Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Rodange a explosé en vol contre le F91 dimanche. Être aussi fragile défensivement contre un champion aussi à l’aise offensivement, on n’a pas idée…
Rodange s’est-il trompé ? Il choisit de harceler son adversaire très haut sur le terrain, avec Marco De Sousa en soutien d’Hakim Menaï pour installer un pressing un peu fou, qui en tout cas lui coûte très cher. Car les Dudelangeois font preuve d’une telle justesse technique, d’une telle capacité à sortir le ballon proprement et à trouver la profondeur, que le promu se noie dans ses propres ambitions. D’un laxisme criminel, il regarde le champion en titre se régaler des espaces qu’il lui abandonne. C’est d’une mauvaise relance au cœur de la surface de Ramdedovic que tout part, Pokar ouvrant son gauche tranquillement pour trouver la lucarne sans opposition (1-0, 7e).
Et après ? L’avalanche. Le F91 est tout schuss. Côté droit, Malget trouve Mélisse loin au deuxième poteau pour une remise intelligente en retrait. Er Rafik n’a plus qu’à pousser au fond (2-0, 15e). Puis passe géniale de Pokar sur la profondeur en direction de Stolz. Son pied gauche est relâché et limite insolent pour glisser le ballon sous le ventre de Goedert – il n’y a pourtant pas beaucoup de place – (3-0, 24e).
Le portier se vengera en repoussant une autre tentative moins humiliante en tête à tête, Stolz ayant cette fois choisi de l’allumer (42e). Mais la première période prend toutefois des allures de raclée puisque Stelvio surgit sur la ligne pour prolonger ce qui aurait dû être un but contre son camp de Dog, surpris sur corner (4-0, 35e).
Toppmöller : «Encore un, encore un»
Le F91 cadre six tirs en 45 minutes, il marque quatre fois. Un tel réalisme serait cruel si Rodange n’avait pas fait preuve d’une telle naïveté. Et même d’un peu d’inefficacité. Si le promu aurait pu bénéficier d’un penalty, à 2-0, pour une faute de main de Prempeh (21e), il ne doit qu’à un très mauvais contrôle d’El Guerrab, seul au deuxième poteau, de ne pas avoir pu cadrer une seule frappe en première période.
Il y a du renoncement au retour des vestiaires. Le F91 à appuyer plus. Rodange à perturber le jeu léché de son hôte. Tranquille, Stolz distille un bon ballon en profondeur pour Sinani, parti dans le dos de la défense et sort de son pied gauche un amour de petit ballon piqué (5-0, 48e).
Parvenu à ce point-là, le désintérêt des Dudelangeois gagne en épaisseur et les hommes de Séraphin Ribeiro sont enfin autorisés à jouer un peu au football. Tant mieux pour Joubert, gigantesque héros de la soirée toulousaine des Roud Léiwen, qui n’a pas encore touché le ballon. Dans la forme de sa vie, il sort trois parades écœurantes à El Guerrab, aussi inefficace à lui tout seul que Griezmann et Pogba réunis. Joli compliment qui ne l’aidera pas à trouver le sommeil…
Avec tout ce déballage de largesses, on en oublie que le F91 a remporté ses deux derniers titres au goal-average et qu’en la matière, le Progrès a pris une énorme avance dans le courant du mois d’août. Alors quand Turpel débloque son compteur à l’issue d’un petit raid personnel conclu du gauche et croisé (6-0, 73e), Dino Toppmöller, qui garde le sens des réalités même dans la facilité, harangue ses gars : «Encore un, encore un!»
Ce ne sera pas pour Turpel, dont la tête sur centre de Malget attrape le poteau (76e) mais pour Stolz, sur un nouveau caviar du très actif Malget (7-0, 79e). Voilà, le F91 a effacé et même ringardisé le 7-1 du Progrès contre Pétange il y a deux semaines, c’est déjà ça de pris.
Julien Mollereau
