(7e JOURNÉE) Aurélien Joachim et Andreas Buch animent à la perfection l’attaque differdangeoise, la meilleure de DN, qui accueille Wiltz ce samedi 19h30.
Paolo Amodio n’est pas une balance ! Mais ça ne l’empêche pas d’avoir le droit de se faire mousser un petit peu quand, en bon entraîneur têtu et sûr de son fait, il s’acharne contre l’avis de certains… et qu’il a finalement raison.
Le technicien ne dira pas qui, mais plusieurs personnes lui ont dit, début août, de ne pas faire jouer Aurélien Joachim et Andreas Buch ensemble, à la pointe d’une attaque differdangeoise en pleine redéfinition, au motif que «ça ne fonctionne pas les deux ensemble». Il est vrai que les amicaux du FCD03 ont longtemps ressemblé à un sacré chemin de croix. Or aujourd’hui, le duo est de loin le plus prolifique du pays. Six buts et deux passes décisives pour Andreas Buch, quatre buts et deux passes décisives pour Aurélien Joachim et surtout un rythme démentiel en ce qui concerne le ratio efficacité-temps de jeu : Buch est décisif toutes les 59 minutes et 30 secondes, Joachim toutes les heures. À deux, ils ont marqué plus de buts que… neuf équipes de BGL Ligue tout de même.
Forcément, Amodio couve ses deux perles. Il en a besoin et justifie son acharnement estival à trouver une formule qui puisse leur permettre de combiner leurs réalismes : «Je ne peux pas me permettre, dans notre groupe, de laisser un seul joueur de cette qualité sur le banc. Il me fallait trouver quelque chose pour qu’ils puissent évoluer ensemble!» Alors toutes les semaines, son premier souci, le lundi soir, c’est de guetter l’arrivée de son ancien international luxembourgeois, désormais âgé de 34 ans : «Il est plus fragile qu’Andreas. Plus vieux aussi. On doit le mettre 48 heures dans des bacs à glaçons pour qu’il puisse récupérer, rigole Amodio. Après chaque rencontre, je prie pour qu’il arrive à la séance en me disant simplement « je peux m’entraîner ».»
C’est un souci que le staff differdangeois n’a pas avec Buch, 27 ans. L’Allemand a pratiquement mis autant de pions en six rencontres que la saison passée en quinze apparitions (8 réalisations) et les éloges commencent à pleuvoir sur ce garçon qui ne peut pas se vanter de posséder la meilleure technique de la planète. «Ah non, lui, il prend beaucoup de coups, il en rend, il est toujours là où ça fait mal, détaille Amodio, admiratif. Alors il y a « Auré » à côté, qui est un peu plus fin, plus technique, qui sait garder le ballon, distribue de bonnes passes, et « Andy » en guerrier, qui donne tout, qui gagne des duels même s’il a un peu de déchet.»
«Il bosse son portugais, son français»
Ça se résume à ça, alors, l’attaque differdangeoise ? Un joli fragile et un inébranlable moche ? Amodio ne laisse pas ce genre de doute s’installer, car cela reviendrait à réduire ces deux garçons à des stéréotypes qui ne leur rendent pas hommage. Et c’est surtout Buch, plus jeune, qu’il veut protéger : «C’est un gentil garçon qui, en plus, travaille sur la communication. Vous savez, il bosse dans le secteur de la construction, alors inutile de dire qu’il ne parle pas beaucoup allemand sur les chantiers ! Non, il bosse son portugais, son français. Il arrive même à faire des blagues en français maintenant!»
David Vandenbroeck, transfuge du FCD03 dans le nord cet été, saura au moins à quoi s’en tenir, mais dans ce choc d’outsiders en train de grossir en importance, il faut s’attendre à un gros clash entre des Nordistes qui joueront bas et une attaque qui ne veut pas s’arrêter là. «Ils vont essayer de nous refaire le coup qu’ils ont fait à Pétange et au Progrès, sourit Amodio. Peuvent-ils le faire une troisième fois?»
Dan Huet admet que «ne pas avoir à faire le jeu» réussit plutôt très bien à son équipe et qu’il s’imagine bien reconduire ce genre de plan de jeu à Oberkorn, samedi soir. «Differdange, lui, va jouer sur ses qualités et donc sur ses attaquants.» C’est dit.
Julien Mollereau