Chris Jones est de retour dans l’élite. Un contrôle positif, une suspension de neuf mois, une grave blessure à la main, une pause puis un retour à Gréngewald et enfin Heffingen… autant de sujets à aborder avec lui.
Cela faisait pas mal de temps qu’il avait disparu des radars. Il faut dire que Chris Jones, ancien grand espoir du basket luxembourgeois, avait vu sa carrière stoppée net à la suite d’un contrôle antidopage positif (il avait fumé un joint) et une suspension très lourde de neuf mois. Revenu pour terminer la saison 2016/2017 avec le T71, il avait ensuite pris de la distance avec le monde du basket.
Après deux ans éloigné de la balle orange, il avait ensuite décidé d’effectuer un retour presque en catimini, dans l’anonymat de la Nationale 2 avec le club de Gréngewald. Et comme tout s’est bien passé, à 29 ans, l’ancien international va retrouver l’élite. Du côté de Heffingen. Dès ce week-end. Il a pris de longues minutes pour revenir sur ces différentes étapes de sa carrière. Et également pour partager ses idées pour améliorer le niveau du basket luxembourgeois ainsi que les perspectives des plus jeunes joueurs.
SA SUSPENSION
«J’ai fait une erreur et j’ai accepté les conséquences»
Le 12 mars 2016, le T71 remporte la finale de la Coupe en dominant la Résidence. Après cette rencontre, plusieurs joueurs ont été contrôlés, parmi lesquels Chris Jones, qui avait participé à une soirée au cours de laquelle il avait fumé un joint. S’il reconnaît son erreur et déclare en avoir accepté les conséquences, il est en revanche très remonté contre «certaines personnes» qui se seraient arrangées pour faire en sorte qu’il soit contrôlé, sachant qu’il était sorti : «On a voulu détruire mon image publique et ma carrière», rappelle-t-il. Et malheureusement pour lui, c’est effectivement ce qui va se passer. Quelques jours plus tard, il passe devant le Conseil de discipline antidopage qui lui inflige neuf mois de suspension. Une très lourde décision.
POURQUOI IL EST REVENU
«Je ne voulais pas que ça se finisse comme cela»
Chris Jones a purgé sa peine mais a tenu à revenir au sein du T71 afin de terminer la saison avec le club de la Forge du Sud. La raison ? «Je ne voulais pas donner raison à ceux qui pensaient que j’allais m’arrêter comme cela. J’ai été traîné dans la boue par certains médias, je me suis retrouvé en première page et beaucoup croyaient que psychologiquement, je ne serais pas capable de remonter sur un parquet. Mais psychologiquement, je suis revenu plus fort et moins sensible à certaines choses. On a voulu faire de moi le vilain de l’histoire, je ne voulais pas que cela se termine comme cela.»
POURQUOI IL A FAIT UNE PAUSE
«Pas à 100 %, ça n’en valait pas la peine»
Après avoir terminé sa saison avec Dudelange, Chris Jones a ensuite pris du recul avec le basket. Il faut dire qu’un événement l’y a un peu contraint : «Un mois après la fin de la saison, la porte d’entrée s’est violemment refermée sur ma main. J’avais très mal mais je pensais que c’était un gros bleu. Je suis allé voir un pote. Quand il a vu l’état de ma main qui gonflait alors que je l’avais mise dans un seau d’eau glacée, il m’a dit d’aller à l’hôpital. J’y suis allé et on m’a opéré d’urgence le lendemain.»
Il a en effet subi une quintuple fracture de la main qui a nécessité la pose d’une plaque et de vis pendant plus d’un an. Opéré plusieurs fois, il aurait pu reprendre en 2018/2019 mais son état physique incertain et surtout le fait que Nelly Stephens avait été prié de faire ses bagages l’ont convaincu de continuer de rester en retrait du monde du basket : «Et de toute façon, si je ne pouvais pas être à 100 % et que je prenais le moindre risque de rechute en cas de choc, ça n’en valait pas la peine.»
POURQUOI IL EST ENCORE REVENU
«Tout cela me manquait»
Chassez le naturel, il revient au galop : «À chacun de mes voyages, que ce soit aux Philippines, en Thaïlande ou en Afrique du Sud, j’ai tout le temps joué au basket. Le basket me manquait mais je ne savais pas si c’était simplement le jeu en lui-même ou bien tout l’aspect camaraderie qu’il y a autour.»
