La Luxembourgeoise vient de boucler son dernier match de 2020 avec Costa Masnaga, en Serie A1 italienne. L’occasion d’un premier bilan
Vous terminez cette année par une lourde défaite sur le parquet de Schio (NDLR : 107-52 avec 2 points et 2 rebonds en 21’40 »), ce n’est pas une surprise ?
Lisa Jablonowski : Non. On savait que Schio joue l’Euroleague, qu’elles sont toutes professionnelles de niveau supérieur au nôtre.
Notamment Sandrine Gruda, la Française ?
Je sais ce qu’elle a déjà accompli, mais je ne la connais pas personnellement. Je me suis retrouvée face à elle dans le match. C’est une joueuse impressionnante, mais je me concentrais surtout sur mon équipe et pas particulièrement sur elle. Mais elles avaient plus d’expérience que nous et nous n’avons pas eu l’ombre d’une chance.
Votre bilan actuel d’équipe est positif (7-6). Comment jugez-vous cette première partie de championnat ?
Je pense que nous sommes satisfaites de notre saison. Au début, on a connu des matches compliqués, par exemple face à Venise, qui est une des meilleures équipes de la Serie A1 (NDLR : invaincue en 11 matches). Ce n’était pas une surprise de perdre ce match (98-60). En revanche, face à Empoli (77-69) et Lucca (84-71), on était un peu étonnées de l’emporter, car sur le papier, elles étaient plus fortes que nous, avec beaucoup plus d’expérience. C’était des victoires importantes pour nous.
Sur un plan personnel, même si vous êtes une rookie, vous avez tout de suite adopté un rôle de leader au sein de l’équipe ?
Oui. En défense, je joue un grand rôle. Et ma mission générale est de guider les jeunes joueuses. Je suis un peu le relais du coach sur le parquet afin que tout le monde sache quoi faire sur le terrain.
Vous tournez à 7 pts, 5 rebonds et 1,5 passe de moyenne avec un pic à 21 pts et un match en double double à 11 pts, 10 rebonds et 4 passes face à Empoli. Vous êtes-vous fixé un objectif en termes de stats ?
Pas spécialement. Maintenant, c’est toujours sympa d’avoir des matches où je marque 20 pts. Ça m’aide à m’établir dans l’équipe et à montrer à mes coéquipières qu’elles peuvent compter sur moi. Je peux avoir un impact sur le plan offensif, c’est quelque chose d’important. Je me sens de plus en plus à l’aise pour prendre mes responsabilités pour aller inscrire des points, prendre des rebonds ou voler un ballon.
Avez-vous été surprise par le niveau du championnat italien par rapport à la NCAA que vous avez fréquentée pendant quatre ans ?
Non. C’est l’une des ligues les plus fortes en Europe. La grosse différence par rapport aux USA, c’est la vitesse et le style de jeu. Avec les Virginia Cavaliers, c’était beaucoup plus lent, avec du jeu placé. Et puis la différence entre l’horloge à 30 secondes en NCAA et 24 en Europe, ça change aussi beaucoup. Nous, à Costa Masnaga, on a un style très rapide, avec beaucoup de contre-attaques, on essaie de marquer plus vite que la plupart de nos adversaires. Mais globalement, non je n’ai pas été surprise.
Et ça vous convient ?
Oui. Je préfère jouer vite. Avec le Luxembourg également, c’est ce qu’on essaie de faire pour créer un effet de surprise sur les autres équipes. En Italie, on adopte un style très similaire à ce que j’ai connu par le passé avec la sélection.
Cette première expérience se fait évidemment dans des conditions très particulières en raison de la crise sanitaire. Comment ça se passe sur ce plan ?
On n’a pas de supporters dans les salles, mais au niveau de l’entraînement et des matches, ça ne change pas beaucoup. Les restrictions sont surtout au niveau social, avec les restaurants fermés, tous les commerces non essentiels également et la limitation des déplacements.
Les toutes dernières annonces gouvernementales changent-elles quelque chose pour vous ?
Au niveau des libertés individuelles, oui, mais pas au niveau basket. Contrôle de température à l’entrée, port du masque avant, mais dès qu’on s’entraîne, on enlève le masque. Seuls les coaches gardent le masque.
Du coup, que faites-vous quand vous ne vous entraînez pas ou que vous ne jouez pas ?
Au début, quand le confinement n’était pas trop strict, je suis allée beaucoup me promener dans les montagnes. J’ai commencé à prendre des cours en ligne en économie, business, juste pour moi. J’évite de trop jouer ou d’être sur Netflix toute la journée. Et même si l’anglais suffit, j’ai commencé à me mettre à l’italien aussi.
Avez-vous le sentiment d’avoir progressé depuis votre arrivée en Italie ?
C’est dur à dire. Ce qui est sûr, c’est que notre coach porte une importance particulière sur les fondamentaux. Le plus important n’est pas tant de gagner que de créer une bonne base et de développer les joueuses. Sur un plan personnel, c’est une bonne chose de revoir les basiques et de bosser ces choses qu’on a parfois tendance à négliger.
On travaille un peu dans la salle de muscu, mais ça n’a rien à voir avec les USA
Y a-t-il un gros travail sur le plan physique ?
On travaille un peu dans la salle de muscu, mais ça n’a rien à voir avec les USA. Là-bas, le physique c’est un pilier de la réussite, ça fait partie de la philosophie américaine. Par rapport à la NCAA, je suis plus rapide, car on a un style de jeu différent. Comme on joue plus vite, je dois aller plus vite. C’est une bonne balance. Je ne fais pas trop de muscu, mais j’essaie de maintenir ma condition.
Quelle est votre position sur le parquet ?
Je suis la plupart du temps utilisée au poste 4, mais si besoin, je dois évoluer comme pivot. Ce n’est pas un souci, car j’ai déjà joué à cette position aux USA. Mais je suis contente de ne pas devoir passer 40 minutes comme centre! Si besoin, je peux aussi passer poste trois. De toute façon, c’est toujours une bonne chose d’avoir des joueuses polyvalentes.
Avec le recul, comment jugez-vous votre choix de rejoindre Costa Masnaga ? Cela correspond à ce que vous attendiez ?
Je n’ai aucun regret. Je suis très heureuse ici. C’est encore mieux que ce que je pensais, car le club a une très bonne structure, une très bonne organisation. Tout se passe bien avec les coaches, les joueuses, il y a une bonne atmosphère, ce qui n’est pas forcément toujours le cas. Je ne pense pas que j’aurais pu faire un meilleur choix. Pour moi, la situation est parfaite.
Entretien avec Romain Haas