La FLF reste en état d’alerte après les annonces sanitaires qui risquent d’empêcher pas mal de joueurs d’être alignés le 12 décembre prochain.
La FLF a eu, bien évidemment, la primeur des informations révélées par Xavier Bettel un peu plus tard dans la journée de lundi. Avec les autres fédérations du pays, Paul Philipp a eu droit à une petite visioconférence en matinée, avec celui qui était alors encore ministre des Sports, Dan Kersch. Le président de la FLF y a appris que la nouvelle loi devrait être d’application dans le courant de la semaine suivante et que cela faisait planer, d’office, une menace sur sa 15e journée de championnat de DN.
Depuis, la FLF a contacté tous ses clubs pour savoir où ils en sont de leurs taux de vaccination. Ou de «guéris». Elle attend encore certaines réponses et aura une réunion de son conseil d’administration demain (même si certaines sources font état de décisions pour aujourd’hui) pour commencer à envisager la suite, sachant que sa 14e journée n’est pas en danger, que les dernières informations laissent apparaître que le texte n’est pas encore tout à fait prêt et qu’avec beaucoup de chance, rien ne le serait à temps pour perturber la 15e.
Un retard du texte «nous arrangerait»
«Ça nous arrangerait», ne cache pas Paul Philipp. Même si la fédération, «par souci éthique», a renoncé à… avancer cette fameuse 15e journée au mercredi. Histoire bien évidemment d’accroître les chances de pouvoir la jouer avant que la Chambre ne se prononce et ne crée un sérieux problème de concurrence déloyale à la DN, qui se retrouverait d’office séparée en deux catégories : les clubs qui ont vacciné tout le monde et les clubs qui ont encore des réfractaires. «Mais avancer de quelques jours les derniers matches de la phase aller avant que la loi ne passe, est-ce que ce serait le bon signal à envoyer à l’heure actuelle?». La réponse est dans la question. Non.
Ce le serait d’autant moins qu’à l’heure actuelle, les suiveurs du football grand-ducal confondent tout et multiplient les amalgames. Pointant du doigt les clubs dont les joueurs ne sont pas encore vaccinés et qui n’ont aucune chance de l’être d’ici à la semaine prochaine. Pour d’aucuns, il aurait été du rôle des dirigeants des 16 entités de BGL Ligue de mettre la pression sur leurs troupes ces derniers mois. Ce serait oublier que la plupart, si ce n’est tous, ont fait énormément de pédagogique auprès des joueurs, voire des staffs, leur indiquant qu’arriverait fatalement ce moment où les footballeurs du pays ne pourraient plus jouer avec un banal test PCR. Ce serait oublier aussi qu’en aucune manière les clubs n’étaient en mesure ou en droit de faire pression pour contrevenir aux choix individuels qu’effectuaient leurs licenciés. Un vestiaire est à l’image de la société. Les rétifs au vaccin y existent autant qu’ailleurs, et ces proportions se retrouveront dans les chiffres que la FLF finira par recevoir. Certains clubs ont encore pas mal de non-vaccinés. Reste à savoir combien seraient vraiment empêchés de jouer le 12 décembre.
«Il faut l’égalité des chances»
Sur cette base, il faudra inévitablement prendre une décision. «On sait, quelle qu’elle soit, que de toute façon, ça râlera», lâche un membre du conseil d’administration. Ceux qui disposent de tout leur effectif ne toléreront pas une annulation générale ou partielle au motif qu’eux ont fait les efforts nécessaires pour pouvoir jouer. Ceux qui comptent des absents pour défaut de vaccination (et dont la qualité du contrat – travail ou louage d’ouvrage – ne permet pas de s’en remettre à un test), hurleront à l’iniquité des chances.
Y a-t-il une voie médiane? Peut-être. La fédération, pour contenter presque tout le monde, pourrait se retrancher derrière les quotas qui avaient cours au moment où les vaccins n’existaient pas encore et où un match pouvait être annulé au-delà de trois cas de contamination. Mais c’est justement ce que le conseil d’administration va devoir trancher. Paul Philipp, qui a bien précisé qu’il ne s’exprimait qu’«en son nom et pas en celui du CA», a donné un point de vue intéressant. Lui, l’homme du «il faut jouer» quelles que soient les conditions au sortir de la pandémie, ne supporte pas l’idée d’une concurrence déloyale et serait personnellement prêt à s’asseoir sur la fin d’année : «Si les joueurs avaient eu une obligation vaccinale avant, je dirais « jouons« . Mais non, là, ils sont obligés de le faire dans un laps de temps impossible à tenir. Nous devons veiller à l’égalité des chances et donner à tous la possibilité de se mettre en ordre. Mais en février, alors il nous faudrait mettre tout le monde devant ses responsabilités.»
Cela, les clubs l’ont déjà anticipé. D’aucuns ont déjà fait comprendre à leurs non-vaccinés que leurs contrats deviendraient caduques s’ils se maintenaient dans l’impossibilité d’être alignés début 2022. À un moment où il faudrait jouer la 15e journée?
Julien Mollereau