APRÈS LA 18e JOURNÉE EN NATIONALE 1 La sensation de cette journée est la victoire du Sparta contre Esch. Le pari du tout Luxembourgeois semble payer.
Quand le Sparta avait annoncé, avant la reprise du championnat, sa décision de continuer la saison sans joueur américain, on pouvait se poser des questions. Évidemment, d’un point de vue financier, c’était une bonne chose puisque ça économise deux salaires. Sur le plan des conséquences, aucun risque puisqu’il n’y a pas de descente. Mais à bien y regarder de plus près, cette décision se tient aussi sur le plan purement sportif. En effet, à la différence du Telstar, qui a fait ce choix car il n’avait plus rien à jouer, Bertrange a pris cette direction afin de laisser du temps de jeu à tous ses joueurs. Il faut dire qu’entre Mathis Wolff, Pitt Koster, Mike Feipel, Yannick Verbeelen pour ne citer qu’eux, le club regorge de talents, d’internationaux ou ancien international qui profitent de cette situation pour continuer de s’aguerrir.
Bien sûr, les résultats bruts sont ce qu’ils sont. Avant la journée de ce week-end, les hommes de Pascal Meurs ne comptaient que deux victoires pour quinze revers. Mais la plupart du temps, le Sparta s’inclinait de peu, cédant généralement sur la fin face à des formations pourvues, elles, de deux pros.
Samedi, face au Basket Esch, le Sparta, privé de Yannick Verbeelen, assez sérieusement touché au genou contre le Racing et qui ne jouera plus de la saison, a livré certainement sa plus belle prestation de la saison : «On a mérité cette victoire, on a dominé tout le match», se réjouit Pitt Koster. Lequel reconnaît également des éléments favorables : «On a eu de la chance qu’ils n’aient pas Miles, qui est le moteur de leur équipe. Et je pense qu’ils étaient un peu fatigués. Mais on a su en profiter.» Effectivement, les Eschois enchaînent un match tous les trois jours depuis plus d’un mois, à une exception près. Et ils doivent se passer depuis deux rencontres de Miles Jackson-Carwright, qui forme avec Clancy Rugg, peut-être la meilleure paire US du championnat.
Il n’empêche qu’il fallait quand même aller chercher ce match. Et les Bertrangeois l’ont fait de belle manière : «Avant le match, Pitt nous a dit qu’on allait gagner. Tout le monde bien joué. On a été collectifs, tous ont beaucoup marqué. Et après avoir pris 25 points en premier quart, on a rectifié la situation au suivant», évoque Mike Feipel, auteur de 17 points, l’un des six joueurs à avoir scoré 10 points ou plus face à Esch. Pour Yannick Verbeelen, qui a suivi la rencontre du banc : «On a fait une grosse prestation collective, en attaque comme en défense.»
Déjà fatigués, les Eschois ont, en plus, dû composer avec un gameplan bien préparé : «On a beaucoup switché en défense, passant d’une man to man, à une zone, puis une triangle and two», précise encore Pitt Koster, très fier de ce que ses jeunes coéquipiers ont accompli.
Son coach partage la même opinion : «C’était un de nos meilleurs matches de la saison. Avec du basket attractif, un collectif en grande forme et en confiance et six joueurs à 10 points et plus. Pour moi, ce match est la preuve que le club a pris la bonne décision avec ce projet.» Le projet évoqué par le technicien belge est évidemment la décision de se passer de joueur US cette saison. Une situation qui permet de donner du temps de jeu à tout le monde. Et cela tombe bien, car les petits jeunes mettent le nez à la fenêtre, à l’image d’un Max Logelin, starter samedi (11 pts, 3 rebonds, 3 passes, 1 contre) ou encore de Nicolas Toussaint qui apprennent aux côtés de Pitt Koster : «On a un cadre très large», résume l’arrière, qui prendra sa retraite dans quatre matches.
Objectif 10e place
Le Sparta peut-il se permettre de procéder de la même manière la saison prochaine, il est encore trop tôt pour le dire. Mais pour Mike Feipel, c’est quand même compliqué : «Jouer sans Américain, ce n’est pas évident. Cela demande vraiment beaucoup d’efforts et je n’aimerais pas que ce soit le cas la saison prochaine. D’après ce que j’ai entendu, on ne jouera pas sans Américain. Maintenant, est-ce qu’on en aura un ou deux, aucune idée.» Même sentiment pour Pitt Koster : «Ne pas prendre d’Américain pour cette saison, c’était la bonne décision. Mais si tu ambitionnes de jouer quelque chose et que les autres ont des pros, tu ne peux pas t’en passer.»
Ce qui est sûr, c’est que le Sparta repart avec pratiquement les mêmes hommes la saison prochaine. En effet, le duo Pascal Meurs – Chris Wulff a prolongé d’une saison et les joueurs ont, dans leur grande majorité, décidé de rempiler. La seule incertitude concerne Philippe et Mathieu Arendt, les fils du président Frank Arendt, lequel aurait décidé de quitter son poste après l’annonce de la prolongation de Pascal Meurs : «Je ne ferai aucun commentaire sur ce point. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis arrivé il y a 16 mois et que je suis ravi de la progression, tant individuelle que collective. On reçoit beaucoup de compliments sur notre style de jeu. Je suis ravi de continuer ce projet avec Chris Wulff à mes côtés. Le fait d’avoir le soutien et la confiance de l’équipe, du comité et du staff était quelque chose de crucial pour moi. Le Sparta est la troisième équipe que j’entraîne au Luxembourg et j’invite tout le monde à contacter n’importe quel joueur pour avoir un retour sur ma manière de gérer une équipe.» Dont acte.
Mais avant de se pencher sur la saison prochaine, il en est une à terminer. Avec encore quelques objectifs : «Il y a quelques semaines, on s’était dit qu’on voulait absolument battre le Telstar, l’Amicale et une autre équipe. On l’a fait en battant Esch, maintenant, il faut le faire contre l’Amicale», explique Mike Feipel, en évoquant le déplacement, demain, au hall Alain-Marchetti. Battus de 11 points à l’Atert, les Bertrangeois, à égalité de points avec l’Amicale, peuvent lui passer devant en cas de victoire. Actuel avant-dernier, le Sparta se fixe pour but d’éviter les deux dernières places, synonymes, en temps habituel, de relégation automatique à l’échelon inférieur. S’il y parvient, il aura prouvé, pour ceux qui n’en étaient pas encore convaincus, qu’il avait les ressources luxembourgeoises nécessaires pour faire bonne figure. Même contre des équipes avec des pros.
Romain Haas