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[Basket] Un patron, un second… et les autres


Joe Biever et Esch, champion sortant, ne pourraient pas rencontrer l’Amicale de Bobby Melcher, grand favori à la succession des Lallangeois, avant une éventuelle finale.  (Photo : luis mangorrinha)

APRÈS LA SAISON RÉGULIÈRE Au bout de 22 journées et avant d’attaquer la phase décisive, il est temps de dresser un bilan de cet exercice.

Pendant six mois, les clubs se sont expliqués sur les parquets pour déterminer leur place à l’issue de la saison régulière. Qui a dominé? Qui jouera les play-offs? Qui luttera pour le maintien? Qui a créé la surprise? On fait le point.

L’AMICALE, FAVORI AU RENDEZ-VOUS

Présentée en début de saison comme le grand favori, l’Amicale a été exacte au rendez-vous (19-3). Steinsel, qui se présentait avec d’emblée trois Américains et le renfort de Lou Demuth, a bénéficié ensuite des déboires d’Alex Laurent, qui n’a pas retrouvé de club pro. Avec cet apport inespéré, Steinsel, qui a pu compter sur un Bobby Melcher toujours capable de faire des choses incroyables sur son parquet, n’a perdu que deux matches en saison régulière (trois en comptant le quart de finale de Coupe face à Etzella). Derrière son attaque de feu et une défense très solide, la troupe de Daniel Brandao a réalisé une saison régulière presque parfaite. Qui lui a permis de rapidement prendre les commandes du championnat. Pour ne plus les lâcher. Dans deux semaines, ils entameront les play-offs face à un Sparta dont la saison a, pour le moins, été chaotique.

ETZELLA, SOLIDE DAUPHIN

Sur le papier, Etzella, qui avait plus ou moins le même visage que l’équipe de l’an passé, faisait partie des équipes fortes. Et dans les faits, les hommes de Gavin Love ont fait ce qu’on attendait d’eux. Même si une défaite contre Gréngewald ternit un peu un tableau très bon (5 défaites). Le dernier revers, subi à Esch avec une équipe fortement amoindrie face au champion en titre, relève de l’anecdote. Mais avec «Sticky» Gutenkauf, une nouvelle fois en lice pour être le MVP luxembourgeois de la ligue, un duo US très costaud trouvé tout de suite contrairement aux dernières années, un cinq de base solide, quelques bons joueurs d’appoint (Benseghir, Zenners, Wolter…) et un coach qui connaît parfaitement le championnat pour faire tourner tout ça, il faudra compter avec Etzella pour les play-offs. Les Nordistes seront face à Contern.

UNE HIÉRACHIE LONGUE À SE DESSINER

Si l’identité des deux premiers a été assez rapidement claire, il a fallu attendre les toutes dernières journées pour qu’on connaisse le classement final de cette saison régulière. Il y a encore deux semaines, on ne connaissait même pas encore complètement le casting du top 8. La faute à la résistance d’une surprenante formation mameroise, qui a failli brouiller les cartes. Il faut dire que le promu a réalisé un départ canon (4-0 puis 5-1) qui lui a permis de se mêler presque jusqu’au bout à la lutte pour la huitième place. Qui est finalement revenue au Sparta.

Si un tel scénario a été possible et si les places 3 à 8 auraient pu bouger jusqu’à la toute dernière journée, c’est aussi et surtout parce que, cette année, comme on aime à la dire si bien, «tout le monde peut battre tout le monde». On a parlé d’Etzella, battu par Gréngewald, on peut rajouter les Pikes, qui s’offrent le scalp de la Résidence ou Esch, Kordall, lanterne rouge mais qui a poussé en prolongations les deux meilleures équipes du pays… les exemples pullulent. Et tout cela fait qu’à chaque journée, les cartes pouvaient être rebattues.

CETTE FOIS, ON JOUE À TROIS!

L’an passé, plusieurs équipes n’hésitaient pas à aligner parfois trois pros. Ou en tout cas trois non-JICL. Avec toutefois le choix, en tout cas, affirmé, de ne jamais ou pratiquement jamais mettre les trois sur le parquet. Histoire de respecter le fameux gentlemen’s agreement qui veut qu’on ne joue pas avec plus de deux en même temps. Mais, par définition, il s’agit d’un accord plus ou moins tacite. En tout cas, non écrit. Et qui peut donc être parfaitement contourné.

C’est ainsi que cette saison, il est plus facile de compter les équipes qui jouent avec deux. Que celles qui jouent avec trois. Les «petits» n’ont pas le choix. Sans leurs trois non-JICL, Gréngewald, Mamer ou Kordall n’auraient pas autant de victoires.

