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[Basket] Retour sur un rêve devenu cauchemar


Anne Simon et les Luxembourgeoises peuvent être très fières de leur parcours. Même s’il s’est achevé de manière brutale, dimanche au Monténégro. (Photo : fiba)

APRÈS LES QUALIFIERS DE L’EURO-2025 Un début de parcours idéal qui se termine en terrible queue de poisson. Pendant des mois, les Luxembourgeoises nous ont fait rêver. Retour sur une épopée incroyable.

Dimanche, les basketteuses luxembourgeoises ont vu leurs espoirs de s’inviter à la phase finale d’un championnat d’Europe se briser sur une équipe monténégrine surmotivée à l’idée de prendre sa revanche après une défaite un peu humiliante à la Coque. Les joueuses de Mariusz Dziurdzia ont échoué dans leur folle quête. L’heure est aux questions.

LES LUXEMBOURGEOISES PEUVENT-ELLES ÊTRE FIÈRES DE LEUR PARCOURS ?

Quatre victoires en six matches, objectivement, la réponse est oui. Si, avant le début de cette campagne de qualification européenne, on leur avait dit qu’elles auraient un tel bilan et qu’elles termineraient avec le même nombre de points que les deux premiers, on peut être quasiment certain que tout le monde aurait signé. Mais ça, c’était avant. Avant qu’elles n’enchaînent les victoires et qu’elles commencent à y croire : «C’est encore plus frustrant, car on était un peu dans un rêve. Et on est tombées dans un cauchemar», expliquait d’ailleurs Magaly Meynadier, la capitaine, après la raclée subie au Monténégro.

Mais il ne faut pas oublier qu’il y a encore quelques années, le simple fait de remporter ne serait-ce qu’un match officiel (hors JPEE) était déjà un exploit. Là, on parle de quatre succès. Clairement, la pente est ascendante.

ONT-ELLES PERDU LEUR PLACE À L’EURO DIMANCHE ?

Clairement non. Le Monténégro, à domicile, était tout simplement injouable : «Tu as beau défendre à fond, te jeter sur toutes les balles, mais elles trouvent toujours un moyen de marquer. Elles ne ratent rien, elles prennent la confiance. Et ça fait très mal», indiquait encore la capitaine de la sélection.

Effectivement, d’entrée, elles ont subi la loi dans la raquette de l’immense naturalisée Américaine Natasha Mack (1,91 m), qui évolue habituellement en WNBA. Et comme les shooteuses ont immédiatement brillé (6/12 à trois points après le premier quart), l’écart a vite enflé (10-0 puis 31-12 au bout des dix premières minutes). Elles ont limité la casse à la pause  (11 pts de retard), sont même revenues sous la barre des 10 pts, synonyme de première place et donc de qualification au retour des vestiaires. Mais par la suite, elles ont à nouveau subi le physique et l’adresse de Monténégrines surmotivées. Il fallait perdre de moins de 24 pts pour terminer deuxièmes. Il y avait -23 à dix minutes de la fin. Un coup de chaud de Mack et un énième missile longue distance ont envoyé le Luxembourg à plus de 30 points de retard. Et malgré leur bonne volonté, les joueuses grand-ducales avaient pris un énorme coup sur la tête. Et n’ont jamais pu espérer refaire un tant soit peu leur retard.

PEUVENT-ELLES NOURRIR DES REGRETS ?

Forcément : «Quand on voit ce qui s’est passé, bien sûr, on repense à la Suisse.» Évidemment, c’est le match qui reste en travers de la gorge des joueuses de Mariusz Dziurdzia, lequel reconnaît continuer de faire des cauchemars après cette terrible désillusion. Trois jours après ce qui restera certainement comme, jusque-là, le plus grand match de leur histoire, avec une humiliation infligée à l’ogre monténégrin, jusqu’alors invaincu, elles ont complètement déjoué face à la Suisse. Peut-être inconsciemment, elles ont joué avec le frein à main. Alors que tout marchait trois jours plus tôt, rien ne fonctionnait. Et en face, les Helvètes, qui avaient à cœur de prendre leur revanche sur une équipe contre qui elles se sont régulièrement cassé les dents ces dernières saisons, étaient comme des mortes de faim. Pour elles, la victoire était obligatoire pour continuer de croire en une possible qualification et on ne sentait pas la même urgence dans les rangs luxembourgeois. Et, bien sûr, la blessure d’Ehis Etute dans le troisième quart a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

QU’EST-CE QUI LEUR A MANQUÉ ?

