Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Sa victoire au cynisme la saison passée, contre le FCD03, n’avait pas servi sa cause. Alors la Vieille Dame veut jouer, cette fois !
Ç’avait été le dernier coup de force de l’ère Carlo Weis. Mais aussi son chant du cygne. La victoire contre Differdange (1-0), arrachée avec six défenseurs et un cynisme qui en avaient glacé beaucoup y compris parmi ses plus fidèles suiveurs, avait validé la fin de cycle d’une méthode, celle d’un entraîneur qui avait acté que la Vieille Dame devait regarder sa perte d’influence en face et avait agi en conséquence, composant un groupe défensif. Thomé avait été recruté pour rompre avec tout ça.
Après trois mois de galère, la reprise sur le synthétique de l’US Esch (0-4) a validé l’option d’un retour à l’ambition et on va savoir dès ce dimanche soir, déjà un petit peu, si elle est démesurée ou pas. Mais pas comme la saison passée, sûrement pas. Plus jamais, dit-on même du côté de la Grenz, où en fin de saison, le retour à une philosophie plus joueuse a été à la base de cinq matches sans victoire, la plus longue série noire à domicile du siècle.
36 points de retard la saison passée
Cracher sur les options du passé n’est certes pas bien reluisant mais ne pas se rendre compte que cela froissait le public aurait, aussi, été une erreur fondamentale. La Jeunesse est donc en reconquête. «On va pouvoir se juger», annonce surtout Thomé, travaillé par l’idée de savoir ce que vaut vraiment son groupe.
Son adversaire, Pascal Carzaniga, n’en sait pas bien sûr plus long que lui sur le sujet, mais a quand même sa petite idée : «On parle beaucoup du Progrès pour se mêler à la course au podium, mais je crois qu’il ne faut pas oublier le RFCU… et la Jeunesse. J’ai eu quelques-uns de ces joueurs à Amnéville, comme Adler ou Ney. Je ne critique pas les choix tactiques passés, mais on va forcément nous proposer autre chose.»
En préparation, la Jeunesse a essayé de proposer autre chose contre un FCD03 alors obnubilé par l’Europa League entre ses deux matches contre les Azerbaïdjanais de Zira. Et qui avait joué avec ses «coiffeurs». Il avait gagné et c’est un petit avantage psychologique comme un autre. Sûrement pas aussi important que les 36 points de retard que la Jeunesse affichait au compteur, la saison dernière, à la 26e journée, et qui ne s’effaceront pas comme ça, mais soit…
Alors que Nicolas Perez, d’un doublé et d’une prestation marquante contre Mondorf (Thomé, venu en observateur, a été frappé par «ses appels, son travail défensif, ses frappes toujours cadrées»), a recadré le débat sur la succession d’Omar Er Rafik, alors que Differdange a coupé l’effort et aurait pu s’offrir une entrée en matière encore plus tonitruante, la Jeunesse a, elle aussi, fait sa petite impression.
Oui, elle a retrouvé un peu de surface offensive. Tout n’est pas idéal mais Stumpf, au moins, n’est plus seul devant. N’Diaye, qui souffrait d’une petite blessure, a déjà planté un doublé en 25 minutes et surtout Kyereh s’est fait un nom. Il y a deux mois, Thomé n’en voulait plus et le lui avait dit. Ses dirigeants lui avaient rappelé qu’il avait deux ans de contrat et l’Allemand est resté. Puis a perdu dix kilos et n’a plus arrêté de marquer en préparation. Contre l’US Esch, l’ailier gauche s’est retrouvé à couper deux fois au premier poteau pour inscrire autant de buts. Il respire visiblement bien plus le but que ce qu’il avait montré depuis son arrivée, l’hiver dernier. On va peut-être découvrir beaucoup de choses sur l’attaque eschoise ce dimanche soir.
En tout cas, c’est assez rare pour être signalé : victorieuse de ce duel la saison passée, elle se doit quand même… une revanche.
Julien Mollereau
