Thomas Grün a achevé sa saison avec Trèves, samedi, avec 31 points de sa part. L’international revient sur un exercice 2020/2021 au goût d’inachevé.
SA SAISON
«C’était compliqué»
Thomas Grün : La saison s’est terminée plus tôt qu’on ne l’espérait, même si cela faisait quelques matches qu’on jouait juste pour la terminer. En effet, ça a été compliqué tout du long. On a eu de la malchance au niveau des blessures. Dès le début, Jermaine Bucknor, notre capitaine, s’est blessé pour toute la saison après un seul match. Brody Clarke, qui devait être notre poste 4, n’a même pas pu jouer le premier match, car il était aussi blessé. Il est retourné au Canada et n’est revenu que pour les dernières rencontres de la saison. En plus, le coach veut bâtir une équipe sur la durée. C’est clair qu’au début on n’est pas l’équipe la plus forte, mais souvent à partir des matches retour, on est beaucoup plus forts, on défend mieux. Les deux quarantaines et les changements de joueurs pour remplacer les blessés n’ont pas aidé non plus à progresser.
Tu as deux choix. Soit tu arrêtes ta saison pourrie par un match pourri. Soit tu oublies tout et tu essaies de faire un bon match
SON DERNIER MATCH À 31 POINTS
«Je voulais terminer sur une bonne note»
Lors des derniers matches, j’étais déçu de mon niveau. Il faut dire qu’après la deuxième quarantaine, celle où j’ai moi-même été malade, j’ai eu du mal à retrouver mon rythme. À récupérer. En plus, on enchaînait les matches, les cinq derniers, en l’espace de neuf jours et les deux ou trois avant le dernier, je n’étais vraiment pas bien. Mais je sais qu’on attendait plus de moi. Et moi-même, j’attendais plus de moi.
Je me suis dit que pour le dernier match, contre Ehingen, je voulais terminer sur une bonne note. Bien sûr, je ne suis pas rentré dans le match en me disant que j’allais mettre 30 points. D’ailleurs, j’ai mal débuté en ratant un lay-up, en commettant une faute et en perdant un ballon. Là, je me suis dit : « tu as deux choix. Soit tu arrêtes ta saison pourrie par un match pourri. Soit tu oublies tout et tu essaies de faire un bon match. » Je ne me suis pas dit que j’allais scorer plein de points, mais que j’allais être agressif, j’allais attaquer le panier. Et ne pas être passif. Et du coup, en première mi-temps, j’ai remarqué que j’avais une bonne main. J’ai eu un premier tir à trois points ouvert, je l’ai mis. Puis un autre, qui est rentré aussi. Là, j’ai vu que ça avait l’air de bien fonctionner. Un troisième, cette fois semi-ouvert, qui est aussi rentré. Je crois que j’ai terminé la mi-temps avec un 6/6 à trois points. En fait, je suis rentré dans le match grâce à mes shots. En deuxième mi-temps, on m’a plus défendu sur le tir, ce qui m’a permis d’attaquer le panier. Je tiens d’ailleurs à remercier encore tous mes coéquipiers qui ont vu que j’avais la main chaude.
Franchir la barrière des 30 points, c’est quand même quelque chose de spécial. Mais il faut dire que j’ai beaucoup travaillé sur mon shoot, notamment cette saison et c’est bien que ça porte ses fruits. C’était certainement mon meilleur match, mais il y en a eu d’autres, bien plus importants, où j’ai bien joué également.
Mon contrat ? Ce qui est sûr, c’est que je ne suis plus un petit jeune. Maintenant, j’ai envie de jouer et d’avoir des responsabilités
SON CONTRAT
«Je n’ai plus qu’à signer»
J’arrive à la fin de mon contrat de deux ans. Il ne reste plus que quelques détails à régler et ensuite je n’ai plus qu’à signer. Je ne peux pas dire où je vais aller, mais on devrait en savoir plus dans les deux semaines qui viennent. Ce qui est sûr, c’est que je ne suis plus un petit jeune. Je vais privilégier une situation où je suis à l’aise dans ma vie privée. Je ne suis plus à l’âge où je me dis que je vais tout faire pour tenter d’aller en Bundesliga, travailler pour recevoir ma chance. Je l’aurais fait à 18 ou 22 ans. Mais maintenant, j’ai envie de jouer et d’avoir des responsabilités.
SA MARGE DE PROGRESSION
«Je dois à nouveau attaquer le panier»
Cette saison, j’ai beaucoup travaillé et progressé dans le domaine du shoot. Mais ce faisant, j’ai un peu perdu en agressivité en attaquant le panier. Si j’ai survécu en Pro A, c’est en attaquant le panier et ce serait dommage de l’oublier complètement. Le prochain pas, c’est donc de trouver la bonne balance pour être dangereux non seulement avec mon tir mais également mes pénétrations.»
