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[Basket] Mention bien… mais veut mieux faire


Avec Ben Kovac, le Luxembourg s’est trouvé un vrai patron aux côtés de Clancy Rugg.  (photo Fern Konnen)

Le Luxembourg s’est incliné de justesse face à la Roumanie. Retour sur ce qu’il faut retenir de cet intermède international.

Du retard à l’allumage

Le Luxembourg a remporté le match contre la Roumanie… à partir de la 4e minute. Seul problème, les joueurs des Balkans menaient déjà à ce moment 0-12. Un retard que les Luxembourgeois, trop nerveux en début de rencontre et victimes d’une avalanche de rebonds offensifs adverses, n’ont jamais réussi à combler. D’autant plus rageant que, par la suite, au prix d’une débauche d’efforts considérable, ils se sont battus pour chaque point. Pour chaque panier. Et ont été tout près de réaliser un nouvel exploit. Mais leur élan a été coupé net par deux fautes discutables sifflées en toute fin de match qui ont permis à la Roumanie de scorer 4 lancers et de boucler l’affaire.

Recherche grand, désespérement

«Ce qui nous manque, c’est un vrai cinq. Avec un vrai cinq, on peut vraiment rivaliser avec nos adversaires.» Avant le match contre la Roumanie, Ken Diederich analysait parfaitement la situation factuelle de son équipe : en basket, la taille, ça compte. Et quand votre plus grand joueur, en l’occurrence, Clancy Rugg, fait 2,03 m et qu’il doit affronter des mecs de plus de 2,05 m, voire 2,10 m qui lui rendent une vingtaine de kilos, l’équation n’est forcément pas très favorable. Et on l’a constaté, tant face au SLUC Nancy que contre la Roumanie, quand les géants sont servis sous le panier, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire. Si vous tentez une prise à deux, défense que le sélectionneur luxembourgeois n’affectionne pas particulièrement, vous vous mettez en danger car le grand peut ressortir la balle vers un shooteur pro qui, forcément, mettra dedans. Si vous êtes seul, soit vous faites faute, soit vous vous encaissez deux points facilement. Jeudi comme dimanche, on a ainsi trop souvent vu les Shevon Thompson (2,13 m), Mathieu Boyer (2,05 m) et autre Emanuel Cate (2,06 m), Alex Olah (2,13 m) ou encore Rares Uta (2,10 m) prendre le meilleur sur leur adversaire direct pour deux points sans contestation.

Le problème, c’est que le Luxembourg n’est pas un très grand pays. Et que, quand vous êtes plus de 20 millions d’habitants, comme en Roumanie, la probabilité de trouver un colosse de 2,10 m est plus grande que pour un pays de 600 000 habitants. Mais Ken Diederich ne lâche pas l’affaire. Le géant du Bayern Namik Muratovic (2,15 m) n’a pas encore 17 ans et ce n’est qu’à 18 qu’il choisira sa nationalité sportive. Il y a une petite chance que ce soit le Luxembourg, mais c’est loin d’être une chose acquise. Dernièrement, le technicien s’est même renseigné en Italie sur un Brésilien qui pourrait également porter les couleurs grand-ducales. Mais tout cela reste hypothétique. Et ça prendra forcément du temps.

Sans réussite, pas de salut

Quand on n’a pas la taille, on n’a pas vraiment le choix : il faut mettre les paniers de loin. Et dans l’exercice, le bilan des Luxembourgeois, dimanche, est plutôt mitigé. Le résultat était d’ailleurs catastrophique à la pause, avec un très vilain 1/11 à trois points. Mais après le repos, grâce notamment à Ben Kovac (voir ci-dessous), les joueurs grand-ducaux ont quelque peu redressé le tir pour finir avec un plus correct, bien qu’insuffisant 6/27 dans l’exercice : «Avec un 10/27, on gagnait le match. Et je sais qu’on en est capables», soulignait Ken Diederich après le match. Effectivement, contre le SLUC Nancy, le Luxembourg avait tiré à 10/26 avec sept scoreurs différents. Mais la réussite n’était pas la même contre la Roumanie.

Kovac, taille patron

Quand on l’a vu quitter la Slovaquie, auréolé d’un double Coupe/championnat avec une participation en Coupe d’Europe et un statut de capitaine du Patrioti Levice, on n’avait pas forcément compris le choix de Ben Kovac de redescendre de catégorie pour évoluer au troisième échelon français. Mais le guard luxembourgeois avait expliqué les raisons de sa décision : «Je veux davantage de responsabilités. En Slovaquie, je passais toujours derrière les Américains. J’ai besoin de jouer un rôle important et de ne pas me contenter uniquement de défendre sur les meilleurs joueurs adverses.»

Et en NM1 française, à Besançon où il a signé en début de saison, il est l’un des deux seuls pros. Un choix qui a l’air payant puisqu’il est actuellement dans le top 10 des scoreurs (8e), il a claqué une fois 38 pts et semble s’épanouir dans sa nouvelle équipe. Et c’est un Ben Kovac en pleine confiance, sûr de ses forces, de ses capacités qui a rejoint l’équipe nationale. Maladroit contre le SLUC Nancy, il a nettement augmenté la cadence face à la Roumanie. Et ses missiles longue distance (3/6 dans l’exercice) ont permis au Luxembourg de croire en un impossible retour malgré un démarrage catastrophique (0-12). Présent des deux côtés du parquet, il termine avec la meilleure évaluation luxembourgeoise (25) avec 23 pts, 3 rebonds, 4 passes et 3 interceptions. Même si, au final, ça n’a pas suffi, le Luxembourg sait qu’il peut compter sur Ben Kovac qui, il faut le rappeler, n’a pas encore 25 ans.

