget de l’équipe première, en échange de quoi il souhaitait installer un duo Allieri (ex-RFCU) – Rougeaux aux commandes de l’équipe. Si c’est confirmé, Marc Theisen et son comité auraient alors pris, en privilégiant le technicien allemand, une option claire et tranchée sur l’avenir (à moins que cette «option Breu» n’éteigne pas d’éventuelles futures négociations).
Mais cela sous-tendrait que ce comité, encore traumatisé par l’expérience (sans commune mesure) grecque, qui a coûté trois ans au club à apurer des dettes, mais aussi que ce comité pas enclin à se dessaisir des prérogatives sportives en échange d’un gros chèque (et c’est son droit – son devoir? – le plus absolu), a préféré suivre une voie maîtrisée au long cours plutôt qu’un éventuel retour immédiat sur le devant de la scène, par la grâce de l’argent, nerf de la guerre.
La raison plutôt que l’ambition ? Faut-il le résumer comme ça ? En tout cas, c’est un choix fort.
Il avait le soutien de Todorovic
Mais l’option Breu ne raconte pas que ça. Car au milieu d’une foule d’autres candidatures souvent francophones, Breu était aussi la seule à être ouvertement défendue par le capitaine de l’équipe, Milos Todorovic, ainsi que certains de ses lieutenants formés au club. Suivre la préférence de ce noyau dur de joueurs ayant fait leur carrière à la Grenz, et qui en sont finalement la quintessence, est-il fatalement un bon calcul? C’est l’avenir très immédiat des renégociations avec certains anciens qui risque de le dire. L’essentiel de cette équipe étant francophone et ancienne école (le nombre de trentenaires chez les cadres est relativement élevé), les reconductions se feront-elles facilement dans ces conditions?
Il n’est pas exclu que la réponse à cette question n’intéresse que modérément les dirigeants. Avec Breu, ils s’offrent un homme qui sait comment encadrer des jeunes et les faire monter en puissance. Ce qui renvoie à la nécessité de… trouver des jeunes dans la formation eschoise. Car si Breu a ses réseaux au pays et pourrait attirer certains garçons passés entre ses mains durant sa période au CFN, sur près de dix ans, il est déjà tard pour aller draguer des joueurs sur le marché local. Les meilleurs ont déjà songé à leur avenir de longue date. Au moins, les Bianconeri ont désormais un coach pour succéder à Arnaud Bordi. Un cap aussi. Et des débats à venir, en fonction de la réussite à court terme de ce nouveau projet ?