L’Europe, c’est terminé pour cette saison. Quant à savoir si on y aura à nouveau droit dans quelques mois. Mystère…
La campagne européenne s’est achevée jeudi soir pour les deux clubs luxembourgeois engagés en Eurocup. C’est donc l’heure du bilan.
EST-CE QUE ÇA VALAIT LE COUP ?
Sur ce plan, toutes les joueuses répondront par l’affirmative. Vivre chaque semaine une rencontre internationale face à des filles d’un autre niveau, ça permet de grandir à vitesse grand V. Et même si tant Gréngewald que Dudelange ont parfois souffert et encaissé de bonnes raclées, le jeu en valait clairement la chandelle. Il n’y avait qu’à regarder l’immense joie de Gréngewald la semaine dernière, quand elles décrochaient enfin leur toute première victoire européenne en poule face à Antalya, ou les cris de joie, les sauts dans les bras et les selfies enjoués et autres posts Insta des Dudelangeoises, qui ont signé un véritable exploit en faisant mordre la poussière à Gorzow, jeudi soir en Pologne : «On a grandi avec cette campagne», expliquait d’ailleurs Jérôme Altmann après le succès du T71.
EST-CE QUE ÇA VALAIT LE COÛT ?
C’est malheureusement LA question qu’il faut se poser. S’engager dans une telle campagne européenne coûte beaucoup. Et rapporte peu. Et ce n’est pas le cruel manque d’engouement des spectateurs luxembourgeois qui va encourager les sponsors à remettre la main au portefeuille. L’an passé, il n’y avait personne au Am Sand, qui sonnait malheureusement tout le temps creux, et cette année, même la présence d’un cador européen comme Bourges n’a pas attiré les foules (environ 200 spectateurs seulement).
Et malheureusement, le constat est sensiblement le même pour Dudelange. Si le T71 avait réussi à attirer un peu de monde l’an passé, notamment grâce à la présence en force de supporters du Benfica, les filles du président Marcel Wagener ont cette fois éprouvé les pires difficultés à remplir un tant soit peu les gradins.
Ce n’est donc pas avec les entrées ou la buvette que les caisses se rempliront. Pour qu’il y ait encore de l’Eurocup les prochaines années, ça passera forcément par les sponsors. Ce sont eux qui détiennent les cordons de la bourse. Et certainement l’avenir européen des clubs luxembourgeois.
LES LUXEMBOURGEOIS ONT-ILS LEUR PLACE DANS LE CONCERT EUROPÉEN ?
Avant même cette dernière journée, François Manti, le coach de Gréngewald, répondait par l’affirmative : «Oui. Notre victoire contre Antalya ne démontre qu’une seule chose : on n’a pas fait tout ça pour rien. C’est quatre ans de participation en Eurocup qui sont récompensés avec ce succès. Personnellement, je pourrai mettre sur mon CV que j’ai une victoire en Coupe d’Europe. Et les filles également. On peut dire que ça valide notre place dans cette compétition. On n’a pas été si ridicules que cela. Et Dudelange avait également gagné un match l’an passé, donc oui, on peut dire qu’on a notre place.»
Avec cette deuxième victoire en deux campagnes et encore une fois à l’extérieur, Dudelange a montré au moins aux Polonaises que même si elles n’avaient pas le même talent, les mêmes noms ronflants, les mêmes moyens et le même effectif, elles avaient tout à fait voix au chapitre dans ce concert européen.
QUEL BILAN POUR CETTE CAMPAGNE ?
Forcément positif. Puisque chaque équipe luxembourgeoise repart avec un succès dans sa besace alors que sept des douze derniers de groupe n’ont pas remporté la moindre victoire. Gréngewald avait complètement raté son entame contre Brno avant d’être tout près d’aller battre Antalya en Turquie. Les filles de François Manti ont ensuite réussi à prendre un quart à l’ogre Bourges avant, la semaine dernière, de remporter face aux mauvaises perdantes turques leur tout premier succès européen en poule de l’histoire. Ce qui était l’objectif annoncé d’entrée par le champion national.
Dudelange a vécu une campagne plus chaotique. Face à des adversaires de très haut niveau, elles ont fait de leur mieux à Gérone avant de faire jeu égal avec Piestany en première mi-temps à la maison… pour s’écrouler finalement totalement au retour des vestiaires. S’ensuivaient un non-match et une correction polonaise. Avant de retrouver un peu de baume au cœur avec une défaite, mais beaucoup de points positifs et d’engagement, contre Gérone, qui a terminé invaincu cette campagne.
La semaine dernière, pour la reprise de la compétition, Mia Loyd et ses copines n’avaient pas vu le jour contre les Slovaques. Mais jeudi, elles ont bouleversé tous les pronostics en allant imposer leur style de jeu à des Polonaises qui ne s’attendaient certainement pas à une telle opposition. Et qui n’ont pu que constater les dégâts : «Je suis content de terminer la campagne comme cela. On a pu montrer ce qu’on était capables de faire.»
ALORS, STOP OU ENCORE ?
Il est beaucoup trop tôt pour le dire. On va laisser passer quelques mois et se poser les bonnes questions. À Gréngewald, les sœurs Hetting, Sam Logic ou Amanda Cahill ont beaucoup, beaucoup d’expérience. Seraient-elles prêtes à repartir pour une nouvelle danse, il faudra déjà voir dans quelle forme physique elles seront dans quelques mois, quand il faudra se décider pour repartir ou non dans cette aventure.
Dudelange, tout le monde le sait, va perdre Ehis Etute, qui n’a pas manqué de faire le buzz à presque chacune de ses sorties internationales ces derniers mois. Sans son prodige, qui va bientôt s’envoler pour vivre son rêve américain chez les Oregon Ducks, le club aura-t-il l’envie et les moyens de se lancer à nouveau dans un tel projet. Catherine Mreches a subi une très grave blessure à l’issue de la dernière campagne, Mandy Geniets est toujours en délicatesse avec son tendon d’Achille, Shay Winton a son bébé, Mia Loyd risque de ne pas faire de vieux os au Grand-Duché tellement elle a été impressionnante…
Bref, beaucoup de questions se posent avant même de savoir si les partenaires financiers voudront ou non jouer le jeu. Stop ou encore? On n’en sait rien. Ce qui est sûr, c’est que des émotions comme celles de jeudi à Gorzow, on en redemande tous les jours. Et que ce n’est clairement pas en LBBL qu’on les retrouvera… Jérôme Altmann résume bien la situation : «J’aimerais y retourner. Mais ce n’est pas à moi de décider.»
Max Flammang, le team manager de l’équipe, se montre plutôt pessimiste… à court terme : «Selon moi, il est hautement improbable qu’on soit encore en Eurocup la saison prochaine. Je pense qu’on va se poser, attendre de voir quelle équipe on peut aligner et si ça vaut le coup de l’engager à nouveau, peut-être dans un ou deux ans.»
On l’aura compris, il est urgent d’attendre. De toute façon les deux clubs grand-ducaux doivent maintenant se concentrer sur les échéances nationales. Avec, pour les deux, la même ambition : réaliser le doublé Coupe-championnat.