(3e journée de N1) L’Arantia a dominé de justesse l’Amicale, dimanche. Un succès important pour permettre à la formation de Larochette de rester dans la course aux play-offs. Luc Kirpach, son capitaine, fait le point sur le début de saison. Et il se montre plutôt optimiste pour la suite.
Vous êtes à 2-1. Quel bilan tirez-vous de ce début de championnat ?
Luc Kirpach : Il est très bon. Si on m’avait dit, avant le début de la saison, qu’on serait à 2-1 après les trois premiers matches, on aurait signé tout de suite. Je dirais que dimanche, on a gagné le match qu’il fallait. Face aux Pikes, ce n’était pas vraiment prévu mais, bien sûr, on prend volontiers la victoire. Vendredi, face à Esch, on était dans le match pendant trois quarts. Mais on n’a pas mis un seul panier à trois points et contre une équipe comme Esch, qui ferme l’accès à la raquette, si tu ne mets pas tes tirs, c’est très dur. Pour espérer battre une formation aussi forte, il faut avoir une journée parfaite.
Ce bon début de saison est-il aussi dû à la présence du nouveau coach, Christophe Ney ?
Absolument. Lui a une philosophie totalement différente de celle de Brian Carroll. Il veut qu’on joue vraiment en équipe et pas que ce soit les Américains qui marquent tout pendant que les trois autres ne sont que des statues sur le parquet. Il veut que chacun soit impliqué dans l’action, que chacun prenne ses responsabilités. C’est toujours un processus d’apprentissage pour nous, il faut nous laisser encore du temps pour qu’on soit au top.
Pas des stars mais des joueurs d’équipe
Concrètement, comment se manifeste cette nouvelle philosophie ?
Christophe donne de la confiance à tous les joueurs. Il nous encourage à prendre nos tirs, nos responsabilités. C’est aussi avec cette approche qu’il a choisi deux Américains qui ne sont pas des stars mais des joueurs d’équipe qui sont prêts à ne marquer que 15 points s’il le faut.
Ça aussi ça change ?
Tout à fait! Les dernières années, on a eu beaucoup de joueurs américains qui n’étaient là que pour soigner leurs stats personnelles même si c’est grâce à eux qu’on s’est maintenus en Total League. Je crois que la dernière fois qu’on avait joué l’Amicale, nos deux Américains avaient marqué près de 90 points. Dans ce cas, même si tu gagnes, quand tu rentres à la maison, tu n’es pas content de toi. Aujourd’hui, c’est complètement différent. Tout le monde est impliqué. Tyrell (Sturdivant) a eu quatre fautes très tôt mais pas grave, les autres ont beaucoup joué et pris leurs responsabilités.
Vous battez une équipe de l’Amicale qui vaut peut-être plus que ce qu’on pouvait croire avant le début de la saison ?
C’est une équipe très motivée, qui joue très vite et qui donne tout. Ils ont deux très bons Américains, le Suédois est aussi très fort, rapide et collectif. C’est une formation difficile à jouer.
Vous vous imposez à l’issue d’une rencontre très serrée.
C’est vrai. À la mi-temps, on menait d’un point. Dans le troisième quart, on se détache d’une dizaine de points mais l’Amicale est revenue. Et on est restés sur un écart de 5-10 points jusqu’à la fin. Heureusement pour nous, dans le quatrième quart, on a enfin marqué à trois points, ce qui nous a fait beaucoup de bien!
Qu’est-ce qui fait la différence ?
Pit Elcheroth, qui a mis 14 points, a été très fort sous l’anneau, il a mis quelques paniers très importants. Et puis, comme je l’ai déjà dit, on a rentré des tirs à trois points. D’une manière générale, on a bien évolué collectivement et on n’a pas paniqué, ce qui nous a aidés à l’emporter.
Avec, comme vous l’expliquiez, une marque bien répartie ?