L’ÉQUIPE NATIONALE
«On a encore franchi un pas»
On a encore franchi un pas dans la bonne direction. En Slovaquie, on a bien jouer. On a pu gagner un match, ce qui est très bien. Surtout qu’on l’a fait deux jours après avoir perdu un premier match. Rebondir en si peu de temps, c’est fort. Battre la Slovaquie en Slovaquie, c’est quand même énorme. Ensuite, personnellement, j’étais déçu de ne pas avoir pu aller avec l’équipe au Kosovo à cause du Covid. Mais ça m’a fait plaisir de regarder les matches à la télé. Maintenant, c’est plus facile à regarder quand on gagne. On a moins le sentiment d’avoir abandonné son équipe. Contre l’Islande, c’était vraiment très dur. Les voir mettre ce shoot à trois points à la dernière seconde, ce n’était pas facile. On a fait un super match, mais je pense qu’on ne le perd pas sur cette dernière action. On a raté quelques occasions de faire un plus gros écart. C’est dommage, car remporter les deux matches, ça aurait été énorme. Maintenant, c’est comme cela.
Et je pense qu’à l’avenir, des rencontres comme celle face à l’Islande, on les remportera. Si on regarde la situation, ça promet pour le futur. On a Alex (Laurent), Clancy et moi qui devons nous adapter à notre rôle de leader. Si Oli (Vujakovic), Ben (Kovac) et Ivan (Delgado) franchissent également un palier supplémentaire et avec des joueurs comme Philippe (Gutenkauf), Mihailo (Andjelkovic) et tout un tas de jeunes prometteurs, le niveau de l’équipe va encore progresser.
LE COVID
«Presque tout le monde l’a eu»
Presque tout le monde l’a eu dans l’équipe, à part deux ou trois. On pense que c’est venu de l’extérieur. Personne n’est fautif, mais quand tu fais huit heures de bus, même avec un masque, difficile de ne pas l’attraper si quelqu’un l’a. En ce qui me concerne, quand je l’ai attrapé, j’ai d’abord fait un test rapide et certains sont revenus positifs. Tout le monde a dû rentrer. Je me sentais encore bien. J’ai dû attendre deux jours pour faire un test PCR et là, déjà, je ne me sentais pas en forme, j’avais mal à la tête. Quand on m’a appelé deux jours plus tard pour me dire que j’étais positif, ce n’était pas une surprise. On reste chez soi pendant deux semaines, tu n’as pas le droit de sortir ni de t’entraîner et le club te livre tes courses. On a connu deux quarantaines. Après la première, on a perdu à la maison contre Ehingen, parce qu’on était crevés. Et après la deuxième, on est allé perdre à Heidelberg, mais on n’avait vraiment pas mal joué. Sur la fin, le manque de condition physique a fait la différence. Sur un plan perso, lors de la première quarantaine, j’ai pu faire du vélo sur les rouleaux. Mais lors de la seconde, je n’ai rien fait pendant une semaine. Dès que j’étais levé pendant un quart d’heure, j’étais complètement crevé.
L’ABSENCE DE SPECTATEURS
«Des salles remplies, honnêtement, je n’y crois pas»
Au début, cela fait bizarre de jouer sans personne dans les tribunes. Par la suite, tu t’y habitues. Mais personnellement, je trouve que le plus dur, c’est en fin de saison. Tu commences à être fatigué, à avoir les jambes lourdes. Et c’est dur mentalement de se motiver tout seul sans avoir le soutien des fans. En temps normal, quand tu traverses une mauvaise passe, dès que tu mets deux paniers à trois points de suite, la salle explose et c’est reparti. Là, si tu marques ces paniers, le banc fait du bruit quelques secondes et puis c’est fini… Maintenant je ne sais pas quoi attendre pour la prochaine saison. Des salles complètement remplies, honnêtement, je n’y crois pas. J’ai un tout petit espoir de voir quelques spectateurs venir dans les salles, mais pas en début de saison.
ET MAINTENANT ?
«Mon corps a besoin de repos»
Je suis crevé. Mon corps a besoin de faire une pause. Les premières semaines, je ne vais vraiment rien faire. Après, je ferai beaucoup de vélo pour garder la forme et je vais essayer de me trouver un petit groupe pour m’entraîner. Et puis, je vais aussi étudier. Je suis en deuxième semestre en management du sport et je profite de la pause estivale pour travailler mes cours et passer des examens quand je me sens prêt. Pendant la saison, ce n’est pas possible, car chaque jour on est soit à la veille, soit au lendemain d’un match. Je peux tout faire en ligne et je peux m’organiser comme je le veux. Je veux avoir mon bachelor pour qu’une fois ma carrière terminée, vers 30-32 ans, je puisse commencer à bosser dans un domaine qui m’intéresse.
Entretien avec Romain Haas