Rapatrié de Käerjeng cet été, le milieu de terrain défensif reconverti arrière latéral est une des fiertés du Fola, puisqu’il a grandi dans son école de jeunes.
Le retour de Bob Simon au Fola Esch s’est fait à vélo. Il y a le mythe (il arriverait tous les jours au Galgenberg à bicyclette) et sa réalité : « Non mais c’est parce que le frère de ma mère fait du mountainbike. Il fait des circuits jusqu’au lac de Garde, en Italie… Bon, moi, je ne l’ai jamais fait, mais j’ai acheté un vélo électrique et, oui, je le prends pour venir à l’entraînement depuis Differdange dès qu’il fait beau. Ça me prend 20-25 minutes, mais je monte par l’ascenseur de la gare. Après les séances, par contre, je rentre par le train parce que je suis trop fatigué. Mais il m’arrive de faire des séances de 50 kilomètres pour décrasser.»
Bon, le garçon ne se fait pas des 150 kilomètres par semaine à la force des mollets juste pour venir taper le ballon au Galgenberg, mais l’histoire devrait rester un bout de temps accrochée à l’imaginaire collectif du club, ne serait-ce que parce qu’il concerne un enfant du Fola. Son père : Patrick Simon, gardien de but qui a fait sa carrière sous la tunique rayée rouge et blanc et a dirigé la section jeunes. Bob frappait dans le ballon après les matches « jusqu’à 23 h pendant qu’il était à la buvette ». Avec ce patrimoine génétique, le voir intégrer l’équipe 1 relève de la même logique de satisfaction collective que lorsque Billy Bernard foule la pelouse.
Pascal Welter était «très, très, très fâché»
Simon revient pourtant de loin. Pascal Welter, son directeur sportif, était « très, très, très fâché » après lui pour les mêmes raisons que des gens qui occupent ses fonctions s’arrachent les cheveux, un peu partout dans les autres clubs du pays, depuis des années : le je-m’en-foutisme du jeune. « Il était junior, et n’était pas trop sérieux. On avait décidé de le faire monter en équipe 1 pour voir. Et après trois semaines, il nous annonce qu’il part trois semaines en vacances. » Bob Simon a 19 ans, sa philosophie d’étudiant ne colle pas du tout à ce qu’on lui demande dans son club, c’est-à-dire un investissement total. Il file à Belvaux pour «jouer avec des copains ».
Suivent Mamer, Strassen et Käerjeng, ce qui ressemble au parcours assez positif de l’un de ces joueurs qui a échoué à percer en DN, l’a quittée avec finalement peu de chances d’y revenir un jour. Ils sont si nombreux dans ce cas…
Au printemps, pourtant, le téléphone de Bob Simon sonne. «Les dirigeants voulaient savoir si j’étais prêt à revenir. Ils pensaient que le temps était venu. Eh oui, je voulais faire mon come-back.» Pascal Welter, qui a pris le temps de descendre en température sur le dossier, reste tout de même cash : «Il n’avait pas non plus fait une saison folle avec l’UNK et il le sait très bien.»
«Un cran au-dessus de tout le monde»
La première fois que Sébastien Grandjean a entendu parler de cette recrue-là, il n’a pas caché son ignorance : «Je ne le connaissais pas du tout, du tout, du tout… Mais je l’ai vu arriver et il était très, très prêt physiquement. Au sommet même. Physiquement, il était un cran au-dessus de tout le monde.»
C’est que Bob, étudiant à l’Unex, se destine à une carrière de préparateur physique. Ses dirigeants du Fola l’ont, aussi, appâté avec un job qui transpire la formation continue : préparateur physique des jeunes du club. Et le garçon de 24 ans s’applique à lui-même tout ce qu’il apprend – il ne lit que sur ce sujet –, ce qui justifie de son état de forme estival : «Je me suis fait moi-même mon programme pendant le confinement.» Il a d’ailleurs aidé pas mal de sportifs du pays sur le sujet, sa page instagram compte plus de 400 «followers» qui n’en finissent plus de lui demander des conseils.
Il y a un homme qui n’a pas besoin de son avis, c’est Sébastien Grandjean. Qui l’a vu débarquer en tant que milieu défensif (un secteur dans lequel sévissent Pimentel, Freire, Muharemovic, Dikaba) et a choisi de le reconvertir à droite. «Il était d’accord avec moi, il est lucide», constate le coach, épaté par sa nouvelle recrue inconnue et adepte de vélo : «Son placement, tactiquement parlant, est top.» «Il a des qualités physiques hors normes et une vraie grande intelligence de jeu», abonde Pascal Welter. Bob Simon tourne à l’électrique.
Julien Mollereau