Une horrible défaite et une courte victoire contre un adversaire diminué : le T71 se cherche encore à l’issue de ce double week-end.
La saison dernière s’est terminée en apothéose pour le T71. Pour son 50e anniversaire, le club de la Forge du Sud décrochait les titres chez les dames et les messieurs. Une fin de rêve mais également la fin d’une époque, celle, ô combien dorée du fantastique duo Schumacher/Muller, deux des meilleurs joueurs luxembourgeois de tous les temps qui ont accumulé les trophées comme d’autres enfilent des perles. On ajoute à cela le départ du coach Ken Diederich, l’intégration des deux internationaux Joe Kalmes et Philippe Arendt et on comprend qu’il faudra du temps pour que toutes les pièces du puzzle se mettent en place.
Le T71 est désormais confié à un homme de confiance de Ken Diederich, le Croate Denis Toroman, assistant coach du sélectionneur en équipe nationale. Et le technicien des Balkans savait que la tâche ne serait pas évidente : «C’était le meilleur job du pays, mais j’étais conscient qu’il faudrait du temps. Cela fait 25-30 ans que je suis dans le basket et je sais à quel point l’expérience est quelque chose de primordial. L’expérience et la maturité. Deux choses dont on manque», constate-t-il. On l’a dit, l’effectif a considérablement évolué. Et même s’il est resté et qu’il a une certaine expérience, Kevin Moura est également dans une nouvelle phase : «Son rôle est différent. Il doit apprendre à être un leader, c’est le capitaine de l’équipe maintenant. Cela prend du temps. On n’est qu’au début du processus.»
Dudelange a de la qualité, à l’image de ses deux pros, Quintin Dove et Dikembe Dixson mais eux également ne sont qu’au début de leur processus : «Ce sont deux joueurs très doués, mais encore très jeunes qui découvrent la vie de joueur pro. Vivre 24h sur 24 pour le basket. Ce n’est pas forcément évident.»
Depuis le début de saison, Dudelange alterne donc logiquement le bon et le moins bon. Voire le très mauvais, comme c’était le cas vendredi, à domicile contre l’Arantia (défaite 67-84) : «Sans conteste notre pire match de la saison et peut-être le pire depuis que je suis coach», reconnaît Denis Toroman. Qui a mis ses joueurs face à leurs responsabilités, comme c’était déjà le cas avant la victoire contre le Racing : «Ils ont bien réagi, mais maintenant il faudrait qu’ils le fassent sans que j’aie besoin d’élever le ton.»
Je n’ai pas de potion magique comme Astérix ou Obélix
Dimanche, au Deich, c’était donc mieux. Même si, le coach le reconnaît, on a facilité la tâche à Dudelange puisque Etzella était privé de Sticky et Fritz Gutenkauf, positifs au Covid : «On était d’accord, tout comme les Musel Pikes, vendredi d’ailleurs, pour ne pas jouer le match, car on sait très bien que ce qui arrive cette fois à Etzella peut très bien nous arriver à nous ou à une autre équipe le week-end suivant. Malheureusement, cette demande a été refusée. C’est vraiment dommage. En tant que compétiteur, vous voulez toujours affronter les meilleurs. Et Etzella est forcément meilleur avec Fritz et Sticky», évoque Denis Toroman en connaissance de cause, puisqu’il a l’occasion de voir Philippe Gutenkauf à l’œuvre lors des rassemblements avec l’équipe nationale.
Une fois décidé que le match se tiendrait, Dudelange a tout fait pour l’emporter. Et y est parvenu : «Ça se joue sur des détails. On a Dikembe qui a pris feu. Parfois, on peut mettre en place toutes les tactiques du monde mais il arrive qu’un joueur prenne la balle et score. C’est ce qui s’est passé dimanche. On a mis quelques tirs compliqués, Etzella en a raté quelques-uns, on a été plutôt solides en défense et pour la première fois, on a gagné la bataille du rebond. C’est tout cela qui a fait la différence.»
Une victoire certes étriquée (80-83) mais ô combien importante, comme l’explique Philippe Arendt, auteur d’un tir à trois points très important en toute fin de match : «On avait vraiment besoin de ce succès. Il fallait absolument montrer une réaction après la vraie catastrophe du vendredi.»
C’est donc un T71 sur courant alternatif auquel on a droit depuis le début de la saison. Tout sauf une surprise pour le nouveau coach : «Je savais à quoi m’attendre. Bien sûr, on veut gagner chaque match, mais ce n’est tout simplement pas possible. On a six nouveaux joueurs dans le roster, je pense que nous sommes les seuls dans ce cas dans la ligue. On s’entraîne environ quatre fois par semaine. Je crois que depuis le début de la saison, on a dû avoir 31 entraînements en équipe et peut-être 20 où tout le monde était présent. Dans le monde pro, il faut deux semaines et demie pour faire 20 séances alors que là, ça fait deux mois.»
Une équipe se construit en vivant ensemble, en s’entraînant ensemble, en partageant des choses ensemble. L’alchimie ne vient pas du jour au lendemain : «J’aimerais avoir une formule magique, mais je n’ai pas de potion comme Astérix et Obélix. C’est au fil des séances d’entraînement qu’on va s’améliorer. Je sens qu’on est sur le bon chemin, même si ça va encore durer.»
Jusqu’où peut aller cette équipe? «L’objectif minimal est d’atteindre les play-offs. On veut aller le plus haut possible mais remporter un titre fait appel à tellement de facteurs qu’il est impossible à l’heure actuelle d’y penser.» Et de conclure : «On est sur le bon chemin. Par phases, on commence à jouer comme je le souhaite. C’est-à-dire avec une grosse défense et de l’altruisme. J’ai dit que je voulais qu’on soit la meilleure équipe en défense et la meilleure au niveau des passes. Pour les passes, on est bien partis. Pour la défense, c’est plus compliqué. Mais on est sur le bon chemin.» À confirmer dès samedi face aux Musel Pikes : «Encore un match do or die. On sera favoris face à une équipe qui progresse. Il ne faudra pas longtemps avant qu’elle ne décroche sa première victoire. Il faudra être concentré à 200% pour l’emporter.» Le processus sera encore long pour le champion.
Romain Haas