APRÈS LA 6e JOURNÉE EN ENOVOS LEAGUE Christophe Ney et le T71, c’est fini. Retour sur la genèse d’un mariage qui n’a pas fonctionné.
Depuis une semaine, on a l’impression que la valse des coaches a commencé en Enovos League. Il y a une semaine, la Résidence décidait d’arrêter les frais avec Dragan Stipanovic, remplacé par Rainer Kloss, dont la première sur le banc walferdangeois a d’ailleurs été couronnée de succès avec une victoire de prestige sur Etzella. Et depuis dimanche, c’est le T71 qui se cherche un nouveau coach, après le départ de Christophe Ney.
Les deux situations sont radicalement différentes. Même si on pourrait se dire qu’il s’agit, dans les deux cas, de décisions précipitées – on n’a même pas atteint le tiers du championnat –, ces choix peuvent s’expliquer.
Pour Walferdange, ce n’est pas tant le début de saison (2 victoires – 3 défaites) au moment du changement qui était sanctionné. Mais plutôt un bilan sur la longueur. Depuis l’affaire Leon Ayers, les Walferdangeois ont dû attendre le deuxième match de la saison pour signer leur premier succès depuis… le 7 janvier.
À un moment, les dirigeants du club ont décidé d’arrêter les frais, après des défaites contre les Musel Pikes, l’Arantia ou encore le T71.
Dudelange, parlons-en. Contrairement à ce qui s’est passé à Walferdange, le club a communiqué sur le fait que la séparation s’était faite «d’un commun accord». Si cette expression peut souvent être utilisée à tort et à travers, il semblerait que, cette fois, ce soit effectivement le cas.
Rappel des faits : alors que la saison battait encore son plein et que le T71 venait de valider son billet pour les demi-finales du championnat, le club dudelangeois avait adressé un communiqué aux rédactions sportives pour informer d’un changement sur le banc : Yves Defraigne allait être remplacé par Christophe Ney.
Une nouvelle qui a surpris à plus d’un titre, déjà au niveau du timing, pas forcément idéal, même si le technicien belge est resté pro jusqu’au bout et la finale perdue contre Etzella. Et peu compréhensible également sur le plan sportif.
De l’avis de tous les observateurs, Yves Defraigne est l’un, si ce n’est le meilleur coach du championnat. Et visiblement, ce choix n’était pas celui de l’entraîneur belge.
Le T71 voulait prendre une nouvelle direction. Et avait ensuite affiché ses ambitions avec un recrutement ronflant, notamment le débauchage de Jimmie Taylor, bourreau du T71 en finale, qui revenait au club de la Forge du Sud, suivi par l’arrivée, toute aussi spectaculaire, de l’international Ivan Delgado, qui abandonnait l’aventure pro.
Sans oublier le renfort du jeune intérieur de Mamer Finn Reisdorffer. Le tout, donc, dirigé par Christophe Ney, qui avait notamment fait les beaux jours de l’Arantia.
Un pari audacieux. Mais parfaitement assumé par le président dudelangeois Alain Becker : «Après avoir eu un coach pro pendant plusieurs années, on voulait faire l’expérience d’engager un coach luxembourgeois, non professionnel. Christophe avait de très bonnes références. On était persuadé que c’était une bonne idée.»
Mais visiblement, ce n’était pas le cas. Comme le confirme le désormais ex-entraîneur du T71 : «Pendant des années, l’équipe a eu des entraîneurs pros. Des coaches stricts qui imposaient à l’équipe ce qu’elle devait faire. Avec énormément de structure.
Quand on m’a recruté, on m’a dit que l’équipe en avait un peu marre. Qu’elle voulait autre chose. Et qu’on m’avait contacté car ils savaient que mon style était moins dans la structure. Et davantage dans la liberté de jeu. Mais finalement, j’ai rapidement eu l’impression que les joueurs n’aimaient pas trop cela. Qu’ils préféraient un style plus structuré avec plus de directives très strictes.»
