Il était attendu, Gusty Bausch n’a pas déçu. Deux semaines avant le championnat qui se déroulera sur le même circuit, il s’est positionné en grand favori.
Gusty Bausch s’est montré particulièrement à son aise, hier, à domicile où seul le Belge Dany Lacroix a tenté de s’aggriper. Jusqu’au championnat, il peut voir venir, ce sera bien le grand favoris. (Photo : Julien Garroy).
Il est encore un peu tôt, et la météo généralement bien trop capricieuse, pour étudier les prévisions météorologiques du 11 janvier prochain. Depuis hier, toutefois, une chose est sûre. Neige ou pas neige, gel ou dégel, Gusty Bausch s’élancera dans deux semaines avec l’étiquette de grandissime favori dans les championnats nationaux de cyclo-cross. Où il essaiera donc de reconquérir le tricot sur son circuit fétiche de Brouch où il s’était déjà imposé en octobre dernier pour la première épreuve d’un fameux triptyque. Devant mener à un sixième titre… Certes, on le sait par expérience, de surcroît lorsqu’il s’agit d’un championnat, il faut se garder d’anticiper. Mais franchement, on ne serait pas non plus objectif de ne pas le remarquer. Le parcours de Brouch, recouvert depuis le week-end d’un savant mélange de glace et de neige mêlée, est taillé à sa mesure. Sur le plan national, Gusty Bausch y est imbattable lorsqu’il se présente en parfaite condition. Hier encore bien davantage que le 5 octobre dernier.
Cela n’a échappé ni au public ni à ses adversaires et encore moins à ses supporters, ni à lui-même. Au point de devoir chuchoter à l’oreille de Gust, son père, accouru, comme après chaque course, aux nouvelles du fiston dans l’aire d’arrivée cette phrase : « Personne n’a roulé ici? » Vu le contexte, cela ne peut ni paraître injurieux, déplacé, ni même irrévérencieux envers ses adversaires. D’ailleurs, les habituels rivaux luxembourgeois de Gusty Bausch étaient bien dans la course. Et comme si cela ne suffisait pas, il y avait même deux invités réguliers qui l’avaient, jusqu’ici cette saison, assez largement dominé, tels l’Allemand Drumm ou le Wallon Lacroix. Le premier nommé sembla tout simplement paralysé sur les chemins enneigés. Et le deuxième était bien content d’être son accompagnateur pendant près de trente-cinq minutes. Mais pas une de plus. «Félicitations, tu étais le plus fort!», adressera d’ailleurs Dany Lacroix à Gusty Bausch. Mais les autres, c’est vrai, ils étaient où? Derrière. Bien loin derrière. Il n’y a pas à dire, lorsqu’il monte sur sa motoneige, par grand froid, Gusty Bausch, surnommé «l’Esquimau» par ses amis d’enfance, est vraiment dans son élément. Toutefois, ce serait bien trop réducteur de ne voir dans le coup d’éclat de l’enfant du pays qu’une histoire de condition météorologique et par voie de conséquence directe, technique.
> « Je n’ai pas gagné d’avance »
« Voici quelques jours, au Fond-de-Gras, j’avais déjà montré que j’étais en condition. Mais ceux qui se trouvent aujourd’hui (hier) derrière moi n’ont pas encore tout montré », suggère fort intelligemment Gusty Bausch. Lorsqu’on l’interpelle sur cette grande domination infligée à ses rivaux devant, ça ne gâche rien, un public enfin copieux, il choisit de relativiser : «Il ne faut pas dire que j’ai remporté le championnat, que je vais le gagner à coup sûr. Je n’ai pas gagné d’avance. Aujourd’hui (hier), j’ai maîtrisé oui, mais les conditions étaient optimales pour moi. Au départ, je visais simplement le podium, c’est ce que j’avais dit à mon frère. Mais tout le monde le sait, j’aime la technique et le circuit était verglacé, ce que j’apprécie encore plus. Avec Dany Lacroix, on a pris des relais, puis j’ai compris qu’il me fallait accélérer pour le distancer.»
Gusty Bausch, qui a pris un soin légitime à se recouvrir chaudement après la course (il est vrai que ce n’est pas tous les jours que les coureurs doivent faire face à des températures négatives en course), respirait à pleins poumons la confiance qui sied aux vainqueurs. Mais il se gardait donc de fanfaronner : « Dans deux semaines, ce sera autre chose. Christian (Helmig) va s’améliorer, j’en suis sûr. Vincent (Dias Dos Santos), on ne sait jamais, attention à lui. Scott (Thiltges) a eu ici un saut de chaîne mais il peut faire un bon championnat. Et Lex (Reichling) finit troisième alors que son grand gabarit ne l’avantage pas sur un tel terrain. Je reste persuadé qu’au championnat, les écarts seront plus resserrés avec beaucoup plus de suspense. » En motoneige ou pas, Gusty Bausch sera quand même le grand favori. Mais c’est encore loin !
De notre journaliste Denis Bastien