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[Basket] Magaly Meynadier : «Ce serait un exploit d’enfer !»


Magaly Meynadier rêve d’une qualification au championnat d’Europe. 

Avant de s’envoler, Magaly Meynadier a pris quelques minutes pour évoquer cette incroyable campagne européenne.

Quel est votre état d’esprit ?

Magaly Meynadier : C’est dur à dire pour le moment. On n’est pas encore arrivées sur place, donc on est encore assez calme. Mais on sent que la nervosité monte petit à petit. Après, le truc, c’est qu’on ne peut plus se permettre d’être trop dans la situation où on se dit qu’on est les underdogs. Que c’est stressant, car on va affronter de bonnes équipes. On est plus dans l’optique de se dire qu’on doit avoir confiance en nous, vu que sur quatre matches, on en a gagné trois. Ce n’est pas rien. On sait que nos adversaires ne vont pas nous sous-estimer. Mais on reste confiantes.

Si, en début de campagne, on vous avait dit que vous en seriez à ce point après quatre matches, vous l’auriez cru ?

Pour être honnête, non. Quand j’ai vu qu’on était avec la Suisse, je me suis dit qu’il y avait au moins un adversaire contre qui on avait une chance de gagner un, peut-être deux matches. C’était surtout sur ça qu’on se concentrait. Et puis, après la finale perdue de justesse contre le Monténégro aux JPEE à Malte, je me suis dit qu’on aurait pu gagner. En plus, moi je n’étais pas encore complètement rétablie, mon genou n’était pas prêt. Alors est venue l’idée qu’on pouvait peut-être les battre. En revanche, la Bosnie, c’est une très grande nation du basket, une très bonne équipe, laisse tomber. 

Battre la Bosnie à domicile, j’en ai encore la chair de poule rien que d’y penser

Et pourtant…

On gagne le premier match en Suisse. Après, on a la Bosnie à la maison. On se dit que si on se bat jusqu’au bout et qu’on joue notre basket, qu’on n’a rien à se reprocher, ce sera le principal. C’est toujours le but contre de telles équipes. Et à la mi-temps, on voit qu’on est sur le même niveau qu’elles. Et même qu’on joue mieux qu’elles. Et là c’est : « Oh la vache, on va y arriver!«  On était toutes tellement fières et contentes. J’en ai encore la chair de poule rien que d’y penser. Gagner ce match, à domicile, devant notre public, c’est une sensation que je n’oublierai jamais à mon avis.

C’est à partir de ce moment que vous avez commencé à y croire ?

Après ces deux matches, on s’est demandé ce qui se passait. Et on a réalisé qu’on pourrait peut-être faire de grandes choses pour cette qualif. Notre mentalité a changé. Avant, on essayait de tout donner pour tenir le cap. Et maintenant, on veut gagner, on peut gagner et on va tout faire pour y arriver. C’est complètement dingue et ça montre le pas énorme qu’on a effectué durant toutes ces années. Mariusz (NDLR : Dziurdzia, l’entraîneur national) est coach depuis très longtemps. Ça fait des années que je joue pour lui et le travail paie enfin. Je suis contente aussi pour lui.

Vous avez enchaîné en infligeant une raclée au Monténégro. Et malheureusement, il y a cette défaite contre la Suisse. Vous y repensez ?

Je n’arrête pas d’y repenser. Et chaque fois, je ne comprends pas ce qui s’est passé. C’est vraiment dommage. Vraiment bête de notre part de ne pas avoir pu saisir cette chance. Si tu gagnes les quatre premiers matches, avec une victoire de plus tu es qualifiée. Ça mettrait moins de pression que la situation actuelle où, à moins qu’on gagne nos deux matches, on est dépendantes des autres équipes pour la deuxième place. Maintenant, il faut apprendre de nos fautes. De nos erreurs. Et tout cela peut nous rendre plus fortes pour ces deux rencontres.

Il faudra donner 100 %, être concentrées à 120 % et savoir que si on lâche un peu prise, on peut rater une rencontre comme contre la Suisse. On n’était pas dans un bon jour. Et d’une manière, ça aurait été encore plus décevant si on avait bien joué et fait un super match. Mais on a été vraiment nulles et malgré tout, on n’a pas perdu de trente points non plus. Même avec un mauvais match, on revient dans la partie. Après, ça nous a demandé trop de forces et quand elles repartent à trois points, ça a cassé le moral. Maintenant, on est toutes très conscientes de l’opportunité, de la chance que nous avons toujours de pouvoir écrire l’histoire. Être la première équipe de l’histoire luxembourgeoise à se qualifier pour un championnat d’Europe. C’est pour cela que j’ai hâte d’être là-bas et d’affronter notre premier adversaire.

Ce sera la Bosnie, qui n’a pas encore gagné un match. Avant de terminer au Monténégro. Est-ce une bonne chose que ce soit dans cet ordre ?

Oui. Je trouve que ce n’est pas mal de commencer contre elles. Elles ont perdu tous leurs matches pour l’instant. Mais on ne va pas les sous-estimer. On sait qu’elles sont bien mieux classées que nous sur le plan international, que c’est une équipe très forte. Il faut qu’on continue à jouer comme on l’a fait lors des trois premiers matches et pas se dire que, parce qu’on les a déjà battues, on va forcément le refaire. Mais ce n’est pas plus mal de commencer par la Bosnie. Car le Monténégro, ça va être carrément autre chose.

