Ken Diederich revient sur le calvaire subi face à la Suède.
Comment sort-on d’une telle rencontre, où on a encaissé 129 points?
Ken Diederich : C’est incontestablement le match le plus difficile que j’ai coaché. On a joué contre une équipe super forte, qui a eu énormément de réussite. Offensivement, c’était OK de notre part, même si on a raté beaucoup de choses faciles qui auraient pu permettre de réduire un peu l’écart. Mais défensivement, on n’a pas trouvé de solutions : ils ont 30 rebonds de plus que nous, ils mettent 18 paniers à trois points. C’est une équipe qui n’est pas à notre niveau, il faut le dire.
C’est une surprise, une telle différence de niveau?
Non. On savait avant le départ que ce serait difficile. En plus avec Clancy (Rugg) et Ivan (Delgado) qui sont blessés, ça complique encore la chose. Pour avoir la moindre chance de pouvoir rivaliser un tant soit peu, j’ai besoin que mes joueurs majeurs soient à 100 % de leur capacité. J’ai besoin de pouvoir compter sur Clancy pendant 35-40 minutes et pas 17 à cause de sa cheville, j’ai besoin d’Alex (Laurent), de Thomas (Grün), d’Ivan, d’Oli (Vujakovic), de Ben (Kovac)…
L’enchaînement des matches a-t-il également joué?
Bien sûr. On a eu un back-to-back alors que la Suède a eu un jour de repos. Les Suédois devaient réagir après leur défaite-surprise au premier match contre le Portugal. J’ai parlé avec leur coach et ils n’ont eu que cinq entraînements. C’est pour cela qu’à mon avis, ils vont battre clairement le Portugal lundi. Nous, on avait tout donné contre le Portugal, en réalisant notamment une très belle seconde période. On revient de -25 à -10 et on y a laissé beaucoup d’énergie. La Suède a eu du repos, nous on était épuisés physiquement, mentalement, on n’était pas là et ça se paie cash. Et malheureusement, on va avoir droit au même scénario pour les deux prochains matches avec un back-to-back et la Suède qui aura encore un jour de repos.
On vous sent inquiet?
On sait qu’on a des ambitions. Cela fait des années qu’on fait des résultats, mais il ne faut pas oublier qu’on est un tout petit pays. Qu’on joue avec quatre pros et des blessés. Contre le Portugal, perdre de 9 points, c’est plutôt une bonne performance pour le Luxembourg.
Je regardais le chrono toutes les 30 secondes
Comment avez-vous vécu ce match contre la Suède, sur le banc?
Il n’y a pas grand-chose à dire. Personne n’aime perdre comme cela. Mais on était à bout physiquement et mentalement. Je regardais le chrono toutes les 30 secondes. Mais c’est le genre de match où tu n’apprends pas beaucoup. Sur le banc, c’était même difficile de trouver les mots. Il n’y avait rien à faire.
On a le sentiment que cette participation aux préqualifications a tout du cadeau empoisonné. C’est également votre sentiment?
Oui. J’ai dit la même chose. Ce n’était peut-être pas une bonne décision de participer à une telle compétition. Surtout qu’on n’a jamais joué comme cela, en été, après une semaine de préparation contre des adversaires d’un tel niveau. Avec en plus la contrainte de la bulle.
Vos déplacements sont limités?
On peut le dire oui. On est à côté de Porto, mais on ne peut pas aller en ville. On a simplement eu le droit de faire une promenade de vingt minutes dans le parc à côté de l’hôtel avec un guide de la FIBA. Psychologiquement, ce n’est pas évident comme situation. En Slovaquie et au Kosovo, c’était une bulle pendant sept jours, là c’est dix jours. C’est très long. Et pour une équipe comme nous, ce n’est pas facile.
Vous avez pensé à déclarer forfait pour les deux prochains matches?
Non! Il faut toujours terminer ce que l’on a commencé. On a deux jours de repos, deux matches à jouer et on veut mieux faire. Peut-être pas prendre une revanche, mais mettre davantage de pression au Portugal et à la Suède. Je ne sais pas si c’est possible, mais c’est le but.
Quels sont les points positifs de ces deux premiers matches?
Déjà, notre mentalité. Et notre réaction en seconde période contre le Portugal. On a remporté la bataille du rebond dans ce match, quand tu fais ça, ça montre que tu t’es battu. Si on est dans un bon jour, on peut faire un bon match. Il faut continuer à se battre. Contre la Suède, je trouve que Sticky (NDLR : Philippe Gutenkauf) a bien géré et que Mathis (Wolff) a fait un bon match pour quelqu’un qui n’a jamais évolué en sélection.
Ce mardi, face au Portugal, l’objectif est de mieux démarrer?
Oui. On avait mal débuté, ce qui était logique face à une équipe qui a disputé sept matches de préparation. Mais si on parvient à rentrer tout de suite dans le match, qu’on joue comme en deuxième mi-temps quand on était revenus de -25 à -10 et qu’en défense on trouve des solutions, on peut mieux jouer.
Et ensuite, ce sera la Suède?
Ce qui me fait peur, c’est qu’ils auront encore un jour de repos en plus. On peut se dire que si on perd de 30, c’est normal, de 50 il y en a une vingtaine de trop. Mais perdre de 53 samedi, c’était presque OK vu notre match. On va se battre jusqu’au bout et on verra bien.
Romain Haas