Mais même plus haut dans le classement, d’autres n’hésitent pas à aligner trois pros. On peut parler de l’Amicale avec Scott Morton, de la Résidence qui, après avoir pensé entamer la saison avec deux, a finalement rapidement décidé de passer à trois, sans que ce soit une grande réussite, de Contern ou encore de Dudelange. On trouve malgré tout des contre-exemples. Malgré une saison très compliquée dès le début, les Musel Pikes ont décidé – même si la raison est peut-être également économique – qu’ils joueraient avec deux pros. Quant au Sparta, il a affirmé depuis longtemps haut et fort qu’il n’aurait que deux US dans ses rangs. Et parfois même encore moins. Si les Pikes risquent d’avoir du mal à se maintenir, les Bertrangeois ont quant à eux réalisé un parcours en dents de scie mais qui s’est bien terminé.

UNE SAISON MOUVEMENTÉE

Si cette saison a été plus ouverte que les autres, c’est pour plusieurs raisons. On l’a dit, le recours à trois Américains change, qu’on le veuille ou non, la donne. Certains trouvent que c’est un progrès, car ça apporte de la qualité, y compris à l’entraînement. D’autres, comme l’entraîneur national Ken Diederich notamment, sont d’avis que c’est une erreur, qui barre la route à des jeunes Luxembourgeois pleins d’avenir.

Mais cette saison a été également animée avec des mouvements inattendus. Ça a commencé par le T71 qui doit se passer pendant un temps certain de Joe Kalmes, gêné par des pépins qui n’ont rien à voir avec le basket et qui voit un de ses piliers, Mihailo Andjelkovic, les lâcher à quelques semaines du début du championnat. Yves Defraigne a malgré tout trouvé les solutions pour permettre au T71 d’être présent au rendez-vous. Et avec le retour de l’intérieur international, d’espérer jouer les trouble-fêtes dans les play-offs. Avec une affiche historique d’entrée face au voisin eschois. Esch, justement. Le champion a connu des hauts et des bas. Et n’a, encore une fois, pas été épargné par les blessures. On peut parler de Jeffry Monteiro Neves, opéré du coude, d’Alex Rodenbourg qui s’est demandé si sa saison n’était pas terminée, de Thomas Grün, opéré du coude, de Jordan Hicks, Clancy Rugg… tous ont passé un temps plus ou moins long à l’infirmerie. Si bien qu’alors qu’on a joué 22 matches en saison régulière, Franck Mériguet a du mal à savoir de quoi son équipe, qui reste malgré tout la meilleure défense du pays, est capable.

Et puis, il y a le Sparta. L’équipe a débuté en devant se passer pour de très longs mois encore de Mike Feipel. Mais les joueurs de Christophe Flammang à l’époque, sont tombés comme des mouches. Un Américain de grande taille, sur lequel l’équipe avait basé son jeu, s’est gravement blessé, saison terminée, il fallait tout reprendre à zéro. Yannick Verbeelen, Colin Braun, Isak Semedo Linder, Nicolas Toussaint… la liste des blessés pendant un temps plus ou moins long est longue comme le bras. Et, épuisé mentalement, le coach a jeté l’éponge au tout début de l’année 2024. Depuis, le Sparta a retrouvé de l’allant avec Karl Abou Khalil. S’est qualifié pour les play-offs. Et disputera même la finale de la Coupe samedi face à la Résidence. Bertrange va mieux. Mais les pépins de santé ont rattrapé le Sparta qui a terminé sa saison régulière sans aucun pro. Puisque l’un était malade et l’autre blessé. Quand ça ne veut pas…

QUID DES PLAY-OFFS?

On connaît désormais les quatre affiches des play-offs. Tout le monde se rappelle qu’il y a deux ans, la finale avait opposé le septième au huitième. Qu’en sera-t-il cette saison? Sur le papier, l’Amicale semble malgré tout avoir les faveurs du pronostic. Mais la vérité du jour n’étant pas celle du lendemain et avec tout ce qui s’est passé depuis le début de la saison, tout est possible pour les huit équipes encore en lice.

… ET DU MAINTIEN?

Lavone Holland et Mamer abordent les play-downs en position de force. Photo : luis mangorrinha

Le Mambra a terminé la saison régulière avec 8 succès, soit deux de plus que ses plus proches rivaux. Avec seulement six matches à jouer dans les play-downs, Mamer a d’ores et déjà fait un très grand pas vers le maintien. Derrière, la lutte s’annonce très chaude pour échapper aux deux dernières places synonymes de relégation. Et pour arracher la deuxième, qui permettrait de jouer sa survie face au troisième de N2. On l’aura compris, c’est suspense à tous les étages. Cette saison est encore très loin d’être terminée.