On les a bien battues chez nous. Mais là, elles ont trouvé une nouvelle Américaine. Alors que chez nous, Esmeralda (Skrijelj), qui est née au Luxembourg et qui joue au Luxembourg, n’a pas le droit de jouer parce qu’on ne peut prendre qu’une joueuse étoile. Eux, ils prennent une Américaine et lui donnent tout de suite un passeport vite fait. Bon, on ne va pas se focaliser là-dessus. Ça montre qu’elles nous prennent au sérieux et qu’elles vont bien se préparer. On espère gagner contre la Bosnie pour avoir plus de confiance en soi. Et on verra ce qui se passe ensuite.

Il faut au moins gagner un match pour passer ?

Pour avoir une chance réelle, oui, il faut gagner au moins un match sur les deux. Il n’y a que quatre équipes qui se qualifient comme meilleur deuxième. Et ce serait plus satisfaisant de se dire qu’on y est parvenues par nos résultats plutôt que par chance. Je pense que c’est aussi mieux d’aborder les rencontres en se disant qu’on doit absolument gagner un match plutôt que se mettre en tête que même si on perd les deux, il y a encore une petite chance de passer. Pour nous c’est, soit tu gagnes, soit tu pars. Notre but, c’est de se qualifier.

Ce serait super pour un petit pays où beaucoup de joueuses sont amatrices et où il n’y a que trois pros, Amanda (Cahill), qui joue au Luxembourg, Anne (Simon) et moi. Se qualifier, ce serait un exploit d’enfer! Vivre ça, ce serait la cerise sur le gâteau pour ma carrière. Maintenant, on sait que le chemin est encore long. D’abord, il faut gagner un match sur deux et on verra.

On a toujours le match de la Suisse en travers de la gorge

Et si, d’aventure, ça se passe mal… Pourrait-on dire que, malgré tout, vous aurez fait une belle campagne ?

Je ne veux pas y penser. Mais oui, il faudrait rester fières de ce qu’on a accompli. Rien que le fait d’avoir gagné trois matches, c’est quelque chose d’exceptionnel. On a toujours le match de la Suisse en travers de la gorge mais il y a beaucoup d’équipes dans les autres groupes qui n’ont pas gagné un seul match, ou juste un. On sera quoi qu’il en soit fières de nous. Et on espère que ça aura un peu changé l’opinion sur le basket féminin. On a été élues équipe de l’année, les choses bougent. C’est important!

Malheureusement, vous n’abordez pas ces deux matches cruciaux avec toute l’équipe ?

Non. Mais en même temps, depuis 14 ans que je suis en équipe nationale, ça a toujours été le cas. En novembre, il manquait Catherine Mreches, Michelle Dittgen, Joy Baum. Finalement, l’équipe ne change pas énormément. À la grosse différence près qu’Ehis (Etute) n’est pas là. Ça, c’est le plus gros problème. Elle va nous manquer sous le panier.

Une joueuse imposante, qui prend des rebonds, qui fait un peu peur à la défense. Ça va nous faire mal. Mais je vois à l’entraînement que l’envie et la motivation sont présentes. On a l’habitude d’avoir des filles qui manquent parce qu’elles sont blessées ou qu’elles sont retenues par le boulot. Je ne me fais pas trop de souci là-dessus. Le plus important, c’est qu’on soit toutes focus en équipe. Qu’on soit soudées. Bien sûr, on aimerait que les meilleures soient toutes là, ça fout les boules qu’elles soient blessées mais il faut faire avec.

Heureusement, l’équipe peut compter sur Anne Simon et vous, les deux pros, qui réalisez une très belle saison !

Oui. La présence des joueuses expérimentées, ça change l’atmosphère et la motivation à l’entraînement. On prend à cœur notre rôle de leader et on essaie de transmettre cette expérience aux jeunes.

Et notamment à Isi Etute ?

On n’a pas de grandes. Elle va avoir un rôle important. Et ça peut être une chance pour elle de pouvoir jouer à un tel niveau à cet âge-là. On a besoin qu’elle soit imposante en défense, qu’elle prenne des rebonds et le reste viendra. On ne lui demande pas d’apporter la même chose que sa sœur, mais tout ce qu’elle peut sera une bonne aide pour nous.

Le point

Déjà joués

Suisse – Luxembourg…48-56

Luxembourg – Bosnie…77-64

Luxembourg – Monténégro…71-49

Luxembourg – Suisse…44-59

Restent à jouer

Demain 18 h : Bosnie – Luxembourg

Dimanche 16 h : Monténégro- Luxembourg

Classement : 1. Luxembourg 7 pts (4;+28); 2. Monténégro 7 (4;+56); 3. Suisse 6 (4;+2); 4. Bosnie 4 (4;-86).

Formule : le 1er de chacun des huit groupes ainsi que les quatre meilleurs deuxièmes se qualifient pour la phase finale du championnat d’Europe, qui se déroulera en République tchèque, Allemagne, Italie et Grèce fin juin.

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