«Pas sur la même longueur d’ondes»
D’un naturel direct, le coach en a discuté avec l’équipe : «On a essayé de trouver un terrain d’entente pour voir comment on pouvait plus se rapprocher de ce qu’on voulait faire. Et j’ai eu l’impression que ça allait dans la bonne direction après le match d’Esch (NDLR : la seule défaite du T71 jusqu’à celle de samedi à Steinsel).»
Ça semble fonctionner puisque Dudelange enchaîne les victoires à Kordall, Walferdange, Heffingen et contre les Pikes. Le tout, malgré une équipe réduite (Ivan Delgado et Finn Reisdorffer, notamment, sont blessés).
Avant le match à Steinsel, le capitaine, Christopher Jack, évoquait à demi-mots les difficultés avec l’entraîneur : «Il a une philosophie complètement différente de celle d’Yves. Je pense qu’on manque de structure, surtout offensivement. Après, ça peut marcher, mais ça demande un temps d’adaptation.»
Finalement, la bérézina sur le parquet de l’Amicale (100-55) aura été, d’une certaine manière, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : «On commence bien le match, mais au bout de trois ou quatre minutes, une fois que l’Amicale passe devant, on s’est complètement écroulés. Et tu avais l’impression que les joueurs ne croyaient pas trop en ce que le coach voulait faire passer comme message. J’ai toujours ce sentiment en moi qu’on n’est pas sur la même longueur d’ondes», explique encore Christophe Ney.
Et le match horrible de ce qui était son équipe, incapable de marquer plus de 38 pts en trois quarts temps, ne va pas l’aider à changer d’avis. Conscient du problème, il discute avec son assistant et le manager de l’équipe : «Je leur ai dit que si on ne trouvait pas un terrain d’entente, il valait mieux arrêter. Et les joueurs donnaient le même message après la rencontre.»
On le constate, les deux parties sont tombées d’accord sur le fait que la situation ne pouvait pas continuer comme cela. Qu’il fallait changer quelque chose. Et qu’il était donc préférable pour tout le monde que le partenariat Christophe Ney/T71 s’arrête au bout de six matches de championnat.
Une discussion avec le président, le lendemain, permettra d’officialiser tout cela. Ce dernier reconnaît que le casting n’était finalement pas le bon : «Ce n’est pas que le match de l’Amicale. Il y avait des signes des joueurs depuis plusieurs semaines. En fait, on s’est rendu compte que pour le T71, c’était finalement un mauvais choix de partir avec un coach non professionnel. Ça ne remet en aucun cas les compétences de Christophe. Mais pour notre club, avec des joueurs pros, il faut un coach professionnel. Avec ce que ça incombe. Être disponible toute la journée pour les joueurs qui en ont besoin», explique Alain Becker.
Schumacher, en pompier de service

Qui s’est donc mis en quête d’«un pompier pour éteindre le feu». Forcément, le temps presse. En effet, le T71 joue deux matches… en deux jours cette semaine.
Avant la réception du Racing, vendredi, les Dudelangeois ont une tâche ô combien périlleuse puisqu’ils se rendent, la veille, au Deich, pour affronter Etzella en Coupe.
La question est de savoir avec qui sur le banc? Pour le moment, comme l’explique Alain Becker, «tout est possible». On évoque pêle-mêle un intérim assuré par l’assistant-coach Kevin Steenberge, une solution interne avec le rappel du pompier Tom Schumacher, qui avait fait des merveilles il y a quelques années.
Ou encore la possibilité de recruter rapidement un full time coach. Dont le profil pourrait bien ressembler à un certain Yves Defraigne, qui est retourné à Mons, où il est désormais l’assistant-coach de son ancien assistant Frank de Meulemeester.
Nul doute que les joueurs seraient ravis de retrouver celui qui les a portés quasiment au sommet de la ligue. Reste à savoir si le très expérimenté et très respecté technicien wallon, qui avait été écarté de manière, il faut le convenir, plutôt abrupte, aurait envie d’apporter à nouveau sa science à un club qui semble, pour l’heure, complètement perdu. «Le T71 sera très créatif», annonce Alain Becker.
À défaut d’être créatif, il a été réactif. En attendant de trouver une solution pérenne, le T71 sera coaché par un trio : Tom Schumacher comme head coach, et Kevin Steenberge et Eric Jeitz comme assistants.