Pitt Koster va disputer, samedi, le dernier match de son énorme carrière. L’occasion était trop belle de revenir avec lui sur ce pan entier de sa vie.
De ses débuts à Soleuvre en baby basket en passant par ses titres avec Steinsel, ses rencontres avec l’équipe nationale et ce dernier rendez-vous, samedi, contre son ancien club de la Résidence, le meneur du Sparta, qui file sur ses 32 ans, a abordé tous les sujets.
SON ÉTAT D’ESPRIT
«Fier de tout ce que j’ai fait»
C’est un peu bizarre de savoir que c’est bientôt fini. Mais en même temps, je suis plutôt soulagé. Savoir que cette étape de ma vie est terminée. Je suis fier de tout ce que j’ai fait. Je sais vraiment à 100% que j’ai pris la bonne décision en choisissant de m’arrêter. Je suis prêt à m’arrêter.
LE POURQUOI DE CET ARRÊT
«La décision est prise depuis longtemps»
Il n’y a pas de raison particulière, mais je me dit que ça suffit. Toutes ces années, c’est beaucoup de sacrifices, on ne voit pas ses amis, sa famille. Maintenant, physiquement ça fait mal. Je n’aurais pas pu faire une saison de plus. Moi j’ai une petite fille de 2 ans et demi et ma décision était prise depuis longtemps. Et quand j’ai appris que ma copine était enceinte de jumeaux, ça a balayé les éventuels derniers doutes.
LA DER FACE À WALFER
«Un signe du destin»
C’est cool de terminer contre la Résidence. J’ai connu de très belles saisons à Walferdange et même s’il n’y a plus personne avec qui j’ai joué, c’est sympa de jouer mon dernier match contre eux. C’est un petit signe du destin. En plus, le public sera autorisé, je suis content que mes parents, qui sont venus à pratiquement chacun de mes matches, et ma copine puissent venir. C’est quelque chose de très important pour moi.
SES PREMIERS SOUVENIRS
«On avait gagné 7 tournois à l’étranger en une saison»
J’ai commencé le basket vers 5-6 ans, à Soleuvre en baby basket. Apparemment, ça m’a fasciné, puisque je n’ai jamais dit à mes parents que je ne voulais plus y aller. Je me rappelle qu’en poussins on avait une très bonne équipe, avec notamment Tom Donnersbach. On était entraînés par son père Gilles et tous les week-ends, avec les parents, on partait en bus. Pendant un an, on n’a pas perdu un match et on a gagné sept tournois à l’étranger. C’était vraiment cool.
SON TALENT
«J’ai senti que je pouvais un jour jouer en seniors»
Je ne dirais pas que j’ai dominé les matches, mais dès le début, j’étais au niveau. J’ai senti quelque part que j’avais le talent pour, un jour, jouer chez les seniors. J’étais dans la salle tous les jours, tous les dimanche j’assistais aux matches de Soleuvre. J’ai regardé les légendes Luc Loesch, Pierre Boever, Christophe Baustert ou Marco Wagner. C’étaient mes héros. J’ai toujours rêvé de jouer devant ce public extraordinaire.
SES DÉBUTS AVEC LES SENIORS
«J’étais encore cadet quand on m’a appelé»
Je devais avoir 15-16 ans, j’étais encore cadet et l’entraîneur François Manti m’a demandé si, après mon entraînement, je pouvais participer à celui des seniors. Physiquement, j’étais le plus petit et le plus maigre, mais c’était cool. J’étais très fier qu’on me demande de m’entraîner avec eux. J’ai joué quelques matches amicaux avec eux et quand j’ai eu 17 ans, j’ai fait mes débuts. C’était à Dudelange et j’étais entré dès le premier quart. Je n’avais pas fait un match énorme, mais pour un gamin de 17 ans, c’était déjà pas mal. Je crois que j’avais mis un point.
LE DÉPART POUR WALFERDANGE
«Je voulais jouer»
Je suis resté deux saisons à Soleuvre. Ensuite nous sommes descendus et comme je voulais jouer en N1, j’ai pris la décision de partir. Je me suis dit qu’à Walferdange j’aurais l’opportunité de jouer. Mon but était de gagner en expérience, de jouer beaucoup de minutes. Je suis resté six ans à la Résidence.
LE RETOUR À SOLEUVRE
«Je voulais essayer de gagner avec eux»
Pendant cinq ans, on a progressé avec l’équipe de la Résidence. Mais lors de la sixième, ça coinçait un peu et on est descendus en N2. Comme mon rêve avait toujours été de gagner un titre avec Soleuvre et que je ne me voyais pas jouer en N2, je suis retourné à Soleuvre. Je savais que ça allait être très difficile, mais je voulais essayer de gagner avec eux. La première saison a été très bonne, on a raté le Final Four de peu. Mais la seconde, on enregistre quelques départs, je suis deux mois out à cause d’une fracture à la main, on a un peu de malchance et on redescend.
