APRÈS LA 7e JOURNÉE EN LBBL Gréngewald qui va chercher sa première victoire au Deich contre Etzella, Kordall qui va battre le Sparta sur son parquet : les «petits» se sont révoltés !
Il n’y a plus de petites équipes.» «Tout le monde peut battre tout le monde.» Dans n’importe quel sport co, ces deux adages sont souvent scandés tels des mantras, pour se convaincre que tout le monde part sur un pied d’égalité. Mais si, par le passé, ce n’était clairement pas le cas dans le basket luxembourgeois, avec une hiérarchie claire qui voulait que les gros terrassent les petits et que les petits soient balayés par les gros, l’époque a changé.
Dans nos colonnes, il y a quelques jours, Chris Wulff, entraîneur de l’Arantia, avait indiqué que «la Ligue a changé», arguant pour cela le fait désormais acté de voir les équipes s’asseoir doctement sur le gentlemen’s agreement qui veut que, même si on a droit à trois joueurs non-JICL, à savoir non formés dans le championnat luxembourgeois, on choisit de n’en utiliser que deux à la fois sur le parquet. À présent, cette doctrine fait clairement partie du passé. Et on ne compte plus, cette saison, les équipes qui n’hésitent pas à faire appel à trois non-JICL et même parfois à trois non-JICL professionnels voire anciens professionnels en même temps.
Dans cette jungle qui change clairement la face du championnat, certains ont décidé de résister. Et se refusent à utiliser un troisième pro. Mais le week-end dernier, ça n’a pas payé. On peut penser notamment au fer de lance des clubs qui ne jurent que par la formation des Luxembourgeois et qui n’évolue qu’avec deux pros : le Sparta. Même si l’idée est noble, force est de constater que, pour l’heure, l’équipe la plus vertueuse n’est pas forcément la plus forte.
Le week-end dernier, à domicile, les joueurs de Christophe Flammang ont en effet subi leur cinquième revers en sept matches de championnat. Sur le papier, Max Logelin et ses coéquipiers partaient avec les faveurs du pronostic face au promu Kordall, qui ne comptait jusqu’alors qu’une victoire face à Contern. Mais à l’issue d’une rencontre où les trois non-JICL se sont partagé plus de 92 minutes de temps de jeu (pour 50 pts et 23 rebonds), le dernier mot était pour les joueurs de Tara Booker. Bien sûr, les trois pros n’ont pas marqué tous les points et ont été parfaitement secondés par l’inoxydable capitaine Max Schmit (4 pts et surtout 11 rebonds et 11 passes!) ou encore la belle perf de la recrue du Racing Steven Mersch (19 pts) mais forcément la présence de trois non-JICL de valeur en même temps sur le parquet oblige l’adversaire à s’adapter. Et après avoir un temps mené de 8 pts, Bertrange s’est en définitive incliné de 7 face à une équipe qui lui passe désormais devant au classement, avec le même bilan.
Un écho à la perf des Pikes contre la Résidence
Autre mal classé, Gréngewald, la lanterne rouge, ne devait, en théorie, pas faire illusion face à Etzella, surtout dans son antre du Deich. Depuis le début de la saison, les Nordistes sont habitués à martyriser les équipes plus faibles sur le papier (+50 contre Contern, +48 contre Kordall). Mais dimanche, les joueurs d’Amadeo Dias ont peut-être réalisé leur meilleure prestation de la saison et ont été récompensés par une victoire acquise dans la dernière minute par leur meilleur marqueur, Tristin Walley, auteur d’un énorme double-double (21 pts, 17 rebonds). Le technicien a apprécié : «C’est vrai que hormis mes joueurs et moi, on n’était pas nombreux, vu notre début de saison chaotique, à croire qu’on pouvait gagner là-bas. C’est sûr que quand un ténor rencontre le Petit Poucet, même inconsciemment, la motivation n’est pas la même que face à un adversaire du calibre de Steinsel par exemple», explique le coach.
Qui revient sur le déroulement du match : «On a joué avec nos cartes. Pour une fois, on a bien démarré la rencontre. À la mi-temps, on est bien dans le rythme mais je m’attends à ce qu’Etzella sorte le rouleau compresseur. Mais on a bien résisté. On a gardé notre ligne, on a stoppé leur vitesse, on les a limités à trois points. Généralement, toutes les équipes qui ont de bons intérieurs nous mettent beaucoup de points et Johnson, qui n’avait pas encore marqué 30 pts, nous en met 40. Seulement avec Ric Saams, qui nous apporte des facilités au rebond, on a réussi à faire presque jeu égal sous les panneaux. Et sur ce match, comme on n’est pas assez physiques pour aller dans la peinture, on doit trouver d’autres solutions. Ça passe par le shoot et ça nous a réussis dimanche.» Effectivement, si Gréngewald s’impose, c’est en grande partie grâce à une superbe réussite à longue distance, avec un incroyable 17/31 soit 54 %!
Autre satisfaction, tous les joueurs entrés ont marqué au moins 9 pts : «C’est quelque chose qui m’a plus dans notre prestation. Le fait que chacun a apporté quelque chose. Et ceux qui sortaient le prenaient bien, n’avait pas une attitude négative. C’est la première fois où on a réussi à jouer collectif pendant 36 minutes!», se réjouit-il.
Même si Gréngewald reste lanterne rouge, cette victoire permet de ne pas être décroché : «En fait, c’était la victoire dont nous avions besoin.» Le chemin reste encore très long mais l’espoir demeure.
Ces deux perfs font écho à une autre une semaine plus tôt quand les Musel Pikes, qui peuvent également être considérés comme plutôt une formation qui jouera le maintien, avaient infligé sa toute première défaite de la saison à la Résidence. Des petits qui battent le gros. Simple coup de chance ou vraie tendance? En tout cas, ces victoires doivent sonner comme un signal d’alarme pour les ténors. Et un signe d’espoir pour les moins cotés. Quoi qu’il en soit, c’est bon pour le spectacle. Et pour le suspense!