Avant de retrouver le Swift lors de cette 8e journée, l’ex-Hesperangeois Nicolas Perez confie son bonheur de se sentir enfin important à Strassen, où il s’éclate depuis son arrivée-surprise cet été.
Il aurait pu disputer l’Europe, avec le Swift ou le Fola. Au lieu de quoi, Nicolas Perez a privilégié cet été le projet strassenois, où il s’éclate depuis son arrivée. Déjà auteur mercredi de son sixième pion avec l’UNA, qui se révèle dans son sillage être une sacrée empêcheuse de tourner en rond, l’attaquant français revient sur un choix qui ne lui procure «aucun regret. Aujourd’hui, je suis bien dans ma tête et dans ma vie.»
Comprenez-vous que votre choix de rejoindre Strassen cet été ait pu surprendre ?
C’est vrai que beaucoup ont trouvé ça surprenant, même des copains de la BGL Ligue. J’avais des opportunités avec des clubs un peu plus huppés, mais j’ai privilégié la sécurité. Strassen me proposait une reconversion, un travail, et j’ai quand même signé quatre ans. Strassen est un bon club, familial, où je connaissais déjà certains joueurs comme Gauthier Bernardelli, et dont tout le monde ici m’a dit du bien, comme de son président (NDLR : Luc Hilger), ce qui s’est confirmé lors de ma première rencontre avec lui. Beaucoup de clubs m’ont appelé, et c’est vrai que le Fola était très intéressé, mais à partir du moment où Strassen et Luc Hilger m’ont appelé, j’avais fait mon choix. Je me suis très bien entendu avec lui, et c’est important d’avoir un président qui est droit dans ses baskets, qui a des valeurs et croit en moi.
D’un point de vue sportif, qu’est-ce qui a influencé votre décision ?
Strassen joue quand même en BGL Ligue depuis longtemps, et je savais que j’allais être un cadre, un joueur important. J’avais besoin de retrouver du temps de jeu : avant Differdange (2017/2018), je n’avais pas joué pendant un an car j’étais en Australie, à Dudelange (2018/2019) c’était en dents de scie, à Hesperange ma première saison (2019/2020) a été interrompue par le Covid, puis je n’ai pas trop joué avec Jeff Strasser. Je voulais retrouver du plaisir dans mon jeu et une place de titulaire parce que j’estime qu’on ne m’a pas assez vu en BGL. Désormais, je suis l’attaquant numéro 1, je fais tout pour le rester. En bref, j’ai fait ce choix pour la sécurité de ma vie et de famille, et pour le temps de jeu.
Ce plaisir, vous l’aviez perdu à Hesperange ?
Perdu (il souffle)… le mot est mort, mais j’étais plus dans l’optique de devoir toujours me battre pour ma place, parfois il y avait des choix que je ne comprenais pas, j’étais frustré, à certains entraînements j’avais parfois moins envie… C’était trop en dents de scie. Là, je suis titulaire et à 30 ans, j’avais envie d’enchaîner à nouveau les matches, j’en ai besoin. Au fond, on ne m’a réellement connu qu’à Differdange (21 buts en 29 matches toutes compétitions confondues).
À quoi attribuez-vous votre excellent début de saison ?
Il y a beaucoup de choses, mais c’est clair que je suis performant car je vois qu’on compte sur moi, que l’équipe joue en partie pour moi. Je dois l’assumer. J’ai fait les top clubs du Luxembourg mais là, j’ai retrouvé du plaisir. Et puis courant octobre, je vais commencer un travail, d’abord à mi-temps. La reconversion professionnelle était très importante. Je veux finir ma petite carrière de footballeur ici, d’autant plus que le président veut se donner les moyens de reconstruire un stade, et pourquoi pas devenir ensuite éducateur ou dirigeant ici.
Si on m’avait donné ma chance à 100% comme n°1 devant, j’aurais fini parmi les meilleurs buteurs de DN
Rester au Swift n’était donc pas une option ?
Il y a eu quelques discussions, j’avais une option pour une saison supplémentaire, mais eux ne savaient pas, et j’avais envie de rejouer au foot, je vais avoir 31 ans… Je n’ai fait que du foot dans ma vie, et depuis trois ans et demi, c’était « je joue, je joue pas, je joue, je joue pas… ». Ça m’a un peu gonflé, je voulais retrouver des sensations, faire des matches entiers, marquer des buts. Avant « Caza » (NDLR : Pascal Carzaniga, entraîneur du Swift entre octobre 2020 et juin 2021), qui me connaît par cœur pour m’avoir eu à Amnéville (France), que ce soit au Swift ou à Dudelange, on m’a mis une étiquette du joueur qui n’en fait pas beaucoup et qui court peu alors que j’ai besoin de confiance et de temps de jeu. Si on m’avait donné ma chance à 100% comme numéro 1 devant, j’aurais fini parmi les meilleurs buteurs de DN, j’en suis persuadé car Hesperange est une top équipe. On ne m’a pas donné la confiance que je méritais. Dino (NDLR : Toppmöller, son entraîneur au F91 en 2018/19) oui, mais Dave (Turpel,) faisait des top matches. Mais l’année d’après, au Swift, on m’annonçait titulaire, et on a pris Abdallah (NDLR : désormais en Belgique au Lierse) en dernière minute…
Comprenez-vous le remaniement complet de l’effectif hesperangeois de l’été, après la 3e place de mai dernier ?
C’est incompréhensible pour moi ! Quand on fait une bonne saison, la base c’est de garder son ossature et de se renforcer avec quatre ou cinq joueurs grand maximum. Changer toute une équipe et un coach qui ont fait 27 matches sans défaite (NDLR : 19 victoires et 8 nuls en 30 journées)… C’est le fonctionnement de M. Becca. Recruter 17-18 joueurs qui viennent de partout, qui ne connaissent pas la BGL Ligue, un championnat plus relevé qu’on ne le pense avec de bonnes équipes et des matches pas évidents, pour moi, ça ne sert à rien.
Est-ce le meilleur moment pour les affronter ?
Que ce soit maintenant ou plus tard, il faudra les affronter de toute façon. Avec ou sans entraîneur (NDLR : entretien réalisé avant la 7e journée et la nomination d’Aniello Parisi et Bertrand Crasson), c’est dans leur tête : s’ils ont envie d’élever le niveau et de faire un gros match, ils le feront. Mais c’est peut-être mieux de les prendre tant qu’ils sont dans une minicrise : je suis allé les voir contre Rosport (1-1, 6e journée), et Rosport aurait même pu l’emporter. Mais ça reste le Swift.
Vous avez battu Pétange et venez de prendre un point contre le Fola. Que peut donc espérer l’UNA cette saison ?
Bonne question ! On n’est pas l’équipe qu’on attend en haut, ni celle qu’on attend en bas, alors on joue match par match, on donne le max, avec un objectif : jouer au ballon et prendre le maximum de points. Que ce soit contre Ettelbruck ou le Swift, on a la même mentalité : le nouveau coach (NDLR : Christian Lutz) veut qu’on joue, qu’on soit offensifs. Le président est ambitieux, le début de saison est bon et c’est clair qu’on va essayer de jouer le haut de tableau, mais il y a de grosses écuries. On n’a pas une pression énorme sur ça, on fait notre championnat et on fera les comptes à la fin.
Entretien avec Simon Butel