L’ARRIVÉE À L’AMICALE
«C’était le bon moment»
Après la saison avec Soleuvre, je me suis dit que si je voulais gagner quelque chose, c’était le bon moment. Je connaissais beaucoup de monde à l’Amicale et il a été rapidement clair pour moi que j’allais les rejoindre. La première année, on fait le doublé. Le premier titre, en Coupe, est forcément beau. Je n’avais jamais connu un tel sentiment. Mais mon rôle n’était pas si important. La deuxième année, j’ai beaucoup plus participé au succès de l’équipe. J’ai gagné deux fois le doublé avec Steinsel.
LE SPARTA POUR TERMINER
«J’ai toujours assumé mes choix»
Après trois ans à Steinsel, l’équipe avait besoin d’un second souffle et moi aussi. On avait été gâtés pendant des années. Je savais que je voulais jouer encore deux saisons, que je voulais prendre du plaisir tous les jours à l’entraînement. J’ai toujours assumé mes choix, toutes mes décisions, je les ai prises avec conviction et je ne les regrette pas. Kevin (Magdowski) m’a contacté pour que je vienne au Sparta. Les joueurs m’ont envoyé des messages en me disant que ça leur plairait que je les rejoigne, alors je me suis dit : let’s go !
SON AVIS SUR BERTRANGE
«Il y a du potentiel»
Pascal (Meurs) est un très bon entraîneur que j’apprécie beaucoup. Son savoir du basket est énorme. C’est sa vie. Il est pro à 100%. Avec lui, les jeunes ont fait de gros progrès et c’est bien qu’il reste à Bertrange la saison prochaine. Je trouve qu’il y a beaucoup de potentiel et je suis content de voir que le Sparta a signé Lavone Holland. Les jeunes ont besoin d’avoir deux pros sur lesquels ils peuvent compter. Ils doivent continuer à travailler dur et je suis sûr qu’ils seront récompensés.
L’ÉQUIPE NATIONALE
«J’ai vécu de bons moments»
J’ai fait toutes les équipes nationales de jeunes. Le premier grand tournoi qu’on a gagné avec l’équipe nationale, c’était le Mini-Europe à Esch. J’étais avec Raul Birenbaum, Laurent Schwartz, Daniel Weyrich, Grégory Schmit, Frank Wiseler, c’était top. J’ai débuté en équipe nationale aux JPEE à Chypre, avec Frank Wiseler, on était les petits jeunes. J’ai participé trois fois aux JPEE. J’ai vécu de bons moments, je n’oublierai jamais mes coéquipiers, mes entraîneurs et tout ce qu’on a fait. En 2016, j’ai décidé d’arrêter, car je voulais pouvoir partir en vacances pendant l’été. C’était le bon moment de dire stop.
SON MEILLEUR SOUVENIR
«L’Allemagne, une super expérience»
Jouer contre l’Allemagne, c’était une super expérience. Tu joues contre des mecs que tu vois à la télé comme Jagla, Schaffartzik. En plus, j’ai fait un bon match, c’était cool !
SON PIRE SOUVENIR
«Trois descentes, ce n’est pas facile»
Au cours de ma carrière, j’ai connu trois descentes en N2, ce n’est pas facile. Ce ne sont jamais des moments sympas, mais ça m’a aussi beaucoup apporté. Cela m’a aidé à ne jamais baisser la tête tout au long de ma carrière. À rester positif et se battre jusqu’au bout. J’ai beaucoup gagné, mais j’ai beaucoup perdu. C’était important de connaître les deux aspects.
SON PLUS GROS CARTON
«J’ai fait quelques bons matches parfois»
Parfois, j’ai sorti un gros match. Mon record, c’était 36 points avec Soleuvre à Contern. Quand tu es en confiance comme cela, tu as l’impression que tu ne peux pas rater. J’avais aussi mis 34 points contre Dudelange et 30 contre Steinsel quand j’étais à Walferdange. Mettre autant de points contre les meilleures équipes du pays, c’est cool !
L’IMAGE QU’IL VOUDRAIT QU’ON GARDE DE LUI
«Je me suis toujours donné à 100%»
J’aimerais qu’on garde de moi l’image d’un joueur qui a toujours tout donné. Peu importe l’équipe dans laquelle je me trouvais, je me suis toujours donné à 100%. J’ai toujours voulu l’emporter, même si je savais qu’on était les underdogs. Un joueur sérieux qui a tout donné pour le basket luxembourgeois. Qui a tout essayé. Tout fait. Et qui n’a pas de regrets.
LA SUITE
«Je vais m’engager sous une forme ou une autre»
La priorité, ce sont les bébés, la famille. Le bénévolat, c’est quelque chose de très important ici au Luxembourg. Sans le bénévolat, il n’y aurait pas de saison de basket ou de foot. Je veux faire quelque chose avec le basket. Je vais m’engager sous une forme ou une autre. Laquelle ? Je ne sais pas encore.
SAMEDI ?
«Peut-être une ou deux larmes»
Je suis quelqu’un de très émotif. La fierté va bien sûr dominer. Je serai soulagé que ce soit fini et que de nouveaux défis m’attendent. Mais il y aura peut-être bien une ou deux larmes.
Recueilli par Romain Haas