(Eurobasket-2023, qualifications) Cinq ans après, la sélection nationale dames retrouve le très haut niveau. Ça commence ce jeudi soir, à domicile, face à la Suisse.
Il y a cinq ans, après une campagne européenne héroïque face à des mastodontes comme la Serbie, l’Allemagne et l’Ukraine, l’équipe nationale dames avait pris une décision radicale : «On a choisi d’effectuer un pas de recul. De ne plus prendre part aux qualifications des grands championnats et d’évoluer au niveau inférieur», explique Mariusz Dziurdzia, l’entraîneur national.
Contrairement à la compétition masculine, où le Luxembourg débute par des prépréqualifications puis des préqualifications avant de pouvoir, éventuellement, affronter enfin les cadors de la balle orange, les dames ne fonctionnent pas sur le même mode. Elles ont le choix entre des qualifications où elles peuvent se retrouver, comme il y a cinq ans, avec les championnes d’Europe : «Elles nous avaient battues de 90 points à la maison, mais au match retour, on avait fait un match extraordinaire et on avait perdu de seulement une vingtaine de points», ou des compétitions de moindre envergure comme le championnat d’Europe des petites nations : «C’est dommage, mais ce n’est pas comme chez les messieurs. Chez les dames, il n’y a pas de juste milieu.»
«On voulait redescendre d’un échelon pour continuer à progresser et revenir une fois qu’on aurait fait nos preuves.» En clair, avec une médaille d’or autour du cou. Et justement, fin juillet, à l’issue d’un parcours parfait, Nadia Mossong et ses coéquipières revenaient de Chypre avec la fameuse breloque : «Ça montre que l’équipe est à nouveau prête à jouer sur un niveau plus élevé», indique-t-elle. Et d’ajouter : «C’est un peu une récompense pour le bon travail effectué ces dernières années.»
«Un tout autre niveau que cet été à Chypre.»
Dans la foulée, la FLBB annonçait donc qu’elle engageait à nouveau son équipe dames dans la course à la qualification pour les championnats d’Europe 2023 : «Je suis surexcitée de pouvoir à nouveau participer à cette compétition. J’ai hâte de voir si on a fait un step en avant», évoque quant à elle Magaly Meynadier, autre pilier de la sélection.
Voilà donc Nadia Mossong et ses copines – à l’exception des «Américaines» – engagées à nouveau dans une campagne internationale d’envergure. Avec un groupe H bien corsé, où les 56e au ranking FIBA retrouvent l’Italie (13e mondiale), la Slovaquie (23e) et la Suisse (58e) : «Un tout autre niveau que cet été à Chypre.»
Qui débute donc, ce jeudi soir à domicile face à la Suisse : «Les filles sont très enthousiastes de jouer de nouveau un match officiel à la maison, cinq ans après!» Mais attention, rien ne sera facile. En effet, le classement biaise un peu les choses : «Nous avons progressé au ranking car nous avons gagné le championnat d’Europe des petites nations alors que la Suisse n’a pas joué. Mais ce sont des filles habituées à cette compétition, avec des joueuses professionnelles. Ce ne sera pas évident», prévient le technicien.
D’autant plus que la préparation a été courte. Très courte même : «On a l’habitude de jouer en été et d’avoir quatre semaines de préparation. Là, on aura eu un peu plus d’une semaine. Et seulement deux ou trois jours au complet, puisque nos joueuses internationales avaient des matches encore ce week-end. C’est très peu, mais c’est ainsi qu’est le système.»
Emmagasiner de l’expérience… et gagner un match?
Malgré tout, s’il y a une rencontre que la sélection peut espérer emporter, c’est bien ce premier match, face aux Helvètes. Pour y parvenir, il leur faudra être à leur meilleur niveau : «On doit jouer notre basket. Très bien défendre et faire les bons choix en attaque. On va devoir tout donner sur le parquet et jouer avec le cœur pour espérer l’emporter.»
Évidemment, ce n’est pas physiquement que les Luxembourgeoises vont pouvoir faire la différence : «Nous avons Lisa (Jablonowski), qui fait 1,90 m. Quand on joue des matches européens, on affronte des équipes où au moins cinq joueuses qui font plus de 1,90 m. Ça fait une énorme différence.»
On l’aura compris, une victoire face aux Suissesses serait déjà un vrai petit exploit. Mais les joueuses y croient dur comme fer, à l’image de Nadia Mossong : «Pour elles aussi, c’est le match à gagner. Je m’attends à une rencontre avec beaucoup d’agressivité. On va essayer de montrer une belle performance et de prouver qu’on est l’équipe la plus forte.» Même son de cloche pour sa compère Magaly Meynadier : «À Chypre, on a montré un nouveau visage. On est très motivées et on espère battre la Suisse. Ou, au moins, lui rendre la vie difficile.»
Quant à l’autre rencontre de cette fenêtre, dimanche à Faenza, en Italie, le but sera d’emmagasiner de l’expérience : «On sait qu’il y a un risque de très large défaite, mais les filles ont une chance unique d’affronter des joueuses qui font partie des meilleures d’Europe. On va entrer dans chaque rencontre avec l’intention de la gagner, peu importe l’adversaire. Et si ce n’est pas possible, l’objectif est de tout donner. De ne pas avoir de regrets», affirme encore le sélectionneur. Un match forcément un peu particulier pour Nadia Mossong : «J’ai joué trois ans là-bas. Ça me fait plaisir de retourner en Italie et de pouvoir affronter une telle équipe dans le pays que je considère comme ma deuxième maison.»
Ce match sera également l’occasion d’honorer Tessy Hetting, Laure Diederich et Michèle Orban, qui ont tiré leur révérence internationale. En revanche, il s’agira d’une grande première pour plusieurs joueuses et surtout la toute jeune Etute Faith Ehi. La Dudelangeoise, qui vient tout juste de fêter ses 16 ans, a notamment été MVP du dernier European Challenger en Slovaquie, où l’intérieure de 1,83 m avait tourné à 20 pts, 20 rebonds, 4 passes et 4 interceptions! «Je la connais depuis trois ans. C’est un des plus gros talents au pays», conclut Mariusz Dziurdzia.
Romain Haas
Cadre et matches
Sélection : Magaly Meynadier (Sarrelouis), Estelle Muller (Munich), Lisa Jablonowski (Costa Masnaga), Nadia Mossong (T71), Catherine Mreches (T71), Michelle Dittgen (T71), Mandy Geniets (T71), Etute Faith Ehi (T71), Esmeralda Skrijelj (Amicale), Charlie Bidinger (Musel Pikes), Liz Irthum (Gréngewald), Cathrin Wolff (Gréngewald), Joy Baum (Gréngewald), Laetitia Schumacher (Contern), Zoé Braun (Contern).
Programme
Jeudi soir : Luxembourg – Suisse (19 h)
Dimanche : Italie – Luxembourg (18 h)