Les basketteurs français ont réussi un exploit historique en battant les Américains en quart de finale du Mondial, 89 à 79, mercredi à Dongguan, où ils se sont ouverts les portes d’un rêve encore plus grand, la médaille d’or.
Certes, il n’y avait pas LeBron James, Steph Curry ou Kawhi Leonard dans ce Team USA, mais la prouesse est quand même énorme. C’est la première fois que la France domine une équipe 100% NBA. Aucune nation n’avait réussi à le faire dans une grande compétition officielle depuis 2006.
« C’est juste incroyable! », a réagi le meneur Andrew Albicy, après cette victoire également synonyme de qualification pour les Jeux olympiques 2020, grâce à la victoire de l’Australie sur la République tchèque dans le dernier quart.
Mais quelques minutes après le match, la tonalité n’était déjà plus à l’euphorie. Les Bleus se sont tout de suite tournés vers leur demi-finale contre l’Argentine, vendredi à Pékin. Un match qui nécessite d’autant plus de concentration de leur part qu’ils en seront les grandes favoris.
«J’ai dit aux gars : « Pas de joie, on ne montre rien, parce qu’on n’a rien fait. On a fait un gros quart contre une énorme équipe, on fait un exploit certes, mais on n’a pas de médaille autour du cou. On peut être contents mais à minuit une minute, on passe à l’Argentine »», a dit le capitaine Nicolas Batum.
Tous les anciens pensent au précédent Mondial, en 2014. L’équipe de France avait déjà réussi un coup fabuleux en éliminant la grande Espagne devant son public, mais elle s’était inclinée en demi-finale contre la Serbie. Elle avait réagi ensuite pour prendre la médaille de bronze, la première de l’histoire du basket français dans une Coupe du monde.
Gobert monumental
Personne n’a parlé non plus des Jeux olympiques, et pourtant le ticket pour Tokyo-2020, objectif principal avant le tournoi, est dans la poche grâce au succès des Australiens sur les Tchèques (82-70). La France est l’une deux seules nations européennes dans le dernier carré avec l’Espagne, et à ce titre qualifiée.
Contre les États-Unis, les Bleus ont fait un match presque parfait. Seul un passage à vide à la fin du 3e quart-temps et au début du quatrième a fait passer un frisson dans le dos. Alors qu’ils avaient mené de dix points, ils se sont retrouvés derrière de sept à huit minutes de la fin. C’est là qu’ils ont montré une force mentale impressionnante pour revenir et repasser devant.
« C’est nos c… qui ont parlé, il faut dire les choses comme elles sont », a lancé Evan Fournier, encore une fois le meilleur marqueur français avec 22 points. « Mais ce n’était pas que mental. Il y a eu aussi notre intelligence de jeu sur la fin qui a fait la différence ».
Le grand homme du match a été Rudy Gobert. Infranchissable en défense, mais aussi extrêmement entreprenant en attaque, le pivot de Utah Jazz a signé une ligne de stats monumentale: 21 points, 16 rebonds, 10 fautes provoquées!
Force collective
Les Français ont fait parler leur force collective face à une équipe qui était quand même redoutable sur le papier, avec deux All Star, le meneur Kemba Walker et l’ailier Khris Middleton, et un grand espoir de la NBA, l’arrière Donovan Mitchell, qui a été le seul à leur poser de gros problèmes (29 points, mais aucun dans le dernier quart-temps).
Après le relâchement contre l’Australie (défaite 100-98 lundi), les Bleus ont tous défendu fort. La palme revient à Frank Ntilikina, le meneur des New York Knicks, qui a éteint Walker et mis 11 points en attaque, dont des paniers importants en fin de match. De Colo a été aussi net et précis avec 18 points (dont 11 dans le quatrième quart-temps).
« Ces Américains, c’est une équipe très forte individuellement, mais qui n’a aucun vécu. On joue contre ces gars-là tout le temps. On leur a montré qu’ils étaient des joueurs comme nous. On a fait un match d’équipe », a souligné Fournier, l’un de quatre Français de NBA avec Batum, Ntilikina et Gobert.
« Mais si on perd les derniers prochains matches, on rentre à Paris avec rien », a tout de suite ajouté l’arrière d’Orlando, pour couper court à tout emballement.
AFP