Après avoir subi la loi du Portugal, les Luxembourgeois ont été pulvérisés par la Suède (76-129). Beaucoup plus forte.
Cette invitation avait tout d’un cadeau empoisonné. Certes, le Luxembourg a fait d’énormes progrès depuis que Ken Diederich est arrivé à sa tête, mais là, on parle quand même d’équipes entièrement professionnelles avec des joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens.
«C’est au-dessus. C’est du très haut niveau européen», indiquait le sélectionneur luxembourgeois au moment d’évoquer le deuxième tour de ces préqualifications pour le Mondial-2023. Les joueurs grand-ducaux avaient bénéficié de leur statut de meilleur troisième du premier tour de ces préqualifications pour prendre la place de l’Autriche, qui a déclaré forfait. La nouvelle de cette compétition est tombée fin juin, ce qui laissait très peu de temps pour se préparer.
Malgré tout, c’est avec un bel enthousiasme que Thomas Grün et ses coéquipiers se sont lancés dans l’aventure de Matosinhos, dans la banlieue de Porto, où ils doivent affronter non seulement des adversaires de très haut niveau, mais également des restrictions très strictes, pas forcément évidentes pour des joueurs dont la grande majorité est, il faut le rappeler, amatrice. Ken Diederich a réussi à organiser une quinzaine d’entraînements avec ses joueurs avant de rejoindre le Portugal.
Vendredi, ils ont limité la casse face au Portugal (83-74), même s’ils ont globalement été dominés. Samedi, ils savaient qu’ils risquaient de souffrir face à une Suède présentée comme favorite du groupe – même si de toute façon les deux premiers sur les trois se qualifient pour les qualifications – mais qui a été surprise d’entrée par le Portugal (79-77). Face aux joueurs lusitaniens, les joueurs grand-ducaux avaient inscrit le premier panier et même réussi à mener jusqu’à 10-9, avant que leurs adversaires ne prennent leurs aises.
Trop vite, trop fort!
Mais samedi, on a vite compris que l’équation serait trop compliquée à résoudre : plus physiques, plus adroits, intraitables dans la raquette, notamment avec un Simon Birgander qui impose ses 210 cm sous la toise, les hommes de Hugo Munoz ne seront jamais en danger. La moindre action ratée côté Luxembourg était immanquablement sanctionnée, le plus souvent à trois points par des Scandinaves qui ont respecté leur adversaire. Et ne lui ont jamais laissé le moindre espoir. Et quand bien même l’ogive n’était-elle pas assez précise, pas de problème : les Suédois dominaient tellement dans la raquette qu’ils ont eu des deuxièmes, voire troisièmes, chances à l’envi (52 rebonds à 21!). Samedi, ça allait trop vite, c’était trop fort et les paniers ont défilé. Et les points se sont enchaînés : 50 points encaissés avant même le quart d’heure de jeu, l’addition s’annonçait salée.
Bon an mal an, Clancy Rugg, loin d’être à 100 % avec une cheville douloureuse et ses compatriotes ont essayé d’inscrire quelques points. Ils atteignent même la mi-temps avec 42 points à leur actif, ce qui n’est pas neutre. Mais au prix de combien d’efforts. Vingt-et-un points de retard à la pause, rien n’est rédhibitoire. Mais on ne voit clairement pas comment Mathis Wolff, auteur d’ailleurs d’une bonne entrée avec plein de culot, et compagnie pourraient réussir à inverser la tendance. Et malheureusement, le retour des vestiaires est violent. Un 12-0 pour reprendre, avant que Thomas Grün, après un temps mort, ne stoppe quelque peu l’hémorragie en marquant deux des neuf malheureux points inscrits par le Luxembourg dans ce quart apocalyptique.
L’issue ne fait guère de doute depuis belle lurette, mais la question est de savoir à combien se montera l’humiliation, car il n’y a pas d’autre mot : en voyant Melwin Pantzar scorer le 101e point alors qu’il reste encore une minute dans le troisième quart, on sait que la douloureuse le sera vraiment. Dix minutes plus tard, avec deux formations qui ont largement ouvert leur banc, le score est sans appel : 76-129. De très loin la plus grosse raclée subie par Ken Diederich et ses hommes depuis qu’il est aux commandes.
Les Luxembourgeois n’ont pas grand-chose à se reprocher. Seulement ils sont tombés sur beaucoup, beaucoup, beaucoup plus forts qu’eux. Des pros jusqu’au bout des ongles, qui évoluent en Allemagne, en Espagne, qui vivent basket matin, midi et soir alors que la grande majorité des hommes de Ken Diederich, même si la tendance va dans le bon sens, occupent une activité professionnelle 40 heures par semaine ou poursuivent des études.
Cette participation à une telle compétition avait tout d’un cadeau empoisonné. Un cadeau qui va encore se prolonger un peu, puisque le Luxembourg retrouve ses deux adversaires demain et mercredi. Ça s’annonce compliqué…
Romain Haas