Oui, les systèmes sont pour tout le monde. La philosophie du coach, c’est de servir le joueur qui a la main chaude. Si c’est l’Américain, c’est l’Américain, mais aujourd’hui c’était Pit.
Est-ce compliqué de mener de front une carrière de joueur tout en étant depuis longtemps au comité ?
Ce n’est pas évident. Surtout que je suis capitaine. Mais ce qui est bien, c’est que cette année, on ne change pas de coach, ni d’Américains. Les années précédentes, ce n’était pas facile car je savais qu’un Américain allait se faire virer, mais je devais aller à l’entraînement et l’encourager comme si de rien n’était.
Vous êtes le capitaine de l’équipe, mais vous ne jouez pas énormément. Est-ce un problème pour vous ?
Non. Je suis assez réaliste avec mes qualités. Je sais que parfois je pourrais faire mieux, avoir plus d’impact sur le terrain, mais ce n’est pas l’essentiel. Ce qui compte pour moi, c’est qu’on gagne. Peu importe si je joue ou pas. Bien sûr, si on s’incline et qu’un joueur sur ma position sort un mauvais match, je voudrai avoir ma chance pour prouver que je peux faire mieux. Mais je suis à 100 % pour l’équipe. Pour qu’elle réussisse. Je sais que je peux jouer au basket mais que je ne serai jamais en équipe nationale.
Parfois on retombe dans nos travers
Vous partagez la même philosophie que votre coach en fait ?
Oui, je m’entends très bien avec lui. Il donne la parole aux joueurs, il respecte leurs opinions. Avant chaque séance à l’entraînement, il demande si quelqu’un a une question, par rapport au match précédent ou tout autre sujet. Tu peux vraiment dire ce que tu penses et le coach est à l’écoute de ses joueurs. Même à l’entraînement, s’il montre un système au tableau et que sur le terrain tu te rends compte que c’est différent, tu peux lui dire et il n’hésitera pas à s’adapter.
Après ces trois premiers matches, quels sont les plans sur lesquels vous devez progresser ?
Je pense que globalement, on est bien organisés mais parfois on retombe dans nos travers en forçant un tir après la première passe. On doit améliorer le jeu collectif. Et puis, c’est clair qu’on doit progresser au niveau de l’adresse longue distance. Ça n’était vraiment pas ça sur ces premiers matches.
En revanche, ce qui marche, c’est Gilles Poos, qui vient des Pirates ?
Oui. Il a une attitude parfaite, il a les pieds sur terre, il sait ce qu’il peut faire et techniquement, il est très fort. C’est un joueur très intelligent, pour nous, c’est le steal parfait. Personne ne le connaît et on a vu qu’il a eu un véritable impact face aux Musel Pikes notamment. À 23 ans, c’est vraiment un très bon backup pour Malk. Il organise bien le jeu, il est calme. Les deux se complètent bien.
Ce bon début de saison change-t-il les objectifs ?
Non. On veut faire le top 8, ce qui va être très dur. Pour nous, c’est important de gagner les matches qu’on doit gagner. Si on atteint les play-offs, la saison sera réussie. Et après, tout est possible.
Que pensez-vous de cette nouvelle formule ?
Je la trouve globalement positive. C’est bon pour l’attractivité du championnat. Quand tu es huitième et que tu joues le premier, tu n’as rien à perdre. Tu tiens à prouver que tu mérites ta place. Et pas question d’attendre le match d’après, c’est des rencontres do or die. Trois finales au minimum à disputer. Le basket luxembourgeois avait besoin d’un changement. En revanche, ce qui ne me plaît pas trop, c’est que trois équipes sur quatre peuvent descendre. Je trouve que ça fait beaucoup.
Vous pensez que la saison ira au bout ?
Je l’espère. Les clubs ont fait énormément d’efforts au niveau financier, organisationnel. Ce serait un très gros coup dur que la saison n’aille pas au bout. Mais on ne veut pas y penser !
Entretien avec Romain Haas