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Ben Gastauer : «Ce n’est pas simple de changer ses habitudes»


Ben Gastauer ne sera malheureusement pas présent sur le Tour de Romandie. (Photo : Vincent Curutchet / ag2r citroën team)

Le Luxembourgeois Ben Gastauer termine 86e du Tour du Pays Basque 2021, qui s’est achevé samedi. Il se confiait vendredi pour Le Quotidien sur les défis à venir de la saison, et les nouvelles règles de l’UCI.

Le Tour du Pays basque est une bonne préparation en vue du Giro ?

Oui, c’est une course bien dure et on a besoin de ce type de course avant un grand tour comme le Giro. Là, je fais l’enchaînement Tour de Catalogne–Tour du Pays basque, deux belles courses. Si tout va bien, je vais enchaîner avec le Tour de Romandie (27 avril-2 mai), cela me donnera une bonne base. C’est une préparation idéale.

On va vous revoir à l’attaque sur ce Tour du Pays basque ?

On verra, ce n’est pas évident, comme on le voit, il reste la dernière étape. Ce sera l’explication des leaders et ce n’est pas évident qu’ils laissent partir des coups. On verra bien.

Comment votre équipe vit-elle ce Tour du Pays basque ?

On était un peu déçu, car Aurélien marchait très fort avant sa chute. C’est dommage, en plus, il est tombé à l’avant du peloton, cela n’est pas courant. Cela semble improbable. Du coup, on essaie désormais de tout mettre sur les étapes. Bon, ce n’est pas simple.

Si on ne peut plus donner un bidon aux jeunes, je trouve ça dommage

Passons aux nouvelles règles UCI que vous vivez pour la première fois en pratique sur ce Tour du Pays basque. Commençons par l’interdiction de jeter vos bidons en dehors des zones de délestage. D’ailleurs votre coéquipier suisse Michael Schär a fait couler beaucoup d’encre en étant le premier coureur exclu d’une course, dimanche dernier, sur le Tour des Flandres. Qu’en pensez-vous personnellement ?

Pour les bidons, c’est un peu compliqué à appliquer, il faut repérer les zones de délestage des déchets. Et sur le plan pratique, ce n’est pas simple. On regarde si les assistants sont là ou pas. Cela prend un peu de temps. Mais franchement, on espère que l’UCI reviendra sur cette règle et qu’on pourra à nouveau les donner aux spectateurs. On va voir ce que l’UCI va décider dans les prochains jours. Je ne pense pas que la fédération internationale soit sourde aux nombreuses critiques des fans du vélo. Personnellement, je me souviens que lorsque j’étais enfant et que j’allais voir une course, mon but était toujours de repartir avec un bidon. Si j’y arrivais, la journée était réussie. Si on ne peut plus donner ça aux jeunes, alors je trouve ça un peu dommage. Après, je comprends que c’est compliqué de juger entre un jet en pleine nature et un jet pour le public. On ne peut pas être insensible non plus aux arguments environnementaux. Une nature propre et sans déchets, c’est tout de même ce qu’on souhaite. Mais de mon point de vue, il y a matière à aménager le règlement pour que les jeunes puissent garder ce lien avec les pros. Il faut trouver un juste milieu. J’ai trouvé forcément que l’exclusion de Michael Schär était exagérée. Une amende de 250 francs suisses, c’est déjà beaucoup, alors la mise hors course…

Les amendes, ce sont les coureurs qui les paient ou c’est pris en charge par les équipes ?

C’est déduit de nos primes. Cela peut arriver qu’on rentre endetté d’une course ! (il rit)

Et vous, des amendes, vous en avez déjà eu beaucoup ?

Non, moi je suis un coureur assez sage, même si je suis allé chercher beaucoup de bidons aux voitures, je n’ai pas eu beaucoup d’amendes pour bidon collé. Mais c’est déjà arrivé bien sûr.

Pour revenir aux positions, qu’en pensez-vous ?

C’était agréable de poser ses avant-bras sur le cintre, surtout lorsqu’on était échappé. Et ce n’est pas simple de changer ses habitudes. Je comprends aussi la position des constructeurs qui ont demandé à l’UCI d’intervenir sur le sujet, leurs vélos n’étant pas faits pour qu’on pédale assis sur le cadre par exemple, comme c’était le cas en descente. Moi, je trouvais que ce n’était pourtant pas hyper-dangereux. Il n’y a jamais eu beaucoup de chutes avec cette position. Mais un jour, j’ai été interpellé par un entraîneur de l’école de cyclisme de Schifflange. Il ne comprenait pas qu’on puisse adopter ces positions sachant que, forcément, les plus jeunes, qui n’ont pas le bagage technique pour le faire, nous imitaient. Ça, je l’entends bien, on donne une image aux jeunes, pour qui, effectivement, ça peut être dangereux. Donc, je comprends l’argument de l’UCI. Surtout si les constructeurs n’y sont pas favorables. Même si encore, au final, on n’a jamais eu beaucoup de chutes avec ça.

Vous avez failli vous faire surprendre avec les avant-bras sur le cintre ?

C’était limite, mais j’ai toujours eu le réflexe et je n’étais pas le seul (il rit). Le premier réflexe, c’est de poser les avant-bras et on se ravise tout de suite. Ce n’est pas simple de changer ses habitudes. Les amendes sont rudes, donc ce n’est pas la peine d’insister. De même, je ne trouve pas cette position dangereuse. C’est vrai que ça peut l’être en cas de trou sur la chaussée. Au final, c’est bien pour la sécurité. Même si nous, coureurs, déplorons qu’il y a bien d’autres choses à faire qui n’avancent pas sur le plan de la sécurité.

Quels sont les autres points concernant la sécurité qui sont sensibles ?

D’abord, nous avons encore trop de parcours qui s’avèrent trop dangereux. On se demande parfois comment cela peut être autorisé. Et puis, le sujet des barrières est important. L’UCI nous a dit que le sujet était étudié. Ça prend du temps. On aimerait que ça aille plus vite. Tout n’est pas à critiquer, il y a eu des avancées sur la question des arches par exemple. Il y a des choses qui vont dans la bonne direction, et d’ailleurs les organisateurs seront également sanctionnés s’ils ne respectent pas les règles. Ça, ça va dans la bonne direction.

Entretien avec Denis Bastien