Steinsel a joué avec trois non-JICL face au Telstar. Une décision que le club justifie. Mais qui ne manque pas de faire beaucoup parler
Samedi, l’Amicale a débuté sa course au maintien lors de la réception du Telstar. Un match qui s’est conclu par la victoire des Fraisiers (88-73). Quand on regarde la ligne de stats, on peut lire que 64 points des Steinselois ont été inscrits par trois joueurs : Jett Speelman (23 pts), Christian Kendrix (15)… et William Perry (26). Et non, ce dernier n’est pas un Luxembourgeois dont le nom a une consonance américaine : c’est bel et bien un Américain!
En effet, l’Amicale a donc décidé d’aligner trois non-JICL sur le parquet! Une révolution? Pas forcément puisque leur adversaire du soir, le Telstar, en faisait de même.
Mais assurément un tournant et une belle gifle en plein visage au gentlemen’s agreement, qui a cours depuis 2012 et qui veut que même si la Commission européenne valide le principe de pouvoir jouer avec trois joueurs non formés localement, les clubs luxembourgeois se sont entendus sur le chiffre de deux basketteurs non-JICL.
Sur un plan strictement légal, un gentlemen’s agreement n’est pas un contrat et Steinsel, est, du coup, dans son bon droit, c’est indéniable.
Un choix qui fait parler
Mais parfois, il y a une différence entre ce qui est légal et ce qui est moral. Est-ce légal de prendre un troisième Américain? Oui! Est-ce moral? Chacun verra midi à sa porte.
Cette décision de l’Amicale, aussi motivée soit-elle (voir ci-dessous), n’a pas fini de faire parler : «Mon fil Facebook est plein», commente un des joueurs.
Forcément, avec trois pros, on a plus de chances de gagner des matches. Et donc plus de chances de sauver sa saison en se maintenant au sein de l’élite. La faim justifie-t-elle pour autant tous les moyens? La question se pose.
Pour les adversaires de Steinsel, les avis divergent. Gavin Love, le coach de Contern, n’est pas au courant d’un quelconque gentlemen’s agreement. Pour lui, l’Amicale «a faim de victoires et ils font tout ce qui leur est possible pour y parvenir». Et d’ajouter : «Ils ne brisent aucune loi. S’il y a un problème, dans ce cas, il faut changer la loi. Maintenant, ce qui est sûr, c’est que ça leur donne un énorme avantage comme en témoignent les lignes de stats.»
Cette nouvelle donne pourrait fortement impacter l’Arantia, qui n’est plus qu’à deux points derrière Steinsel au classement. Larochette qui est, pour l’heure, la dernière équipe de N1 à se maintenir. Brian Carroll, le coach de la formation nordiste, veut que les choses soient claires : «Pour moi, il faut faire en sorte qu’il y ait à chaque fois au moins 3 JICL sur le parquet. Si vous voulez jouer avec plus de deux étrangers, vous en mettez un sur le banc pour permettre le développement des joueurs JICL.»
Boîte de Pandorre
Le Sparta, qui a bien démarré sa compétition, veut quant à lui se servir de cette décision comme d’une motivation supplémentaire, comme l’explique Pascal Meurs : «Avec une équipe de jeunes Luxembourgeois plein de talents. Je me focalise sur notre projet au Sparta et le développement de nos jeunes joueurs et je ne me tracasse pas sur les choix de Steinsel.»
Le technicien belge, de prévenir : «Je viens d’un pays où certains clubs jouent année après année avec six Américains et où le nombre de spectateurs dans les salles diminue. On a beaucoup de nostalgie par rapport à l’époque où chaque équipe avait deux Américains et huit Belges (comme le Luxembourg aujourd’hui).» Et de conclure : «Si je parle à l’étranger de ce gentlemen’s agreement au Luxembourg, je sens beaucoup de respect. Jusqu’à aujourd’hui, c’est une solution qui marche. Peu importe la règle, le plus important c’est que tout le monde s’y tienne.»
En brisant cette règle tacite, l’Amicale a-t-elle ouvert la boîte de Pandorre? D’autres clubs vont-ils s’engouffrer dans la brèche quitte à mettre de côté une certaine éthique sportive? On devrait être fixé assez rapidement.
Romain Haas