Et il s’est rendu compte que c’était l’ensemble qui lui manquait. Mais pas question de revenir trop fort, directement au sein de l’élite : «Je ne savais pas si physiquement comme mentalement, je serais prêt à jouer. Je n’avais pas envie de me rendre compte que ça ne me convenait pas et d’abandonner au bout de quelques mois. Je voulais jouer sans pression.»
C’est donc à Gréngewald que Chris Jones décide de rebondir : «Pour moi, c’était un bon niveau de transition avec un super programme, un bon coach, de super joueurs. Et surtout, une ambiance familiale.» Il tient particulièrement à cet aspect : «Désormais je sais où je n’ai pas du tout envie de jouer. Je préfère être dans un club moins mainstream, mais davantage basé sur la convivialité», résume-t-il. Tout cela, il l’a trouvé à Gréngewald, club où son père a entraîné par le passé.
Habitué aux rencontres de N1, il a dû s’adapter à celles de l’échelon inférieur : «C’est très différent. Tant au niveau de la vitesse de jeu que de la variation attaque-défense.»
SON RETOUR AU SEIN DE L’ÉLITE
«C’est grâce à Nelly»
Chris Jones n’avait pas spécialement prévu de revenir un jour en Nationale 1. Mais il est resté très proche de Nelly Stephens, avec qui il a joué à Dudelange et c’est grâce à lui qu’il se retrouve désormais à Heffingen : «Avec Nelly, on s’entend très bien sur le terrain, comme en dehors. On est tous les deux pères et on se projette davantage dans ce qu’on va faire après le basket. L’idée de relever ce dernier challenge ensemble était vraiment tentante. S’il n’avait pas été là, ce n’est pas sûr que j’aurais encore joué une saison en N1», résume-t-il.
Un an plus tôt, il avait déjà été en contact avec Heffingen, où son père avait évolué dans le temps, mais avait préféré opter pour la N2. Et la solution Gréngewald.
Voilà donc Chris Jones fin prêt pour retrouver l’élite.
CE QU’IL PENSE DE HEFFINGEN
«Jamais eu de match facile contre eux»
Chris Jones a souvent eu l’occasion de fouler le parquet de Heffingen. En tant qu’adversaire. Et il sait très bien où il met les pieds : «Heffingen, ça a toujours été un endroit où on déteste aller. Une formation assez équilibrée dans tous les domaines. Personnellement, que ce soit avec Contern, l’Amicale ou le T71, je ne me rappelle pas avoir jamais eu de match facile contre eux.»
SON ÉTAT D’ESPRIT
«Cette saison, c’est sûr, après, on verra»
Au moment de retrouver l’élite du basket grand-ducal, Chris Jones se pose forcément quelques questions. Mais une chose est acquise, c’est qu’il participera bien à toute la saison. Voire un peu plus : «Déjà, je fais cette saison, c’est sûr. Après, tout dépend de comment cela se passe. Si l’envie est toujours là, si l’intégration est bonne et si mon corps le supporte – chose dont je ne doute pas vraiment –, je pense pouvoir jouer encore deux ou trois ans sans problème.»
SON RÔLE
«D’abord là pour la défense»
À Heffingen, Chris Jones sait ce qu’il aura à faire : «Je vais déjà voir ce que je peux apporter en défense. Mon énergie mentale et physique sera un plus pour cette équipe. Je n’ai pas besoin d’un rôle gigantesque. Je suis un leader d’expérience qui vient apporter son vécu et sa fraîcheur. Si je regarde l’effectif, avec un bon mélange entre jeunes et anciens, je me dis qu’on a tout ce qu’il faut. L’objectif ce sera le Final Four. Et la cerise sur le gâteau, ce serait le titre !»
Avant de penser au titre, il va déjà falloir prendre ses marques avec ses nouveaux coéquipiers. Les débuts officiels de Chris Jones sont programmés, tiens tiens, samedi, à domicile face au… T71. De sacrées retrouvailles en perspective !
Romain Haas