Pas assez vicelards, les Niederkornois ont fini par craquer en infériorité numérique. Une bien sale opération au classement qui ravit l’ennemi differdangeois.
En tant qu’équipe qui vise ouvertement le titre, Differdange peut-il se satisfaire d’une victoire comme celle de vendredi ? Non, non et mille fois non. Heureusement que la lucidité est une qualité de la maison, ce qui a permis à Marc Thomé et Omar Er Rafik, dès le coup de sifflet final, d’avouer que la prestation du FCD03 avait été atroce. Ils n’ont pas utilisé ce mot, mais l’idée est là.
L’alibi d’avoir perdu prématurément deux attaquants sur blessure (Almeida 40 e , Caron 52 e ) n’est pas recevable.
Vendredi, pour être honnête, on n’a rien compris, surtout pas comment la première frappe a dû attendre la 71 e minute pour voir le jour. Avait-on seulement déjà vu ça dans l’histoire du club? Et encore, on parle là d’un vague coup franc de Gilles Bettmer envoyé dans le mur. Le Progrès en était alors à douze tentatives (dont une seule cadrée), ce qui donne une idée assez de nette de qui méritait quoi. Le scénario du coup de poignard était de plus en plus clair et c’est Jordann Yéyé, de loin le plus entreprenant de son équipe, qui a endossé le rôle du criminel, en se jouant de Soares et Ramdedovic avant de punir Flauss de près (0-1, 73 e ).
On aurait parlé d’authentique hold-up si le Progrès avait été un dominateur plus évident qu’il ne l’a été. Il l’a été, oui, mais le symbole de ce duel perdu par Rossini face à la charnière Martin-Bukvic rappelle que, du côté des Jaune et Noir, on a trop souvent été dans l’à peu près offensif pour faire mal à cet adversaire prenable.
Bouzid, l’expulsion qui change tout
Avant d’être la référence du haut de tableau qu’il a l’ambition de devenir, le Progrès a encore beaucoup à apprendre de son voisin sur ce type de rencontre. Il n’a rien à lui envier dans la débauche d’énergie, mais dans un match fermé comme celui auquel on a eu droit, la force d’une équipe doit aussi être de savoir faire des fautes sans se faire prendre le doigt dans le pot de confiture.
Dans ce domaine, les Niederkornois ont énormément manqué de vice, y compris Bouzid, aussi expérimenté soit-il. Sa main volontaire est une vraie bêtise dont il aurait pu se passer, surtout lorsqu’on a déjà pris un jaune et qu’on a commis dix minutes plus tôt une faute qui méritait déjà un deuxième jaune… Il ne faut pas chercher une autre analyse que celle-là : cette expulsion (45+1) a tout conditionné.
Cela n’a pas empêché les joueurs d’Olivier Ciancanelli d’être les plus entreprenants. Oui, oui, même en infériorité numérique. Et si vous voulez tout savoir, lorsque Dino Ramdedovic a lui aussi récolté un carton rouge (82 e ), Niedekorn a encore trouvé le moyen de perturber un ensemble differdangeois décidément trop fragile. Mais Differdange n’a pas besoin d’être bon pour gagner des matches. Vendredi, c’est ça et seulement ça qui nous a rappelé que c’était une grande équipe.
Matthieu Pécot