Après avoir profité d’une fin de saison sans pression pour lancer plusieurs juniors dans l’élite, avec succès, Neil Pattison espère confirmer cette saison avec un effectif encore rajeuni.
C’est une décision, le gel des montées et relégations en BGL Ligue, que Neil Pattison a régulièrement saluée dans la dernière ligne droite du championnat. Parce qu’elle a évité une descente en Promotion d’honneur à son Etzella Ettelbruck, quinzième et avant-dernier de l’élite, bien sûr, mais aussi et surtout parce qu’elle lui a permis de faire des traditionnels matches couperets un laboratoire, et d’y offrir à ses poulains un apprentissage à vitesse grand V «sans peur d’être relégués». Avec quelques belles perfs (victoires 3-2 contre le Fola, 4-0 contre Rosport et 3-2 à Mondorf) à la clé en mai. Plutôt appréciable, au sein d’un club où la formation est autant une nécessité qu’une tradition.
«À Mondorf, on a joué avec trois juniors, et à Pétange quatre juniors qui ont terminé, rappelle le technicien. Le contexte leur a permis de jouer au ballon et de gagner de la confiance. C’était une saison vraiment positive dans ce sens-là.» D’autant plus que son groupe, qui a repris le chemin de l’entrainement le 14 juin et accueille cette semaine un joueur – dont l’identité n’a pas filtré – à l’essai, va connaître moins de chambardements estivaux qu’à l’accoutumée. «Comme club formateur, tu perds à chaque fois des joueurs mais cette saison, ce n’est pas comme la saison passée où on avait perdu vraiment très tard beaucoup de premières licences et de jeunes formés à Ettelbruck, savoure Pattison. On a une certaine continuité dans le travail qu’on a commencé.»
Symboles de la capacité renouvelée du club à sortir des jeunes et de son aptitude nouvelle à les conserver, les jeunes Ilhan Agovic (17 ans, défenseur central ou latéral), Lucas Figueiredo (18 ans, latéral ou ailier gauche) et Rick Shwitz (17 ans, milieu défensif), respectivement apparus 3, 12 et 7 fois en BGL Ligue cette saison, ont signé récemment leur premier contrat au sein de leur club formateur. À 18 ans, l’ailier Bryan Alves va lui intégrer le groupe. «Ce sont des garçons qui travaillent très bien, souligne leur entraîneur. Ils ont beaucoup de talent mais n’ont pas encore terminé leur formation. On va continuer à leur donner du temps de jeu.»
«L’équipe va être plus forte»
Et si quelques tauliers comme Bidon, Stumpf, Kadrija ou Keita ont mis les voiles, «on ne repart pas vraiment de zéro. On va les remplacer numériquement, poste par poste, avec quatre ou cinq nouveaux joueurs plus jeunes mais déjà expérimentés, qu’on peut garder deux ou trois ans et l’esprit du groupe et du club restent intacts». Hormis l’ailier allemand Frederick Kyereh (27 ans, Strassen) et son compatriote Tim Stemper (20 ans, Rosport), dont les départs ont déjà été annoncés par leurs clubs, l’identité des trois autres recrues ettelbruckoises n’a pas encore été révélée. Tout juste Neil Pattison se risque-t-il à révéler leurs âges : 24, 24 et 32 ans. Sacrée cure de jouvence, quand on sait que Kadrija, Bidon, Stumpf et Keita affichaient respectivement 29, 30, 33 et 37 printemps.
Mais «les perspectives» qu’incarnent ces renforts, dont la présentation ne saurait tarder, font dire au natif de Halifax (Royaume-Uni) que «l’équipe va être plus forte». Suffisamment en tout cas – et à condition d’être épargné par les blessures – pour aller chercher le maintien, «l’objectif numéro 1». N’est-ce pas un peu frustrant de devoir se contenter de si peu quand on a contribué comme joueur à hisser le club en Coupe d’Europe (NDLR : en 2001) ? «Nous n’avions pas les mêmes moyens à l’époque, nous avions cinq ou six internationaux luxembourgeois, comme Luc Holtz (l’actuel sélectionneur)», replace Pattison, qui ne se rêve pas ailleurs.
«C’est très intéressant de travailler avec les jeunes car ce sont des joueurs qui veulent prouver, progresser, rentrer dans l’équipe, insiste-t-il. Et c’est peut-être même encore plus facile de former ces joueurs pour les imprégner d’un concept de jeu ou de la philosophie du club que travailler avec des joueurs qui ont connu cinq ou six clubs, n’ont aucun lien avec le tricot qu’ils portent, jouent une saison et s’en vont. J’aime former des joueurs, une équipe et essayer d’avoir du succès avec mes moyens, modestes. C’est autre chose que d’être entraîneur à Hesperange, chacun ses objectifs.» Le sien est tout trouvé : un maintien confortable. Sur le terrain, cette fois.
Simon Butel