BILAN DE LA SAISON La fin parfaite pour le T71, Esch superbe dauphin, la révélation Résidence, le covid et tous ces grands joueurs qui tirent leur révérence. Cette saison si particulière a été passionnante!
DUDELANGE, UN TITRE MÉRITÉ
Cette saison s’est achevée, vendredi, sur le parquet du Basket Esch, par une victoire du T71 (71-82), qui l’avait déjà emporté à domicile deux jours plus tôt (80-71). L’année de son demi-siècle, le club du président Marcel Wagener fait le plein avec le titre chez les dames et chez les messieurs. Si on fait les comptes, les hommes de Ken Diederich n’ont perdu que cinq matches en 27 rencontres. Et ils ont terminé très fort en remportant leurs sept derniers matches, même si le dernier de la saison régulière l’a été par forfait à la suite du désistement du Telstar. Et une fois qu’ils ont attaqué les do or die games, les coéquipiers de Tom Schumacher ont été impressionnants : une raclée contre l’Arantia (106-64), privée notamment de Duane Johnson et Malik Wilson, deux matches solides pour écarter de sa route la révélation de la saison, la Résidence (68-94 et 93-76). En finale, face au Basket Esch, champion en titre, les Dudelangeois, avec un Stephen Harris très impressionnant physiquement et un Jimond Ivey plein de sang-froid, ont attaqué tambour battant. Ils semblaient devoir s’imposer largement à la maison. Mais les joueurs de Sylvain Lautié, conduits par un Ben Kovac en feu, sont revenus tout près avant de céder sur un dernier run mené par Tom Schumacher et Frank Muller. Vendredi, sur le parquet eschois, le T71 a fait la course de bout en bout. Et même s’il s’est fait une frayeur dans le dernier quart, il a fait parler l’expérience pour faire le nécessaire. Et aller chercher ce treizième titre national : «Je pense que c’est mérité», résume Ken Diederich. «Sur l’ensemble des deux matches, Dudelange a mérité de l’emporter», reconnaissait, sportivement, Joe Biever le capitaine eschois. Un épilogue parfait pour un club qui réalise le doublé (titre messieurs et dames). Avant le grand chamboulement. En effet, les deux icônes, Tom Schumacher et Frank Muller, prennent leur retraite, alors que le coach Ken Diederich, qui disputait sa septième finale en huit ans, quitte également le club. La formation de la Forge du Sud va devoir rebâtir avec, à sa tête, le Croate Denis Toroman, assistant-coach de Ken Diederich avec la sélection nationale. Côté joueurs, on s’appuiera désormais sur Kevin Moura ou encore Joe Hoeser, véritable révélation des finales alors que Joe Kalmes et Philippe Arendt, en provenance respectivement des Musel Pikes et du Sparta, auront la lourde tâche de prendre la succession des deux icônes.
ESCH, SON HEURE VIENDRA
«Pour le moment, c’est très dur. Mais l’année prochaine, c’est pour nous!» Quelques instants après la rencontre de vendredi, les Eschois étaient au trente-sixième dessous. Pit Biever ne pouvait retenir de chaudes larmes et son frère Joe, en bon capitaine, est allé remercier chacun de ses coéquipiers. Esch avait perdu une bataille. Sa première finale. Mais au vu de ce qu’ils ont proposé, les joueurs de Sylvain Lautié vont en vivre d’autres. Beaucoup d’autres : «On est très fiers d’avoir une équipe 100 % eschoise», répète à l’envi le technicien lallangeois. Et à Esch, on a du talent. Il n’y a qu’à regarder : les frangins Biever ont encore quelques belles années devant eux, Alex Rodenbourg, parfait dans son rôle d’intimidateur et très précieux des deux côtés du parquet, peut encore apporter davantage offensivement. Les jeunes comme Jeffry Monteiro Neves, auteur d’une entrée plutôt prometteuse vendredi, Denilson Ramos Fonseca ou Luis de Brito Martins peuvent également apporter quelque chose. Et puis Ben Kovac sera toujours Eschois. Et si sa saison avec son équipe pro est terminée, il pourra toujours rendre de fiers services. Derrière, on attend beaucoup du très talentueux Damien Thill, en phase d’apprentissage du métier. Si on ajoute la fantastique paire Miles Jackson-Cartwright et Clancy Rugg, qu’on espère retrouver la saison prochaine, on peut se dire qu’Esch est plus qu’armé. Et que l’avenir lui appartient.
