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[Cyclisme] Ben Gastauer : «Je me suis laissé prendre au jeu»


Si le temps le permet, c'est depuis sa terrasse à Schifflange que Ben Gastauer prendra part au Tour de Suisse (Photo : DR)

Ben Gastauer respecte les consignes de son équipe et ne roule pas sur la route. Mais le coureur d’AG2R La Mondiale s’éclate sur rouleau. Il participera même à une étape du Tour de Suisse virtuel.

Mardi, 18 h, Ben Gastauer donnait le la. C’était en effet au tour du Schifflangeois d’animer la désormais traditionnelle séance d’une heure sur Zwift, qui permet aux cyclistes de partager un moment de convivialité virtuelle… depuis chez eux : «La FSCL m’a contacté pour me demander si pouvais le faire, j’ai accepté», confie-t-il.

Après Kevin Geniets, Michel Ries ou encore Alex Kirsch, c’est donc Ben Gastauer qui s’y est collé. Et pourtant, deux semaines plus tôt, le pro d’AG2R n’avait jamais utilisé Zwift, qui s’est imposé comme l’un des prestataires numéro un en termes de séance de vélo en ligne : «Jusqu’à présent, j’avais l’habitude de faire du rouleau en suivant le programme de mon équipe sur notre plateforme commune. Mais depuis deux semaines, l’équipe nous a ouvert un compte Zwift.»

La formation française World Tour a demandé, comme les autres équipes hexagonales, à ses coureurs de rester confinés chez eux. Mais confinement ne signifie pas oisiveté pour autant. Et avec Zwift, Ben Gastauer a découvert un nouvel aspect de son métier : «On effectue deux séances collectives par semaine. Généralement, il y en a une très intense, qui dure une heure et demie maximum et une sortie d’endurance d’environ deux heures. On est une vingtaine de coureurs de l’équipe. Romain Bardet est tout le temps là.»

Une dizaine de jours pour préparer le Tour de Suisse

Le rouleau ne peut, bien évidemment pas remplacer complètement une sortie sur route, les efforts ne sont pas comparables. Et surtout, ils ne peuvent pas durer autant qu’une sortie normale : «Au-delà de deux heures, on perd trop d’eau. Ce n’est pas très bon pour la santé», souligne Ben Gastauer.

Si la séance de mardi était calme, puisque, peu importe la puissance qu’on a, tout le monde restait ensemble, quand les pros se retrouvent entre eux, ce n’est, bien évidemment, pas la même musique : «On fait des efforts, on s’amuse bien. En plus, on peut rencontrer, même virtuellement, des coureurs d’autres équipes, alors on n’a pas envie de les laisser passer. Si on voit qu’un est passé et a mis un certain temps sur une montée, on veut essayer de faire mieux. Lors d’une de nos séances, on a même notre entraîneur Stephen Barrett qui nous a battus pour le titre de meilleur grimpeur, ça nous a bien fait rire. Mais on se prend au jeu !»

Cela tombe bien, puisque Ben Gastauer va avoir l’occasion de franchir un cap supplémentaire. En effet, il fait partie des coureurs à qui on a proposé de participer à la version virtuelle du prestigieux Tour de Suisse, qui, pour des raisons évidentes, ne peut pas se tenir dans des conditions normales cette année : «L’équipe nous a informés qu’elle allait y participer et que chacun pourrait courir une étape. Je trouve cela bien. Je suis content de courir, même si ce n’est pas sur la route. J’ai tout de suite dit que j’étais intéressé et maintenant j’attends de savoir sur quel étape et quel jour. En tout cas, j’ai une dizaine de jours devant moi pour me préparer comme il le faut.»

«Une heure vraiment à fond !»

À la différence de l’habituel Tour de Suisse, l’une des épreuves favorites (avec le Dauphiné) pour préparer le Tour de France, les organisateurs ont décidé de mettre sur pied une nouvelle course, le Digital Swiss 5, avec cinq étapes du 22 au 26 avril retransmises sur la RTS. Pas de Zwift au programme mais Rouvy, un autre programme, des équipes de trois coureurs qui s’expliquent virtuellement sur des étapes réelles de l’épreuve, ramenées à environ une heure chacune. Un peu comme sur le modèle du Tour des Flandres, remporté, depuis son grenier, par le Belge Greg Van Avermaet.

«Oliver Naesen, qui y a participé, nous a dit que c’était horrible, car on n’a pas du tout de récupération. C’est pire qu’un chrono qui dure 45 minutes. C’est une heure vraiment à fond!»

Pour Ben Gastauer, habituel travailleur de l’ombre, il s’agira également d’une nouvelle configuration. En effet, difficile d’abriter son leader du vent, d’aller lui chercher des bidons, bref de faire jouer la tactique : «Je ne sais pas s’il y a du drafting. Ça devrait être moins tactique, mais on devrait bien s’amuser!»

Romain Haas