L’un des tournants de cette campagne : la blessure d’Ehis Etute contre la Suisse. L’intérieure, retenue par les Ducks, a cruellement manqué pour cette dernière fenêtre. Photo : jeff lahr

Des joueuses Il s’agissait des matches les plus importants de l’histoire du basket luxembourgeois. Et malheureusement, c’est avec une équipe loin d’être au complet, pour différentes raisons, que le déplacement s’est effectué : «C’est vraiment dommage d’avoir toutes ces blessées et ces absentes parmi nos joueuses expérimentées. Si elles avaient été là, on aurait eu plus d’arguments pour essayer au moins de ne pas perdre de plus de 24 pts.» En effet, on le rappelle, avec une défaite comprise entre 11 et 24 pts, le Luxembourg aurait terminé à la deuxième place… et se serait qualifié. Et il est sûr que si Ehis Etute avait été présente, elle aurait pu davantage peser dans la raquette et le match aurait pu être différent. Et si on ajoute toutes les autres absentes, la plupart blessées ou retenues pour raisons professionnelles, comme Catherine Mreches, Mandy Geniets, Cathrin Wolff, Joy Baum ou Michelle Dittgen, c’est autant d’expérience et de talent en plus qui auraient pu faire pencher la balance dans une autre direction. Mais avec des si…

Plus de pros On l’a constaté, l’équipe tourne autour de trois joueuses : Anne Simon, Magaly Meynadier et Amanda Cahill. Comme par hasard : trois pros! Qui savent répondre présent. Prendre leur responsabilité. Et faire la différence. Pour l’adversaire, la donne était assez simple : «Elles avaient trois joueuses à surveiller. C’est la grande différence entre une équipe de pros et une équipe comme nous avec surtout des amatrices. Elles ont une très grande rotation et quand une fille en remplace une autre, le niveau ne baisse pas. Elle apporte tout de suite quelque chose.» En rejoignant le monde pro, les filles sont confrontées à des joueuses bien plus fortes qu’au Luxembourg. Elles forgent leur physique et leur mental. Et font profiter de leur expérience quand elles débarquent en équipe nationale. On ne peut qu’encourager les talents grand-ducaux à prendre le risque de s’expatrier. C’est de là que viendra le salut de la continuité du développement de l’équipe nationale.

De la taille Malheureusement, c’est un facteur sur lequel personne n’a aucun impact. Mais force est de constater qu’à ce niveau de la compétition, ne pas avoir des filles qui font 1,85 m, 1,90 m ou plus, est un problème. Et qu’on le veuille ou non, en basket, la taille, ça compte. Et sur ce plan, les Luxembourgeoises sont souvent les plus mal loties.

ONT-ELLES RATÉ UNE OCCASION UNIQUE ?

Malheureusement oui, on peut le craindre. Contrairement à ce qui se passe chez les messieurs, obligés de passer par d’interminables phases de pré, voire de pré-préqualifications, les dames étaient toutes logées à la même enseigne. Si bien que des équipes très fortes pouvaient très bien tomber contre des équipes qui, clairement, n’ont rien à faire face à elles. On pense notamment à l’équipe de France, qui a atomisé ses adversaires avec plus de cinquante points de moyenne et qui a collé un invraisemblable et un peu gênant 125-24 à l’Irlande, il y a quelques jours. Mais la FIBA est consciente de ce problème. Et a décidé d’y remédier. En effet, lors de sa réunion du mois de novembre dernier, elle a décidé d’adopter un nouveau mode de qualification pour l’Euro. Elles seront désormais réparties en deux phases. Une première, qui concernera les équipes les moins fortes. Avant l’entrée en lice des cadors lors de la seconde phase. Par cadors, on entend les équipes qui auront participé aux TQO ou aux tournois de qualification pour la Coupe du monde. En clair, les Luxembourgeoises devront désormais passer par une phase supplémentaire pour avoir une chance de toucher à nouveau du doigt le rêve européen.

Leur parcours

Suisse – Luxembourg…48-56

Luxembourg – Bosnie…77-64

Luxembourg – Monténégro…71-49

Luxembourg – Suisse…44-59

Bosnie – Luxembourg…37-78

Monténégro – Luxembourg…86-53

Classement : 1. Monténégro 10 pts (6;+81); 2. Suisse 10 (6;+58); 3. Luxembourg 10 (6;+36); 4. Bosnie 6 (6;-175)