LA RÉSIDENCE S’INVITE À LA FÊTE
Voir un promu jouer les premiers rôles, ce n’est pas courant au Luxembourg. Et pourtant, c’est ce qu’est parvenu à faire l’épatante Résidence. La troupe d’Alexis Kreps a réussi à battre tout le monde… sauf le Basket Esch. Mais sinon, le groupe conduit par un Malcolm Kreps qui a prouvé qu’il allait falloir compter avec lui à l’avenir, a trouvé la solution face à chaque adversaire. Dean Gindt, arrivé du Sparta, a rapidement trouvé sa place dans un effectif qui a pu compter sur l’abnégation de l’intérieur international Xavier Robert François et s’appuyer sur deux Américains parfaitement intégrés à savoir le néo-retraité Adam Eberhard, qui va rejoindre les Tennessee Volunteers en tant qu’assistant coach en NCAA et LaQuincy Rideau. Et avec un capitaine, Tom Konen, qui sort régulièrement du banc pour apporter sa contribution, ça donne une formation bien équilibrée qui en a surpris plus d’un. Il faudra voir ce que donnera la saison prochaine, avec d’autres Américains et sans Tom Konen, qui retourne à l’Amicale.
IL A FALLU FAIRE AVEC LE COVID…
Alors que, contrairement au foot et au hand, le basket avait été relativement épargné par le covid, ce dernier a petit à petit pris de plus en plus d’ampleur. Un premier cas à l’Amicale, des matches de Coupe reportés à cause du coronavirus, d’autres annulés car un arbitre a été testé positif. Et au mois d’octobre, rideau. Pour plusieurs mois. Pas de relégation, pas de montée, pas de reprise pour les autres divisions : la FLBB a pris des résolutions drastiques. Et le Sparta comme le Telstar ont fait le choix de reprendre sans joueur pro. Bertrange, qui n’avait de toute façon pas trouvé de bons joueurs US, a pu continuer de faire progresser ses nombreux talents luxembourgeois (Feipel, Wolff, Verbeelen pour ne citer qu’eux) alors que le promu hesperangeois a pu faire quelques économies. À noter que, de son côté, le Racing a fait l’inverse. Parti avec l’ambition de n’avoir qu’un seul joueur US, il a repris la saison avec deux pros, pour pallier, notamment l’absence prématurée de Bobby Melcher, blessé. La formule de championnat a dû également être adaptée en conséquence. Alors qu’on devait initialement avoir enfin de vrais play-offs entre les huit meilleures équipes du pays, on s’est retrouvé avec une formule un peu bâtarde mais qui a le mérite d’exister avec les deux premiers qualifiés directement pour les demi-finales et les équipes classées 3 à 6 s’affrontent en match unique nommé play-in pour valider leur billet au Final Four, où toutes les séries sont en mode best of 3 et non best of 5 comme initialement envisagé. Au final, on a eu droit à de belles joutes. La fédération a fait de son mieux pour proposer un vrai championnat. Et, cerise sur le gâteau, il a même pu se terminer avec un peu de monde dans les salles. Et ça, ça fait vraiment du bien. La saison a été atroce pour les formations de N2, dont certaines ont tenté, en vain, de faire valider une formule qui inclurait 20 clubs dans l’élite la saison prochaine. On restera sur 12. Il est encore trop tôt pour connaître les conséquences économiques de la pandémie mais on peut craindre pour la santé des plus petites structures. Réponse dans les prochaines semaines.
UNE PAGE SE TOURNE… VIVEMENT LA SUIVANTE!
Cette saison si particulière aura été la dernière pour toute une génération de joueurs. On ne reverra plus les anciens internationaux Frank Muller ou Tom Schumacher (T71), Jairo Delgado (Etzella), Raul Birenbaum (Contern) ou encore Pitt Koster (Sparta) notamment, qui ont tous décidé de raccrocher le maillot. Avec ces départs de joueurs emblématiques, place aux jeunes! La saison qui s’ouvrira dans quelques mois promet beaucoup. On suivra avec attention le retour au bercail de Bobby Melcher à Steinsel, les arrivées de Philippe Arendt et Joe Kalmes à Dudelange ou encore celle, plus surprenant, de Lou Demuth au sein d’une formation de Heffingen qui a globalement déçu. On est sûr de retrouver un Etzella surmotivé, on a envie de revoir Contern, plutôt enthousiasmant avec un Mihailo Andjelkovic trop souvent blessé. Et on demande à retrouver la troupe de Christophe Ney, qui a réussi une superbe saison avec l’Arantia, lui qui coachait pour la première fois au sein de l’élite. Des Pikes qui doivent une revanche à leurs supporters, un Racing en deçà des attentes placées en lui et qui a décidé de changer une nouvelle fois de coach comme c’est le cas chaque année depuis cinq saisons, un Sparta qui espère trouver tout de suite les bons Américains, et même un Telstar qui aura à cœur de réussir à décrocher ne serait-ce qu’une victoire, histoire de faire mieux que cette saison. Oui, vivement la prochaine!
Romain Haas