On veut des pros !

Même s’il ne mesure que 1,93 m, le physique et la mentalité de Malcolm Kreps lui permettent d’aller ferrailler dans la raquette avec les colosses adverses.

À chaque fenêtre internationale, le Luxembourg se retrouve face à des formations 100 % pros, avec des joueurs qui s’entraînent deux fois par jour, qui sont habitués à évoluer à un certain niveau. Et force est de constater que ce sont les pros ou les anciens pros qui tirent l’équipe vers le haut. On en veut pour preuve le gros match de Ben Kovac, celui de Clancy Rugg (19 pts, 6 rebonds, 3 passes) malgré un genou en vrac : «J’ai appris à jouer avec la douleur.»

Même s’ils ne sont plus pros, Thomas Grün ou Alex Laurent savent ce qu’ils font quand ils entrent sur un parquet. Et ils n’ont pas peur d’aller se frotter aux colosses en face. Même chose pour les Malcolm Kreps (4 pts, 5 rebonds, 1 passe), qui n’hésite pas une seule seconde à rentrer dans le buffet des joueurs adverses, Ivan Delgado, qui prend souvent les bonnes décisions mais a trop souvent vu la réussite le fuir (5 pts à 0/5 aux tirs) ou Dorian Grosber, lequel est encore loin d’être un maillon essentiel de l’équipe mais qui sait mettre à profit le peu de temps dont il dispose pour faire des choses positives (2 pts et 1 rebond en 4’30«  contre la Roumanie) : «On n’a que quatre ou cinq pros. En face, ils le sont tous. On a besoin de plus de pros», lançait, tel un cri du cœur, Ben Kovac après la défaite frustrante face aux joueurs des Carpates. On ne peut qu’abonder dans son sens. Clairement, le fait de ne faire que du basket aide forcément pour progresser.

Un groupe sain et homogène

Même s’il a quelques regrets, Ken Diederich se montre très satisfait de l’état d’esprit de ses troupes.

«Je suis très fier de tous les gars. On est tous très soudés, on s’entend tous très bien.» Ce message vient du capitaine Alex Laurent, qui n’en finit plus de dire son amour du maillot grand-ducal. Et son plaisir d’évoluer aux côtés de ses compatriotes. Et c’est vrai qu’on sent que le groupe vit bien. La simple présence des recalés, ceux qui n’ont finalement pas été retenus par Ken Diederich pour figurer sur la feuille de match, aux côtés de leurs coéquipiers lors des matches en dit long sur l’aspect sain de cette sympathique bande. Le sélectionneur se félicitait d’ailleurs du travail abattu par tous ses joueurs durant les quelques jours de préparation : «On a bien travaillé pendant une semaine. J’ai un groupe super soudé, avec que des mecs positifs et tout cela, c’est super bien pour le futur.»

Une transition en douceur est en marche

Même si leur carrière est encore loin d’être terminée, les Alex Laurent (31 ans), Clancy Rugg (33 ans), «Sticky» Gutenkauf (29 ans) et Thomas Grün (29 ans) pour ne citer qu’eux ont déjà un sacré vécu en sélection. Gouverner, c’est prévoir et on constate que le Luxembourg prépare d’ores et déjà l’avenir. Ken Diederich a ainsi intégré progressivement les futurs patrons de demain. Même s’il n’a pas joué dimanche, Max Logelin (21 ans) a déjà démontré en Roumanie notamment, qu’il avait ce qu’il fallait pour être un pilier important de l’équipe.

Que dire de Dorian Grosber (18 ans), qui grandit à vitesse grand V avec l’Alba Berlin et qui a même profité d’une montagne de blessures pour être starter en Euroleague et même scorer ses premiers points dans la plus grande compétition européenne. Quant à Malcolm Kreps, depuis qu’il a quitté la Résidence pour embrasser une carrière pro qui a débuté, comme pour beaucoup de Luxembourgeois, du côté de Den Helder, le joueur de 23 ans prend plus de responsabilités. Il s’est renforcé physiquement de manière impressionnante et représente clairement l’avenir du basket luxembourgeois. Une transition en douceur qui avait déjà débuté avec des Ivan Delgado (26 ans) ou encore bien sûr Ben Kovac (24 ans), qui prend clairement du galon ces derniers mois. Même si la qualification risque d’être compliquée, l’avenir du basket luxembourgeois est plutôt radieux.

Et maintenant ?

S’il y a eu de bonnes choses face à la Roumanie, factuellement, le bilan comptable n’est pas bon. Avec cette défaite, les joueurs de Ken Diederich ne peuvent plus terminer premier de leur groupe. Il leur reste un match à disputer en février en Norvège et ils doivent absolument s’y imposer pour avoir une chance de terminer meilleur deuxième sur l’ensemble des trois groupes afin d’avoir l’occasion d’atteindre le deuxième tour de ces préqualifications pour la Coupe du monde 2027.