[Basket] Nouvel exploit du Luxembourg !

L’équipe nationale, déjà victorieuse de la Slovaquie en Slovaquie, a pris le dessus sur le Kosovo, au Kosovo, dans l’avant-dernier match de la campagne de préqualification du Mondial-2023 (89-99)!

On leur promettait l’enfer. À Pristina, capitale du Kosovo, face au pays-hôte qui peut encore se qualifier et avec un effectif limité à onze éléments et l’absence du co-capitaine Thomas Grün, positif au Covid, rien ne plaidait en faveur des hommes de Ken Diederich, qui disputaient hier leur premier match de la dernière journée des préqualifications pour le Mondial-2023.

Mais décidément, la sélection nationale a clairement franchi un cap ces dernières années. Il est loin le temps où les basketteurs grand-ducaux n’étaient que des faire-valoir, bons à se prendre raclée sur raclée. Désormais, si on veut les battre, il faut aller chercher Alex Laurent et ses coéquipiers!

Il y a un an presque jour pour jour, le Kosovo avait vu passer le vent du boulet. À la Coque, face à un public (et oui) tout acquis à leur cause, les visiteurs ont été tout près de se faire à nouveau battre par le Luxembourg. Et il avait fallu s’en remettre à une adresse insolent à longue distance de seconds couteaux pour décrocher un succès précieux dans la course à la deuxième phase de la compétition.

Ce jeudi soir, les deux formations se retrouvaient face à face. Dans un contexte forcément différent, puisque sans le moindre public, du côté de la capitale du Kosovo. Et alors qu’on pouvait craindre un raz-de-marée des locaux, c’est tout le contraire qui va se passer. Jouant sans complexe, les hommes de Ken Diederich vont rendre coup pour coup à leurs adversaires et proposer, comme à leur habitude, un jeu plaisant qui fait la part belle au collectif. Un groupe homogène, qui ne compte pas de star mais où chacun est prêt à faire les efforts nécessaires pour renverser des montagnes.

Même s’il s’est souvent retrouvé un peu esseulé face aux golgoths adverses, Clancy Rugg a pu compter sur le soutien de ses coéquipiers, toujours prêt à venir gratter un ballon. Plus petits, moins costauds, moins physiques, les Luxembourgeois doivent compenser par la vitesse et l’intelligence de jeu. Avec Philippe Gutenkauf ou Ivan Delgado à la manoeuvre, les passes sont nettes. Tranchantes. Et spectaculaires à l’image de cette magnifique offrande de Delgado à destination d’un Alex Laurent qui claque un alley-hoop qui aurait fait se lever la foule… si foule il y avait.

Le Luxembourg a pris sa dizaine de points d’avance mais n’a jamais réussi à créer un écart qui aurait pu être définitif. Une passe ratée, un ballon relâché, un mauvais choix font que la pause n’est atteinte qu’avec un avantage de neuf points.

Il y a trois mois, ils avaient déjà réalisé une superbe première période contre l’Islande avant de céder au retour des vestiaires. Et malheureusement, on va assister au même scenario avec des Kosovars plus agressifs, plus déterminés, qui profitent de la moindre erreur pour refaire totalement leur retard en moins de cinq minutes. On sent les joueurs grand-ducaux qui commencent à souffrir physiquement. Pas vraiment surprenant puisque, hormis les pros, tous les autres joueurs n’ont pas repris la compétition depuis trois mois : «C’est la plus grande interrogation», confiait, anxieux, l’entraîneur national. Forcément, le manque de rythme, contre un adversaire composé uniquement de joueurs pros et qui eux continuent de jouer le championnat, ça risque de peser dans la balance. Les missiles longue distance s’enchaînent les uns après les autres, le Kosovo passe la surmultipliée et les Luxembourgeois sont dépassés. En moins de sept minutes, le Kosovo a pris les commandes de la rencontre. Un nouveau match vient de commencer.

Il va falloir avoir les nerfs solides. Comme Bobby Melcher. Même s’il est loin d’être à 100%, le génial meneur du Racing sonne la révolte avec un panier à trois points qui redonne un tout petit peu d’air (63-67). Deux lancers de Ben Kovac, qui avait conclu la mi-temps par un tir de loin victorieux au buzzer, une réalisation rageuse de Clancy Rugg et un cavier de l’intérieur eschois pour son ancien coéquipier Ben Kovac, et revoilà le Luxembourg aux affaires (63-73). Décidément, ces gars sont faits d’un sacré bois!

Mais tout est sur un fil. Une brique de Bobby Melcher suivi d’une réalisation du Kosovo et l’avance n’est plus que de cinq unités à l’entame du quatrième et dernier quart. Tout va se jouer en l’espace de dix minutes. Le Luxembourg allait-il tenir? Allait-il s’écrouler physiquement?

Il faut moins de deux minutes au Kosovo pour refaire son retard. Un partout. Balle au centre. C’est très tendu. Le match peut basculer d’un côté comme de l’autre. Sur des détails. Comme sur cette action qui voit Ben Kovac inscrire un panier à trois points, mettre le doigt sur sa bouche dans la foulée et se faire sanctionner d’une faute technique pour le moins sévère. Ou encore sur ces multiples rebonds qui ne permettent pas au Luxembourg d’inscrire de points. Ou encore ces lancers francs ratés par Clancy Rugg… mais tous ces détails n’empêcheront pas la sélection nationale d’écrire son histoire. Dans la dernière minute, Clancy Rugg met ses lancers. La victoire ne peut plus leur échapper. Et le match s’achève par une ultime interception ponctuée par un dunk d’Oliver Vujakovic, très bon ce jeudi soir. Comme tous ses coéquipiers d’ailleurs.

Au final, +10. Alors qu’il avait déjà réussi sa campagne en s’imposant en Slovaquie, il double la mise au Kosovo. De mémoire de basketteur luxembourgeois, remporter deux matches dans une campagne officielle Fiba, on n’a jamais vu ça. Samedi, face à l’Islande, déjà qualifiée à la faveur de son succès contre la Slovaquie, ils n’auront rien à perdre. Alors, jamais deux sans trois? Et pourquoi pas!

Romain Haas