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Bertrand Crasson : «Fâché, Beckham n’avait pas voulu échanger son maillot…»


Bertrand Crasson, l’entraîneur du F91, va faire bénéficier ses joueurs de son expérience, demain soir lors de la réception de l’APOEL Nicosie. (photo Luis Mangorrinha)

Avec 82 matches européens à son compteur, Bertrand Crasson, l’entraîneur du F91, est le plus «capé» du club dudelangeois. Forcément, cela en fait des souvenirs à ressasser…

Passé par Anderlecht (1989-1996 et 1998-2003) et Naples (1996-1998) avant de terminer sa carrière au Lierse et au RWDM, Bertrand Crasson a vécu quelques grandes aventures européennes.

Son 1er  match européen : « C’est là que ma carrière a commencé »

Bertrand Crasson a 18 ans et vient de jouer quelques jours plus tôt son premier match officiel avec Anderlecht lorsqu’il fait ses débuts européens le 18 septembre 1990 «face à des Roumains», se souvient-il. Ceux de Ploeisti. Il monte au jeu à 20 minutes de la fin lors d’un succès 2-0. «C’est un peu là que ma carrière a débuté. À partir de là, j’ai commencé à enchaîner les matches», sourit-il.

À l’époque, les Mauves sortaient d’une finale de Coupe des Coupes en mai 1990. «C’était une grande époque d’Anderlecht, avec une équipe impressionnante. Cette saison 1989/1990 avait été ma première avec l’équipe A, celle de l’apprentissage. Je n’avais pas joué. Mais beaucoup des titulaires étaient partis à l’intersaison, les Arnór Gudjohnsen, Georges Grün, Stephen Keshi… Et j’avais donc reçu ma chance à l’été 1990…»

Face aux Chypriotes : »Leur football a bien évolué » 

Dans son long parcours européen, Crasson a croisé deux fois la route d’équipes chypriotes, l’Omonia Nicosie en 1990 et Famagouste en 2000. Deux campagnes qui furent parmi les plus belles de l’ancien défenseur, avec un quart de finale de Coupe UEFA puis une véritable épopée en Ligue des champions. Alors jamais deux sans trois?

«Vous allez chercher un peu loin, là», souriait l’entraîneur dudelangeois. «C’est forcément du hasard. Mais si cela pouvait se répéter, ce serait le bienvenu.»

Avant d’enchaîner sur le match de jeudi. «Le foot chypriote a bien évolué depuis cette époque. Aujourd’hui, l’APOEL Nicosie est un routinier… de la Ligue des Champions. La victoire là-bas en septembre a été un véritable exploit qui a fait parler de nous. Puis nous sommes retombés dans notre réalité. Néanmoins, on a des arguments à faire valoir ce jeudi et je préfère être à notre place qu’à la leur. Car ils ont la pression. Le match de jeudi va déterminer la suite mais on part dans l’optique de disputer deux finales face à Nicosie puis Qarabag.»

Son meilleur souvenir : « Barthez s’était fait chambrer par tout le stade »

«En 15 ans de carrière, vous pensez bien qu’il y en a eu beaucoup, des bons souvenirs. Je repense à notre victoire 3-2 face à la Sampdoria de Vialli, Mancini, Pagliuca, Lombardo… lors de la première édition d’une phase de poules en C1, en 1992», lance l’ancien international belge.

Mais il opte pour un autre grand moment : la victoire 2-1 dans cette même Ligue des Champions, en 2000, face au Manchester United de David Beckham, Ryan Giggs, Paul Scholes…

«On avait perdu 5-1 là-bas en ouverture de la phase de poules mais on avait bien su réagir par la suite. On possédait une équipe bien équilibrée avec des jeunes comme Alin Stoica, Walter Baseggio, Aruna Dindane… et d’autres plus expérimentés comme Lorenzo Staelens, Bart Goor, Jan Koller… Et on se trouvait les yeux fermés.»

Comme ce 24 octobre 2000 donc, face aux Mancuniens. «Je me rappelle de cette ambiance magnifique, de la tension qui régnait dans le stade pour voir si on allait réussir à tenir face aux derniers assauts adverses. Et puis l’explosion de joie au coup de sifflet final. Il y a aussi Fabien Barthez, le gardien français, qui s’était fait chambrer par tout le public après avoir tenté et raté une frappe des 35 mètres en fin de rencontre. Et puis David Beckham qui n’a pas voulu échanger son maillot avec moi. Il m’avait repoussé, fâché qu’il était de la défaite. Cette saison-là, nous avions été pratiquement imbattables chez nous. Lors de cette campagne, on avait ainsi également battu le Real des Galactiques ou la Lazio de Siméone, Crespo, Salas, Nesta, Mihajlovic…»

Son 1er but : « Cela ne m’est pas arrivé souvent… »

Quelques semaines après la victoire face à Manchester United, Anderlecht joue lors de cette campagne 2000/2001 son dernier match de poule au PSV Eindhoven. «On l’a emporté 2-3. Cela reste un grand souvenir parce que, grâce à cette victoire, on s’assurait de terminer en tête de ce groupe devant les Mancuniens. Une perf !»

Et puis, c’est aussi à cette occasion que «Berre» a signé son premier but européen. «Ce n’est pas arrivé souvent (NDLR : 3 buts en tout). Mais on va dire que de temps en temps, j’ai rappelé que j’étais là», sourit-il.

Son pire souvenir : « Je ne peux pas passer au-dessus de Brême »

«Je crois que je ne peux pas passer au-dessus de cette défaite au Werder Brême…» Cette défaite, c’est celle du 8 décembre 1993 5-3 au Weserstadion en poule de Ligue des Champions. Après avoir mené 0-3 à la mi-temps, les Mauves «prennent le bouillon», dixit Crasson. «Les 20 dernières minutes sont horribles…» À la 80e, les Bruxellois mènent encore 2-3 avant que le Werder renverse complètement la situation, son entraîneur Otto Rehhagel criant sa joie à pleins poumons le long de son banc. «Oui, c’est mon pire souvenir…»

Le 11 septembre : « On a senti qu’on était à Moscou »

Pendant que des avions s’écrasent dans les tours du World Trade Center, Bertrand Crasson est, lui, sur la pelouse du Lokomotiv Moscou.

«On avait vu des premières images juste avant de partir pour le stade mais on ne se rendait pas complètement compte de ce qu’il se passait. C’est plus tard qu’on a compris, après la rencontre… Il y avait quand même eu une minute de silence avant le coup d’envoi. Et là, on a vite vu qu’on était à Moscou et que les Américains n’étaient pas forcément des amis. On va dire que ça avait été fort chahuté…»

Le joueur qui l’a marqué : « Weah avait cette élégance »

«Des adversaires aussi, j’en ai affronté beaucoup… Pratiquement tous les joueurs exceptionnels de cette génération. Il y a eu tous les futurs Galactiques du Real qu’on a battus à Bruxelles en 2001, les Roberto Carlos, Raùl, Figo, Casillas… Mais si je ne dois en retenir qu’un, c’est peut-être bien George Weah. Il évoluait encore au PSG lorsqu’on l’a croisé en Coupe de l’UEFA en 1992. Sur le terrain, il alliait puissance et élégance. Il restait très fair-play, pas vicieux du tout.»

Julien Carette