Ilyess Jeridi, qui ne veut pas entendre parler des barrages, exhorte le Fola à ne pas se relâcher après le nul (1-1) à Wiltz qui a permis au club doyen d’enfin quitter la dernière place, dimanche lors de la 24ᵉ journée de BGL Ligue.
Vu les occasions de Wiltz, qui a touché deux fois le poteau et raté un penalty, avez-vous vécu votre nul de dimanche comme une petite victoire?
Ilyess Jeridi : Non parce qu’on était venus pour gagner et qu’on est repartis avec un point et pas trois. Mais on a su prendre le point qu’on n’arrivait pas à prendre dans ce type de matches, auparavant.
Dans un championnat aussi serré, prendre un point, c’est toujours bien, et c’est mieux que de faire du surplace. Surtout que la plupart de nos concurrents directs en ont pris zéro. On continue notre bonhomme de chemin, en restant concentrés sur notre objectif.
En parlant d’objectif, est-il juste de penser que vous vous satisferiez largement d’un barrage, après une première partie de saison si difficile (11 points)?
Non, non, on vise le maintien direct. L’an dernier, on a fait les barrages et on en garde un bon souvenir parce qu’on a gagné (4-3 après prolongations contre Canach), mais il ne faut pas oublier qu’on avait arraché la prolongation à la 96e minute… Ça a failli être bien plus négatif que positif. Le barrage, c’est vraiment un dernier recours.
Après 15 journées à la dernière place, ne plus être lanterne rouge est-il un soulagement pour le groupe?
(Il réfléchit) Non parce qu’on reste relégable. Dernier ou avant-dernier, on reste dans la zone rouge. Mais c’est vrai qu’on y pense, car on a autant de points (22) que l’un des barragistes (Schifflange). Il ne faudra pas faire de faux pas.
D’ici à la fin de saison, il n’y aura pas de match facile, mais on veut des victoires, des victoires et encore des victoires. Et si on ne peut pas gagner, des nuls alors, comme face au Progrès (0-0, 23e j.) ou à Wiltz.
Qu’est-ce qui fait justement que vous êtes désormais capables de ne pas perdre les matches que vous n’arrivez pas à gagner, comme dimanche à Wiltz?
C’est vrai qu’il y a quelque temps, on aurait pu flancher, en prendre deux ou trois dès la première mi-temps, comme contre Pétange (0-3, 21e j.) où on a pris l’eau en 45 minutes. Mais depuis, on a beaucoup travaillé défensivement, on est passé à cinq derrière, dans un système un peu hybride où un défenseur central peut monter d’une ligne.
On peut ainsi s’adapter à l’adversaire ou perturber certaines équipes sur la relance. Surtout, on a gardé une stabilité, au niveau des hommes et du système. On a réussi à limiter le nombre de buts pris, et quand on ne prend pas de but, on a plus de chances de gagner. Ça nous a souri ces dernières semaines, avec plusieurs victoires (3) dans les arrêts de jeu.
En cas de maintien, Manu Cabral aura-t-il mérité sa statue devant le stade Émile-Mayrisch?
(Il rit) C’est vrai qu’à Wiltz, on avait bien besoin de lui. Dans une équipe, on a toujours besoin de héros. En ce moment, c’est lui mais avant c’était tour à tour la défense, nos attaquants, nos milieux… C’est vraiment l’équipe qui ressort.
Dimanche, c’est vrai qu’il a arrêté un penalty (de Ben Biver), mais je veux souligner l’aspect collectif et défensif. Après être passés à côté de la première mi-temps, on est restés soudés. Mais il faut aussi un bon gardien, et c’est toujours satisfaisant de savoir qu’on peut compter dessus!
Dans votre situation, beaucoup d’équipes auraient lâché. Qu’est-ce qui vous a fait tenir, quand vous pointiez à 7 ou 8 points de l’avant-dernier?
Souvent, on perdait sur des petits détails. Alors, on se disait qu’il ne manquait qu’un petit truc et qu’il viendrait, à force de bosser. Mentalement, c’était dur de perdre autant de matches à la suite (huit entre la 3ᵉ et la 10ᵉ journées), mais comme on n’était pas très loin, on savait qu’il ne fallait pas lâcher, poursuivre sur ce chemin et que le vent finirait par tourner.
À présent, il faut continuer de mettre toutes les chances de notre côté, pour ne pas avoir de regrets en fin de saison. Mais avec le groupe qu’on a, franchement, je suis confiant. Je ne dis pas que ce sera facile : il ne faut pas s’enflammer, rester sérieux, impliqués jusqu’au bout.
Un nul comme hier peut très bien nous sauver en toute fin de saison alors qu’il y a quelques mois, on était incapables d’en faire, des nuls.
Quel a été l’impact de votre coach Stefano Bensi dans cette période difficile?
Pour lui aussi, ça a été compliqué car c’est un jeune coach (35 ans), sans beaucoup d’expérience car c’est sa première saison complète comme coach, tout comme son adjoint (Veldin Muharemovic, 38 ans) ou le préparateur physique (Tom Schnell, 38 ans).
Ce n’est donc pas facile de gérer cette situation, mais il travaille beaucoup, essaie plein de choses et se remet constamment en question. Ils n’ont pas baissé les bras, et on a toujours été derrière eux. C’est ça la force de notre équipe : on n’a pas douté les uns des autres.
Même quand, après le match perdu contre la Jeunesse (0-1, 17e j.), il a déclaré qu’il vous manquait « peut-être quelque chose pour rester en BGL Ligue »?
Perdre un derby, surtout pour un historique du Fola comme lui, c’est dur, et je pense qu’il a parlé sous le coup de l’énervement. Si on n’avait pas le niveau de la BGL, on serait déjà décrochés depuis super longtemps. Je n’ai pas prêté attention à ces propos : les joueurs savent de quoi ils sont capables.
Même s’il a dit ça, on savait qu’on avait fait un très beau match tactique. Je pense que ça lui a fait mal au moral, surtout qu’on venait d’en prendre quatre à Dudelange (4-0, 16e j.).
Commencer la phase retour comme ça, c’est très compliqué, mais les joueurs n’ont pas douté de leurs qualités. On a eu raison : on a continué à travailler, il y a eu des résultats. J’espère qu’on verra le bout du tunnel sur une note positive.